LÉGENDES MOTOCISTE
Jacky Terrillon, grand spécialiste des BMW anciennes, nous a ouvert ses portes.
Visite chez l’un des grands spécialistes de la BMW ancienne : Légendes Motociste. Une histoire de famille qui perdure depuis 25 ans.
Décidément, une zone industrielle restera toujours un truc un peu tout froid, un peu tout gris. Celle de Neuilly-sur-Marne n’y échappe pas. Pourtant, je m’y attarde avec le sourire car j’ai rendez-vous avec l’un des meilleurs spécialistes de BMW anciennes : mister Jacky Terrillon, boss de Légendes Motociste.
Et ça, ça vous ensoleille la matinée. D’ailleurs, le parking du célèbre bouclard illumine le quartier grâce à quelques bijoux sagement béquillés. Un éclair, rue des Frères Lumière, un signe. À l’intérieur, passé la petite entrée où une R69 S, une R16 et une K1 jouent aux starlettes, Jacky arpente ses 400 m2, un téléphone soudé à l’oreille répondant le plus précisément possible à la demande de chaque client. Les lunettes posées au bout du nez, il vérifie ici, l’état d’un stock là, le tarif d’une rondelle qu’il est le seul à pouvoir localiser de mémoire, sur le modèle concerné et dans les moindres recoins du magasin. Il lève un sourcil en m’apercevant, me salue, m’offre un café et repart de plus belle au fond du bouclard à la recherche d’une nouvelle pièce pour un nouveau client. Derrière le comptoir et devant son écran, Charly, le fils cadet, me sourit, compatissant. Visiblement le « Padre » (comme le surnomment affectueusement les deux fistons du boss, ndlr) est plutôt du genre « pas les deux pieds dans le même sabot » et n’a pas une minute à perdre. La remarque vaut aussi d’ailleurs pour eux. Pour Charly, qui s’occupe de la mise en place du site et de la vente en ligne
(pièces neuves et d’occasion) et Clovis, son frère aîné, basé dans l’atelier, les BMW et autres Moto Guzzi n’ont plus aucun secret. Jacky étant occupé avec un client venu récupérer ses pièces, Charly me fait faire le tour de la boutique avant que le boss ne se pose pour de bon devant moi avec un large sourire.
Ça commence le 1er avril 1995 avec des anciens de mon autre société « Moto Village ». Jean-Frédéric Dutech, Jean-Michel Denis et moi-même. On est parti sur les BMW parce qu’on avait toujours roulé avec et, en plus, en 1998, on est devenu concessionnaire Moto Guzzi. À cette époque, Légendes était basé à Sannois dans le 95. un BPS pour être chef d’atelier. Il est arrivé avec nous à l’âge de 22 ou 23 ans lorsqu’il a fallu remplacer Fred parti en retraite. Je ne lui avais même pas proposé le poste. Bosser avec moi à Légendes, ça vient de lui. Et ça fait plus de 10 ans maintenant. Charly, lui, est plus jeune. Il est parti en Australie, revenu, a fini un BTS de cinéma chez nous. Après ça, il est entré chez BMW à Noisy-le-Sec pour deux ans et est finalement arrivé chez Légendes pour mettre en place toute l’activité vente en ligne, pièces neuves et d’occasion.
Très vite, je m’en suis procuré une quand j’ai eu 20 ans. Je vois que c’est pratique, facile d’entretien et que ça roule sans trop de soucis. Dans les années 70, les motos qui ne font pas chier, après les japonaises, ce sont souvent les BM. Et c’est économique aussi. Comme c’était la moto des flics, tu en trouvais facilement pour pas cher. Moi, je n’ai jamais acheté une moto neuve de ma vie. Mais des BM d’occase, ça, oui !
et maintenant, on est plutôt sur des machines standard. Moi, j’ai un petit clan de mecs de 30/35 ans qui se remettent à rouler avec des vieilles BM 100 % d’origine. Et puis, il y a aussi la dernière tendance trail. On voit beaucoup de GS. Des anciennes, des modernes, de tout, même si ce n’est pas très pratique, surtout avec une Adventure, pour aller en ville. C’est un peu large et un peu haut, non ?...
La Série 5 date de 1970. Moi, je trouve que la T5 ressemble plus à ce qu’on appelle les « jubilés », ces BMW à petit réservoir. Et là, c’est plutôt 1972. Mais, pour l’une comme l’autre, ça va commencer à être compliqué d’en trouver en bon état.
Notre fil conducteur reste les BMW routières de 1960 à nos jours mais de temps en temps, on fait des écarts et on colle un peu au marché. Des gros trails, des RT, etc. Des 80 G/S par exemple, pour en revenir aux anciennes, on en a fait deux ou trois. Quand j’ai ce genre de demandes, j’appelle mes amis en Allemagne, on achète des bases de moto moins usées qu’en France. Un : c’est plus facile de les trouver là-bas. Deux : les vendeurs sont moins exigeants et s’ils le sont, la moto est en meilleur état. À partir de là, on réalise le projet du client. Mais notre fil conducteur, c’est plutôt le gars qui roule tous les jours.
Ah oui, c’est de la collection et les budgets peuvent aller de 50000 à 100000 € pour ce genre de machines…
CLOVIS BOSSE AVEC MOI DEPUIS 10 ANS MAINTENANT
La R63 que j’avais encore il y a peu ici, c’est un dialogue qui a duré 3 ans avec son propriétaire. Faut être stakhanoviste, sinon tu n’as jamais la moto en question. Ces motos-là, quand elles sont d’origine, il faut que le propriétaire veuille bien te les vendre. Et ce n’est pas une question d’argent. Il faut que tu lui plaises. Sinon ça passe par des enchères et là, c’est un autre monde…
Pas du tout. J’étais dans l’électronique et éducateur après ça. Je bricolais mes motos, comme on le faisait tous à l’époque. Et puis, j’ai eu un mentor, Mr. Claude Driancourt qui m’a tout appris sur BMW. C’est comme ça que ça a débuté. J’avais acheté une vieille Série 5 que j’avais dû payer 500 F à l’époque. Après, j’en ai beaucoup utilisé. Et ma 69 S, je l’ai depuis 38 ans. Mais je l’ai posée sur un pont après l’avoir restaurée il n’y a pas si longtemps et je ne l’ai toujours pas redescendue depuis.