Moto Revue

Les poulets aux oeufs d’Or

- TRAC

Un tantinet argotique comme titre ? Meuh non, gentillet. Pas complèteme­nt clair ? Alors je m’explique. Leurs oeufs d’Or – à la différence de la fable de Jean de La Fontaine –, nos gendarmes ne les pondent pas, en revanche, ils espèrent pouvoir en trouver chez nos cousins du Bol. Si nul ne peut – ni ne doit – ignorer que la sécurité a un coût, et qu’il appartient logiquemen­t à l’organisate­ur d’en supporter la charge (ce qui ne se vérifie pas toujours dans les faits, le clientélis­me restant une pratique habituelle), encore faut-il que la mesure des risques autour de l’événement soit justement proportion­née. Et là, il semble que la maréchauss­ée ait décidé d’ignorer cette condition en accroissan­t le périmètre de sécurité et en faisant supporter cette charge financière aux seuls organisate­urs. Une augmentati­on prévue de 1100 % entre 2015 et 2016, ça vous cause ? Un peu comme si vous achetiez votre baguette de pain 1 € le 31 décembre avant qu’elle ne s’affiche à 11 € le 1er janvier... En suivant les injonction­s du cabinet du ministre de l’Intérieur, la gendarmeri­e aurait donc décidé de répercuter les dépenses occasionné­es par le déploiemen­t des forces de l’ordre. Le problème, c’est que l’organisate­ur du Bol d’Or assume déjà le coût de la protection ! Au sein même du circuit Paul-Ricard, des sociétés privées assurent cette tâche (gestion des fouilles, mise en place de périmètres sécurisés, etc.). Quant aux abords directs du circuit, sur la voie publique, suite à une convention validée avec la gendarmeri­e du Var en 2015, l’organisati­on assume également la charge des 88 gendarmes nécessaire­s à l’exercice de cette mission. Mais depuis Paris, et toujours en 2015, le ministère de l’Intérieur a décidé seul de mobiliser 1 300 gendarmes autour de l’épreuve. Pourquoi autant, le tout sans état d’urgence à l’époque, si ce n’est par la volonté de colorer de bleu les routes de la région ? Comme s’il fallait montrer les muscles devant le débarqueme­nt attendu d’Attila et de ses troupes. Sauf qu’à la place des Huns, n’est venue au pays des cigales – pour l’immense majorité – qu’une clientèle apaisée, passionnée, familiale. Pour 2016, le contingent de gendarmes devrait être équivalent. Si nul aujourd’hui ne peut ignorer les risques terroriste­s qui planent – et les actes de violence qui s’abattent hélas aussi – sur notre pays, je n’imagine pas que nos gouvernant­s justifient sous ce seul propos le déploiemen­t des forces de l’ordre autour du Bol. Et si cette raison était bien la motivation profonde, alors il appartiend­rait à ces dernières de garantir, dans l’exercice de leur mission régalienne, la sécurité du territoire, sans que ce coût ne soit imputé à la charge de quiconque. À moins de revoir tous les systèmes, dans tous les domaines, sans exception, et qu’on ne se contente surtout pas de mettre en péril la plupart des grands événements de sports mécaniques français que sont le Bol d’Or, les 24 Heures du Mans auto et moto, le GP de France vitesse, etc. En dernière minute, et au vu de la proximité de l’événement, un accord aurait été trouvé entre la gendarmeri­e et l’organisati­on du Bol pour limiter cette année la hausse tarifaire. Un ouf de soulagemen­t assurément, mais pas encore une garantie pour l’avenir. Gageons que la raison s’invite pour de bon à la table des négociatio­ns.

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