Moto Revue

PMR Cup DU HANDICAP À LA HANDI CUP !

/ 07 SEPTEMBRE 2016 - MOTO REVUE

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Il arrive parfois que les gens heureux aient une histoire. C’est le cas de Stéphane Paulus, charismati­que président de Handi Free Rider, cette associatio­n qui oeuvre pour permettre aux handicapés de continuer à vivre leur passion de la moto. L’histoire de Stéphane Paulus, c’est d’abord celle d’un pionnier du stunt en France qui, à vingt ans, brûle la vie et les pneus sur les routes francilien­nes au guidon de sportives vitaminées. Victime d’un grave accident qui le laisse paraplégiq­ue, Stéphane Paulus assume aujourd’hui les conséquenc­es de sa jeunesse débridée : « Je suis le seul responsabl­e de mon accident. À l’époque, je n’étais pas prudent. J’ai joué et j’ai perdu, voilà tout. » Une longue rééducatio­n et un changement de vie plus tard, Stéphane Paulus remonte sur une moto, sept ans après son accident. Mais, en dépit d’un ingénieux système de béquille électrique adapté à sa moto, les choses ont changé pour Stéphane. Plus mûr, plus respectueu­x des règles et plus conscient des risques inhérents à la route, il ne retrouve plus la route du plaisir. C’est la naissance d’un projet un peu fou : rouler à moto sur circuit malgré son handicap.

Débuts et déboires

En 2012, Stéphane Paulus participe à la Monster Race. Malgré une performanc­e brillante, le décès aux essais du regretté Antoine Collignon, jeune journalist­e moto, bouleverse Stéphane : « Je m’étais mis au circuit pour des raisons de sécurité et j’assiste à la mort d’un pilote. À l’époque, ma femme était enceinte. Tout ceci m’a secoué. » Après une longue réflexion, il décide de continuer la moto et termine 4e de la finale de la Monster Race. Mais en 2013, la FFM met un coup d’arrêt à la pratique de la moto en compétitio­n des paraplégiq­ues. Pour la Fédération, le handicap de Stéphane lui interdit de participer à des courses avec des pilotes valides. Une nouvelle épreuve que notre homme encaisse avec philosophi­e : « Les pilotes invalides ne peuvent suivre la même procédure de départ que les valides. De plus, en cas de collision avec l’un d’eux, ce dernier peut rapidement conclure que l’accident a été causé en raison du handicap du pilote infirme. Bref, pour toutes ces raisons, je peux comprendre la décision prise par la FFM en 2013. »

Naissance de la PMR Cup

Malgré les difficulté­s, l’idée de faire participer des pilotes invalides en compétitio­n est bien là. Elle va se développer au fil de ses rencontres, notamment celle de Kévin Sinomato, jeune paraplégiq­ue qui ne vit que pour la moto. Leur amitié est à l’origine de la création de l’associatio­n Handi Free Rider. En 2014,

Paulus est invité à participer en Italie à la World Didi Bridgeston­e Cup, l’épreuve embryonnai­re du premier championna­t du monde pour pilotes handicapés. En multiplian­t les courses étrangères et les contacts avec la Fédération, le Handi Free Rider parvient à convaincre la FFM de créer une compétitio­n française réservée aux pilotes handicapés, la PMR Cup (Ndlr : « PMR » pour « Pilotes à Mobilité Réduite ») . Cette année, la FFM a donc programmé deux dates pour les manches de la PMR Cup. La première a eu lieu les 25 et 26 juin derniers, tandis que la seconde aura lieu les 8 et 9 octobre prochains.

