Moto Revue Classic

LE ROULE-TOUJOURS

- Par Christian Batteux.

L'Atelier du Roule-Toujours redonne un 2e souffle à des BMW en mal d'entretien.

Dans une rue tranquille de Maisons-Alfort, à une portée de fusil de Paris, la petite équipe de L’Atelier du Roule-Toujours redonne un deuxième souffle à des BMW (mais pas que) en mal d’entretien.

C’est par une froide et grise matinée de février 2020 que nous avons retrouvé Antoine Barraud, le patron de L’Atelier du Roule-Toujours, pour faire le point avec lui sur une activité originelle­ment centrée sur les BMW et récemment élargie à d’autres marques, rentabilit­é oblige… Au tout début, L’Atelier du Roule-Toujours se consacrait uniquement aux machines marquées du sceau de l’usine de Munich, et traitait les modèles allant de 1970 à ceux qui avaient été commercial­isés récemment

(et plus précisémen­t ceux qui étaient sortis de la période de garantie). Aujourd’hui, la maison réceptionn­e toutes les marques. « Je pense qu’il y a moins de Béhème qui roulent et du coup, c’est aussi pour ça qu’on a dû élargir notre palette, nous dit le boss. Et même aux scooters, parce que ce serait comme ramer à l’envers de ne pas le faire. C’est d’ailleurs une erreur de communicat­ion de notre part : dans l’esprit des gens, L’Atelier du Roule-Toujours ne concerne que les vieux bouzins (sourire)… La clientèle vient surtout de Paris et de sa banlieue, pour ce qui concerne l’entretien, mais on a aussi des gens qui viennent de province, et qui nous apportent leur machine pour un entretien, voire une restaurati­on. Mais ce dernier cas de figure reste assez exceptionn­el. » Depuis la crise de 2008, la profession souffre. L’Atelier du RouleToujo­urs a une clientèle tampon qui lui assure un travail à peu près régulier. Mais après 2008, il y a eu 2013 et les annonces de restrictio­ns de circulatio­n dans Paris, et leur mise en place trois ans plus tard, période durant laquelle les gens n’ont plus trop investi dans l’entretien de leur moto, puisqu’ils se disaient qu’ils n’allaient plus pouvoir l’utiliser. « La moto a été mise dans le même sac que l’automobile sous prétexte qu’elle est très polluante, ce qui est faux. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Ça arrange pas mal de gens parce que de leur point de vue, le deux-roues au sens large du terme (motos, scooters, vélos

et même trottinett­es) est une vraie nuisance, ce que je peux comprendre, parce qu’il y a des comporteme­nts très, très nuls… Toujours est-il que si la frange des motos de plus de 30 ans roule, celle entre 10 et 30 ans a un peu diminué, il faut le reconnaîtr­e. L’Atelier du Roule-Toujours s’achemine vers ses 30 ans d’existence. Ce n’est pas facile, on est sur le fil, le chiffre d’affaires augmente… mais les sorties d’argent aussi (sourire). » Antoine Barraud manie l’ironie pour dédramatis­er les choses et affirme : « Nous, on est des “soutiers” de la mécanique, quelque part, on ne fait pas grand-chose de très intéressan­t, on n’a pas de fauteuils club pour accueillir les clients, on est vraiment des mécanos. On ne restaure pas des vieux flats pour les remettre au goût du jour ; on change plutôt un alternateu­r de R 1200 RT liquide, y en a partout, ça prend deux jours

(sourire), c’est un travail de forçat, pas super glamour, mais c’est ce qui nous occupe ici la majeure partie du temps. Disons qu’on maintient le parc en service. Car les concession­naires n’ont évidemment pas le temps de faire ce travail à grande échelle. Leur métier, c’est de vendre les motos, de les entretenir sur 2 ou 3 ans, pas de s’occuper des vieux véhicules. Ils sont obligés d’être rentables, il ne faut pas leur jeter la pierre. Chacun son boulot. On n’a pas de statut chez BMW, qui nous considère, je crois, comme des réparateur­s agréés : c’est ça, la case dans laquelle nous sommes rangés. Ils nous appellent “les pirates” et nous tolèrent. Un peu comme “un mal nécessaire” (sourire). » Antoine Barraud nous guide ensuite dans les cales du navire de L’Atelier du RouleToujo­urs et retourne vers ses outils et sa petite équipe de pirates sitôt que nous quittons les lieux. Concentrés et méticuleux, « les soutiers de la mécanique » redonnent un second souffle aux BMW et aux autres machines qu’ils ont prises en charge. Une tâche noble et un peu ingrate dont ils s’acquittent avec méthode et profession­nalisme.

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Antoine Barraud, le patron d’une affaire qui tourne au rythme du flat-twin depuis bientôt 30 ans.
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1- C’est peut-être pas glamour, comme dit Antoine, mais c’est du travail de pro. 2- L’outillage des « soutiers » de L’Atelier du Roule-Toujours. 3- Revue de candidates à la restaurati­on. 4- Un peu de déco sur le comptoir signée par un artiste sculpteur.

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