COMME L’AS DE PIQUE
Au tarot, l’as de pique est plutôt un mauvais présage. Pourtant, cette SWM 500 Ace of Spades, relooking bienvenu de la 440 Gran Milano, tire son épingle du jeu.
La première fois que j’ai entendu parler de SWM, c’est lorsque Charles Coutard, multiple champion de France de trial, a signé un contrat pour rouler sur la marque italienne. On était en 1978 et ainsi, après tant d’années passées sur Bultaco, le Lyonnais changeait de crémerie. Il fallait oser car cette jeune marque créée en 1971 s’était jusqu’alors uniquement consacrée à l’enduro, non sans succès il est vrai. Les victoires en trial n’allaient pas tarder avec, en point d’orgue, un titre mondial en 1981 avec un autre pilote français, Gilles Burgat. Mais l’histoire de la marque lombarde fut aussi éphémère que glorieuse. Trois ans après ce titre
(et bien d’autres en enduro), SWM mettait la clef sous la porte. Ces treize années d’activité ont pourtant suffi à marquer les esprits et faire de ces trois lettres un symbole d’excellence. Au même titre que KTM ou HVA, les marques rivales de l’époque qui, aujourd’hui, sont réunies au sein du même groupe et qui n’ont jamais cessé d’être produites. Pour revoir une machine estampillée SWM, il a fallu attendre le Salon de Milan 2014. Trente ans après la cessation d’activité, on pouvait découvrir, autour de modèles purement enduro, deux machines de route néo-classiques, les Gran Milano et Silver
Vase, soit une café racer et une scrambler, toutes deux animées par un monocylindre 450 cm3.
Une vieille connaissance que ce moteur puisqu’il s’agit ni plus ni moins de la copie du Honda XR 400 que l’on retrouve dans la Mash Five Hundred. Notez que sur la SWM, le moteur gagne 50 cm3 et les chevaux qui vont avec. Si le retour de SWM a été orchestré par l’ingénieur italien Ampelio Macchi, le grand argentier n’est autre que le groupe Shineray, fabricant chinois d’automobiles et de motos, dont certaines Mash.
Triste monochromie
Cinq ans après, la Gran Milano et son esthétique douteuse ont disparu du catalogue. Il faut avouer aussi que le café racer est moins à la mode. Nous voilà donc en présence de la 500 Ace of Spades
(as de pique, on se demande bien pourquoi), une jolie machine affublée d’un réservoir rondouillard et d’une selle biplace plus classique. En revanche, concernant le coloris, c’est nettement moins recherché puisque notre SWM est entièrement repeinte en noir mat. La fourche est toujours inversée et multiréglable, tout comme les amortisseurs arrière montés sur un gros bras oscillant. On retrouve aussi l’étrier Brembo monté radialement et les beaux échappements relevés en inox. Avec les petits gardeboue métalliques, et malgré les gros pneus Pirelli Scorpion Rally, l’ensemble est harmonieux, mais ce qui frappe au premier abord, c’est la petite taille de cette 500, à peine plus grosse qu’une 125 ! Pour s’en convaincre, il suffit de monter dessus. Même un
(ou une) pilote de petite taille se sentira à l’aise.
Les accessoires semblent de bonne qualité, à l’instar du grand guidon à section variable. En fait, cette machine joue sur deux tableaux : le néo-rétro avec sa ligne classique, ses deux amortisseurs et son moteur à air, mais aussi le high-tech avec sa fourche, ses roues de 17 pouces et ses accessoires modernes. Un peu comme ces préparations japonaises sur base de Kawa Z 900, toutes proportions gardées, bien sûr. Allez, en route, la capitale nous tend les bras, car, à n’en pas douter, une moto de ce gabarit est taillée pour la ville. Petit coup de démarreur (le gromono a perdu son kick), et c’est parti ! Premier bon point : le son qui sort des échappements est plutôt joli, ni trop étouffé, ni trop envahissant.
SWM A COMPRIS QU’IL FALLAIT REDESSINER LA GRAN MILANO…
Les accélérations sont franches, et en tout cas plus vives que sur une Mash Five Hundred. Les cinq rapports se passent sans problème et l’étagement est plutôt bien pensé. Comme je le pressentais, se faufiler entre les files de voitures est un vrai bonheur avec cette petite machine, qui plus est légère et maniable. Si je devais chipoter, je dirais que le rayon de braquage aurait pu être encore plus court, comme sur les motos de trial de la marque.
Trial ou trail-bike ?
Blague à part, si on n’est pas en présence d’une moto de trial, on se rapproche d’un « trail » comme disent mes confrères « modernes ». Sauf que lorsque ces derniers utilisent l’abréviation de trail-bike, c’est pour évoquer ces 1 000 bicylindres éléphantesques qui n’ont plus qu’un lointain rapport avec les versions originales animées par des monocylindres. En fait, la SWM Ace of Spades pourrait être un hybride entre une Yamaha, au hasard la XT 500, pour sa partiecycle, et une Honda pour son moteur. Je continue ma balade en dehors de
Paris en passant par la porte d’Orléans, un petit coup d’autoroute pour juger de l’allonge du gromono qui s’avère suffisante. On sent bien cependant que la SWM est moins à l’aise sur les 4 voies. Ça tombe bien, me voilà sur la Nationale 20, comme les participants du Rallye Paris-Dakar de l’époque, sauf qu’avant Montlhéry, je bifurque sur la droite en direction de Marcoussis, haut lieu du trial français et international, à une époque où SWM n’existait même pas. Sur les petites départementales sinueuses de l’Essonne, l’Ace of Spades s’en sort à merveille. Devant moi, un type en « grosse cylindrée » est tout surpris de me voir coller
AVEC CE GENRE DE MOTOS, ON SE FAIT PLAISIR POUR PAS CHER. TANT MIEUX
à ses basques, lui qui pensait avoir affaire à une 125. La tenue de route est excellente, les pneus accrochent suffisamment malgré leurs gros pavés, et le freinage est toujours très efficace. Je m’accorde une petite pause avant de retourner dans les embouteillages parisiens, histoire de trouver des défauts à cette sino-italienne, car à 5 590 €, elle est plutôt bien placée par rapport à la concurrence. Les marquages de réservoir font plus penser à des autocollants « Feu Vert » qu’à de vrais monogrammes, sans parler des marquages latéraux qui ont déjà tendance à vouloir se faire la malle. Autre détail, les reposepieds se déplient tout seul sous l’effet des vibrations. Si vous n’étiez pas encore convaincu, la SWM 500 confirme que l’on peut vraiment s’amuser (en plus de se déplacer) avec une petite moto pas trop chère. Mais « pas cher » ne signifie pas forcément au rabais, les équipements de la SWM (suspensions, roues, freins) le prouvent. Certains me diront qu’ils doutent encore de la qualité des fabrications chinoises. À l’origine, un moteur de Honda
XR 400 développait plus de 34 chevaux à 7 500 tr/min alors que cette version 450 est donnée pour 30 chevaux à 500 tours de moins. Et si ça ne vous suffit, sachez que cette moto est garantie deux ans, pièces et main-d’oeuvre, pour un kilométrage illimité par l’importateur français. www.swm-motos.fr