Moto Revue Classic

JONATHAN REA

- Par Eric Johnson. Traduction Élodie Frioux. Photos Gold and Goose et Kawasaki.

Pourquoi l'Anglais est-il irrésistib­le depuis cinq saisons en WSBK ? Réponse collégiale.

Un mois avant le lever de rideau sur la saison 2020, nous avions rencontré les responsabl­es du Kawasaki Racing Team (KRT) et leurs pilotes officiels, Jonathan Rea et Alex Lowes. Une façon d’entrer dans les coulisses d’un team champion du monde Superbike depuis cinq ans maintenant.

Il y a huit ans, nous avons commencé à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de Kawasaki Motors Europe (KME). Au Japon, le siège nous avait alors confié comme mission de gagner en WSBK. Nous avions les rênes du projet officiel en collaborat­ion avec KHI et le team », explique Steve Guttridge, directeur des courses chez KME. « Nous avons engagé Provec Racing pour la saison 2012 et avons pu compter sur le soutien important d’une petite, mais très talentueus­e équipe d’ingénieurs KHI au Japon. Dès le début, ils se sont attachés à faire de la Ninja ZX-10RR une machine de course susceptibl­e de répondre aux attentes de nos pilotes. En 2013, nous avons remporté le titre avec Tom Sykes et l’avons manqué de peu l’année suivante, avant de reprendre la main pour cinq années consécutiv­es avec Jonathan Rea. Un rêve devenu réalité. Nous y avons cru et atteint notre but ensemble, en équipe. » Avant de donner le micro au manager du team KRT, Guim Roda, Guttridge ajoute : « Nous avons hâte de voir ce que le futur nous réserve. Bien sûr, Kawasaki sera derrière le team à 100 % pour leur fournir tout ce qui sera nécessaire pour permettre à Alex et Jonathan de se battre une fois encore pour le titre en 2020. » On connaît la suite… Ce soir-là, Roda balaie la salle des yeux et lance : « C’est un travail très difficile qui nous attend ces prochains mois, car les attentes sont très élevées.

La victoire est le résultat d’un travail bien fait. Pour cela, il est très important d’être dans un bon environnem­ent, c’est ainsi que l’on tire le meilleur de chacun. Nous voulons continuer à écrire l’histoire du championna­t du monde Superbike avec Jonathan Rea et Alex Lowes. » Jonathan Rea, tout droit revenu de Ballynure, en Irlande du Nord, se fendait à son tour d’un petit couplet devant une assemblée acquise à sa cause : « Participer à des courses et les remporter, c’est une raison de se lever le matin. Aujourd’hui, nous sommes champions de monde, et pour 2020, il n’y a que deux possibilit­és : soit on garde le titre, soit on le perd. La deuxième n’étant pas envisageab­le, on va travailler pour défendre notre place.

C’est un sport mécanique où l’homme fait encore la différence. On a la chance de travailler dans l’une des meilleures équipes, on est entouré de personnes formidable­s et je ne parle pas uniquement du chef mécanicien, des mécanicien­s et de l’ingénieur électroniq­ue, mais de chaque personne impliquée dans le projet. Ils sont là pour faire un boulot, et sont derrière nous quoi qu’il arrive. On travaille dans une atmosphère exceptionn­elle. C’est le meilleur team où j’ai eu la chance d’être et où la dynamique est aussi bonne. » Plus tard dans la même soirée, Biel Roda – directeur de la communicat­ion, du marketing et cofondateu­r de Provec Racing avant que Kawa ne confie ses intérêts en WSBK à la structure espagnole –, revenait sur la saison WSBK 2019 remportée pour la cinquième fois consécutiv­e par son team, Jonathan Rea et la Ninja ZX-10RR. « Il serait difficile de dire quelle a été la clé du succès, comme vous le savez, c’est un mélange de beaucoup de choses. Avec Jonathan, on a le pilote le plus talentueux du plateau. Il donne tout et ça a un effet direct sur tout le team. Ensemble, avec Pere Riba, le chef mécanicien, mon frère et moi, nous gérons l’équipe en essayant d’offrir les meilleures conditions à tous ces jeunes gens qui travaillen­t avec nous. De plus, nous avons une moto exceptionn­elle, explique Roda. Construite sur une bonne base, fiable, elle n’est peut-être pas la meilleure en termes de freinage ou de puissance pure et elle n’est peut-être pas à la pointe de la technologi­e, mais elle est suffisamme­nt bonne partout. Les freins sont bons, la puissance aussi et nous avons un cadre solide, c’est un bon package. Et là-dessus, nous laissons Johnny faire ce qu’il fait le mieux. C’est tout. Kawasaki n’est pas la seule usine à être très impliquée dans le championna­t. BMW dispose d’un très gros budget. Ils ont débloqué beaucoup de ressources et peuvent compter sur de très bons pilotes. Yamaha a aussi beaucoup investi. Tout comme Honda qui, bien que nouveau dans cette compétitio­n, est arrivé armé jusqu’aux dents. Ils avaient de nombreux ingénieurs dans leur garage et une nouvelle moto dotée d’une formidable technologi­e. Enfin, il y a Ducati, pour qui le WSBK est une priorité depuis de nombreuses années. Ils ont signé de très bons pilotes et leur nouvelle moto possède une puissance extraordin­aire,

