Moto Revue Classic

NATIONALE 2020

- Christophe Gaime

L’année 2020 s’achève comme elle a commencé, en confinemen­t. Ou presque. En ce mois de décembre, j’ai le droit de m’éloigner à 20 kilomètres. Le ciel se couvre et comme disait Baudelaire : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle… » Mais loin de me décourager, ces vers m’ont incité à promener mon spleen sur la Nationale 20. Ça commence Porte d’Orléans, à Montrouge précisémen­t, là où les Monneret,

Lala et, avant eux, René Gillet avaient pignon sur rue. Aujourd’hui, les ateliers ont été remplacés par des immeubles de verre. Le Grand Paris se déploie.

Alors j’ai accéléré et j’ai doublé une Honda XLR 600. Je me suis souvenu des participan­ts du Paris-Dakar des années 80 qui rejoignaie­nt Sète sur leurs montures en empruntant cet axe. Plus au sud, j’ai découvert de gigantesqu­es concession­s de part et d’autre de la N20 qui s’est transformé­e en « quatre voies ». Un peu plus loin, à Montlhéry, je suis monté voir l’anneau majestueux, colosse aux pieds d’argile qui va bientôt fêter ses 100 ans. Encore quelques kilomètres, et je suis arrivé à Arpajon. J’ai songé à Philippe Roussel, patron de Racing Motorcycle, successeur d’Henri Mignot dont on parle dans ce numéro.

Arpajon, c’est là aussi que dans les années 20, les pilotes anglais battaient des records de vitesse à plus de 200. Aujourd’hui, au même endroit, un radar sanctionne ceux qui dépassent les 70 km/h. Tout à côté, à Saint-Germain-lèsArpajon, je suis passé par le quartier de la Petite Folie. Qui se souvient qu’ici même, dans les années 50, sur un terrain de motocross, des pilotes de renom faisaient le spectacle tous les dimanches ? Dans les bois environnan­ts, je n’ai aperçu qu’une belle et longue dame brune qui regardait amoureusem­ent son fils rouler sur une bruyante mini-moto. Elle s’est tournée vers moi et son regard bleu azur m’a transpercé. Le ciel est alors devenu plus clément et « Marie » d’Alfred de Musset m’a fait oublier le « Spleen » de Baudelaire.

Bientôt, 2020 disparaîtr­a mais je reviendrai à Saint-Germain par la Nationale 20.

 ??  ?? Arpajon, 1924. Sur la Nationale 20, l’Anglais Bert Le Vack bat le record du monde de vitesse à 191,590 km/h sur sa Brough Superior SS100 à moteur Jap.
Arpajon, 1924. Sur la Nationale 20, l’Anglais Bert Le Vack bat le record du monde de vitesse à 191,590 km/h sur sa Brough Superior SS100 à moteur Jap.

Newspapers in French

Newspapers from France