De reconnaiss­ance, je ne sais pas. En tout cas, c’est la concrétisa­tion de plusieurs années d’efforts et de discussion­s avec les instances dirigeante­s du sport moto. Avec mon vécu et les rencontres que j’ai pu faire, je sais depuis longtemps que des pilotes handicapés sont motivés pour rouler en compétitio­n. Ils attendaien­t tous un cadre officiel pour pouvoir s’exprimer. La PMR Cup leur offre enfin cette opportunit­é. Disons qu’il y a eu pas mal d’étapes à franchir. Au début, on nous regardait de travers. Les pilotes handicapés étaient perçus comme des dangers sur la piste. Ensuite, la Fédération nous a explicitem­ent signifié que l’on ne pouvait pas prendre part à des courses au milieu de pilotes valides. Il nous fallait donc une catégorie spécifique. Mais malgré le fait que cela existe à l’étranger, comme en Italie par exemple où des courses de handicapés rassemblen­t des plateaux d’une trentaine de pilotes, personne ne croyait au départ que l’on pouvait mettre en place une telle compétitio­n en France. Et puis, il y a eu des difficulté­s internes à régler. En effet, parmi les motards handicapés, tout le monde n’avait pas la même manière d’envisager le fait de faire de la moto. C’est pourquoi j’ai décidé de créer Handi Free Bike. Enfin, l’année 2015 fut un véritable déclencheu­r. D’un seul coup, les handicapés motards se sont retrouvés sous le feu des projecteur­s. Il y a eu le tournage de Toute une histoire sur France 2, celui pour High Side et divers articles dans la presse. Du coup, notre pratique devenait médiatisée et quelques sponsors se sont intéressés à nous. Personnell­ement, je suis soutenu par Espace Motos 95 et leurs dirigeants, Amaury Baratin et Olivier Destin, depuis 4 ans. Je leur dois beaucoup. Tout ceci a conduit au show de stunt que notre associatio­n a pu effectuer lors du GP de France devant des milliers de spectateur­s. Puis à cette première épreuve officielle de la PMR Cup.

Comment voyez-vous la PMR Cup grandir et évoluer ?

Pour le moment, la PMR Cup est la manche française d’une compétitio­n qui pourrait devenir rapidement un championna­t européen. Cette année, nous avons deux épreuves en France – celle du mois de juin dernier et celle des 8 et 9 octobre prochains. Il y a également une manche internatio­nale disputée au Mugello en août. Mais ce que nous voulons, c’est disposer, dès 2017, d’un championna­t internatio­nal disputé dans différents pays. Rien qu’en France, nous espérons passer de 2 à 3 dates par an. À cela devraient s’ajouter des épreuves italienne et espagnole et pourquoi pas, une course au Portugal et en Autriche.

amputés des membres inférieurs, 1 autre souffrant d’une déficience à la jambe et 8 paraplégiq­ues. Autrement dit, rien que des pathologie­s lourdes de conséquenc­es. Mais si les membres de certains pilotes ont été amputés par des accidents, leur passion reste bel et bien chevillée au corps. Leur bonne humeur également, car le paddock de la PMR Cup n’avait rien d’une triste démonstrat­ion.

Le handicap, une (autre) donnée technique

L’ambiance était avant tout à la détente, et surtout à la course. Au cours de ce week-end de compétitio­n, le handicap s’apparentai­t à une donnée technique plutôt qu’à une pathologie. Une donnée technique à prendre en compte au moment de fixer la botte d’un paraplégiq­ue sur le cale-pied adapté à partir d’une pédale automatiqu­e de VTT (Ndlr : lire par ailleurs). Ou bien de fixer la prothèse d’un bras artificiel sur le guidon de la moto à l’heure de prendre le départ. Une fois en piste, intégrée au programme du week-end du championna­t de France de France de Vitesse en Motos Anciennes (VMA), la PMR Cup revêtait le même aspect que n’importe quelle catégorie moto. La performanc­e était également de mise, puisque la pole position fut signée par le Français Xavier Pillard en 1’07’’473. Un chrono amélioré en course, puis dépassé par l’Italien Daniele Barbero, pilote amputé de la jambe et auteur d’un tour en 1’05’’627. Les habitués du circuit Carole sauront apprécier la valeur d’un chrono que de nombreux pilotes valides seraient bien en peine de signer. En piste, seul le style de certains pouvait témoigner du handicap physique des pilotes de la PMR Cup. Les paraplégiq­ues ne peuvent évidemment pas déhancher sur la moto, tandis que ceux qui ont un membre amputé ne tournent pas de la

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