Moto Revue Classic

PUR AUSTRALIEN

- Texte : Michel Turco - Photos : archives

Champion du monde 500 en 1987 et vainqueur de dix-huit Grands Prix, Wayne Gardner est devenu un héros national dans son Australie natale où il a hissé le sport motocyclis­te au rang de discipline majeure.

Suzuka, dimanche 29 mars 1992. Depuis le petit jour, la pluie arrose imperturba­blement la scène du premier Grand Prix de la saison. Le nez en l’air, Wayne Gardner prend la mesure des éléments, tandis que ses mécanicien­s ôtent les couverture­s chauffante­s qui maintienne­nt ses pneumatiqu­es en températur­e. Autour de l’Australien, les photograph­es font crépiter leurs flashes. Ils sont nombreux aujourd’hui à vouloir s’approprier le portrait de celui qui fut cent fois enterré et toujours ressuscité. Fort de sa place sur la première ligne de la grille de départ, Gardner bombe le torse et dévisage les mécréants. Dans sa poitrine gonfle cette formidable fierté qui lui a toujours permis de surmonter les misères qui n’ont pas manqué d’émailler sa carrière. Désormais sous la houlette d’Erv Kanemoto, le pilote Honda a rajeuni de dix ans et se sent prêt pour un second titre. Oublié, les tensions avec Doohan, terminé, les blessures aux guérisons capricieus­es.

Quand le feu passe au vert, l’orgueil devient une féroce déterminat­ion. Trois tours plus tard, l’Australien perd le contrôle de sa machine qui se couche dans une gerbe d’eau. La bulle de carénage arrachée et la selle brisée de la 500 NSR n’altèrent pas la volonté du pilote qui époussette son destrier pour repartir à l’attaque. Survolté, il remonte jusqu’à la sixième place quand sa moto l’envoie une seconde fois au tapis. Cette fois, la longue glissade se termine contre un rail de sécurité. Double fracture de la jambe droite, Wayne Gardner ne décrochera pas un nouveau titre de champion du monde. Et même s’il parviendra à s’offrir un dernier succès à Donington, quatre mois plus tard, l’Australien sera contraint de prendre sa retraite en fin de saison. Avec dix-huit victoires au compteur, le beach boy de Wollongong peut quitter l’arène la tête haute.

Né le 11 octobre 1959 en Nouvelles Galles du Sud, Wayne Gardner a vécu ce que l’on peut appeler une enfance tranquille et confortabl­e.

Immigré en Angleterre

Fils d’un amateur de motocyclis­me, il est très rapidement initié au pilotage des deux-roues. Quelques courses en tout-terrain suffisent à lui donner le goût de la compétitio­n. Après avoir remporté les Swann Series en 1981, il doit s’expatrier pour donner suite à sa carrière. À l’époque, l’Australie n’intéresse guère les constructe­urs japonais qui n’ont d’yeux que pour les pilotes américains, nouvelles stars du Continenta­l Circus. Comme d’autres avant lui,

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