DEUX POSSIBILIT­ÉS : SOIT ON GARDE LE TITRE, SOIT ON LE PERD. LA DEUXIÈME N’EST PAS ENVISAGEAB­LE J. REA

sur la base d’une MotoGP 2018. Toutes ces usines investisse­nt dans ce championna­t. Jusqu’à maintenant, nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu et à rester numéro un. Nous sommes sur une bonne lancée et nous avons Jonathan, qui fait de l’excellent boulot, tout comme Alex d’ailleurs. Bien sûr, un jour ou l’autre, nous perdrons, mais en attendant que cela arrive, nous restons très motivés. » L’harmonie et l’esprit d’équipe sont deux constantes primordial­es du KRT. En d’autres termes, chaque personne impliquée – pilotes, technicien­s, mécanicien­s, responsabl­es du team et représenta­nts de l’usine –, tous sont sur la même longueur d’onde.

Une sorte de communion qui les pousse à atteindre des sommets. « La formation du team est exactement la même qu’il y a six ans, lorsque Johnny est arrivé dans le team en 2015, enchaîne Roda.

On s’entend tous très bien.

Et pas seulement sur les circuits. Les gars et les mécanicien­s passent beaucoup de temps ensemble en dehors des week-ends de course. Johnny continue d’ailleurs de venir ici pour faire du motocross avec tout le monde. Les mécanicien­s forment sa seconde famille. En temps normal, un team travaille, le pilote sort en piste et fait de son mieux pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Johnny roule non seulement pour lui, mais aussi pour le team tout entier. Ou plutôt pour chacun de ses membres. Je pense que cela lui donne une motivation supplément­aire pour se dépasser. Selon moi, c’est l’une des raisons de notre succès. » L’implicatio­n de Steve

Guttridge n’a pas seulement été de pair avec la progressio­n et le succès du programme

KRT, l’homme a aussi pesé lourd dans le choix de Jonathan Rea, à la veille de la saison WSBK 2015. « Je me souviens très bien de notre rendez-vous secret, reprend

Guttridge, lorsqu’il a signé dans ma chambre d’hôtel à Jerez fin 2014, et de son arrivée à Phillip Island pour la première course du championna­t en 2015, où nous l’avons aidé à s’intégrer au team ! C’était bien sûr complèteme­nt inutile. Dès ses premiers tours de roues, il était là pour la gagne ! Les titres ont suivi, année après année. Ce qui rend le KRT aussi fort ? Je dirais l’attention du détail. Ils savent ce qu’il faut faire pour préparer une course. L’approche de Johnny a été de se mettre très vite au travail avec ses mécanicien­s de façon très positive. Leurs efforts se reflètent dans les siens. Sa victoire, c’est leur victoire. C’est une façon ultra-gratifiant­e de travailler ensemble. Le team est organisé et cherche toujours à s’améliorer des expérience­s passées, bonnes ou mauvaises. Toutes les informatio­ns récupérées grâce aux pilotes sont

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Kev Havenhand, son aide de camp, à gauche, est, depuis son passage chez Kawasaki, en 2015, le maître absolu de la discipline. 2- En cinq ans, il a en effet soulevé les bras à de nombreuses reprises.
À tel point qu’il s’apprête à passer le cap des cent victoires en Mondial SBK. Incroyable ! 1
1- Jonathan Rea, avec Kev Havenhand, son aide de camp, à gauche, est, depuis son passage chez Kawasaki, en 2015, le maître absolu de la discipline. 2- En cinq ans, il a en effet soulevé les bras à de nombreuses reprises. À tel point qu’il s’apprête à passer le cap des cent victoires en Mondial SBK. Incroyable ! 1
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1- Rea avec son clan, cette année, sur la grille de départ à Portimao. On aperçoit Fabien Foret, qui tient le parapluie. Le champion du monde Supersport 2002 conseille le Britanniqu­e depuis plusieurs saisons maintenant et fait partie des rouages essentiels de sa réussite. 2. Au terme d’une nouvelle victoire à Aragon, Rea accentue son avance sur Redding au championna­t pour filer tout doucement vers un sixième titre de champion du monde d’affilée. 2
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3- Le style de Johnny s’est parfaiteme­nt adapté à la ZX-10RR, comme on peut le voir sur cette image, prise lors des essais post-confinemen­t, à Barcelone, à quelques centaines de mètre des bureaux de Provec Racing, la structure qui engage les Kawasaki officielle­s en SBK. 4- Rea échange avec Davide Gentile, qui s’occupe de toute la partie télémétrie. 4

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