Moto Revue

« Le risque d’inassurabi­lité existe, c’est l’épée de Damoclès qui plane au-dessus du sport moto »

/ 02 NOVEMBRE 2016 - MOTO REVUE

-

posé et calme. Ça m’a fait réfléchir, je ne le nierai pas, mais au fond, j’estime que si ce sport fait s’épanouir des gens malgré les risques qu’ils prennent, c’est important. Et je n’ai pas envie de vivre dans une société qui devienne totalement fade, aseptisée, stérilisée. Nous avons récemment déjeuné avec Stéphane Paulus (Ndlr : président de l’associatio­n Handi Free Rider,qui permet aux handicapés de continuer à pratiquer la moto, y compris en compétitio­n) et son vice-président ; ce dernier, paraplégiq­ue à 24 ans, nous disait que la moto lui avait redonné goût à la vie... Près de 100 000 personnes sont licenciées à la FFM, enfin, je précise que lorsque je dis 100 000, je fais référence au nombre de titres. Ce qui rassemble les licences à l’année, les licences à la journée et les Pass circuit (délivrés à la journée, uniquement pour l’entraîneme­nt). En 2015, il y avait 91 000 licenciés, et ça progresse régulièrem­ent, d’où un chiffre aujourd’hui proche de 100 000. Sur 75 ou 80 fédération­s délégatair­es comme nous, on est entre la 28e et la 30e position en nombre de licenciés. Je dirais que si la France récolte de nombreux succès importants en tout-terrain (trois victoires au Motocross des Nations de 2014 à 2016, Romain Febvre, champion du monde MXGP en 2015) aussi bien qu’en vitesse (Johann Zarco, champion du monde Moto2 en 2015, Sylvain Guintoli, champion du monde Superbike en 2014, les razzias tricolores en endurance avec l’équipe du SERT, etc.), le plus important reste, quoi qu’on en dise, la catégorie MotoGP. Si un pilote français pouvait briller en MotoGP, si nous avions un Rossi ou un Marquez en version bleu-blanc-rouge, je ne dis pas que ça révolution­nerait tout, mais je crois que ça pourrait changer un certain nombre de choses ; ça nous aiderait bien pour porter nos messages en tout cas. C’est en partie un accord financier, car je considère que nous avons intérêt à être exposés au plus haut niveau. Un garçon comme Louis Rossi, avant le début de cette saison 2016, est cependant venu me voir pour me dire qu’il n’avait plus besoin de l’aide que nous avons pu lui apporter mais qu’il continuera­it à les porter gratuiteme­nt. Johann Zarco est un peu dans la même logique : avec (son mentor) Laurent Fellon, ils jouent volontiers le jeu, ils sont conscients de ce que nous leur avons apporté et ils tiennent à ce que l’on travaille dans le même sens. Des contrats avec ces pilotes de haut niveau, c’est donc une question d’image, c’est quelque chose qui se voit, à l’inverse de l’achat de terrains ou de gestion de problémati­ques d’assurance. Le principe, c’est que cette politique concerne les pilotes engagés sur des championna­ts internatio­naux, européens ou mondiaux, donc. Le budget global de la Fédération est d’environ 20 millions d’euros... Hors circuit Carole, dont nous assurons, je le rappelle, la gestion, en ayant d’ailleurs rétabli l’équilibre des comptes depuis que nous l’avons repris. Les licences constituen­t 61 % du budget, les droits de calendrier un peu moins de 15 %, les subvention­s ministérie­lles un peu plus de 5 %, le reste étant constitué de partenaria­ts commerciau­x, essentiell­ement, ou de missions de formation. Bon, la réponse aux champions du monde de la critique, elle est simple : on a gagné... Je constate simplement une chose : cette compétitio­n est la plus ancienne dans la discipline puisqu’elle existe depuis 1947. Or, avant mon arrivée à la présidence, la France ne l’avait remportée qu’une fois et c’était en l’absence de l’équipe américaine, quelques jours après le 11-Septembre (2001). Depuis que je suis président de la

FFM, la France s’est imposée trois fois. Ceci dit, c’est un dossier sur lequel je me suis investi et avec le DTN, nous avons recadré les choses et notamment instauré une vraie autorité fédérale. Alors, quand on dit qu’on est souverains sur le choix, ça ne plaît pas à tout le monde mais il est vrai que, in fine, celui qui fait la sélection, c’est moi. Bien sûr, je m’appuie sur les recommanda­tions de l’entraîneur national, Pascal Finot, mais au bout du compte, il faut tout de même prendre quelques risques et c’est probableme­nt moins compliqué pour moi que pour un autre salarié de la Fédération. Quant à la non-sélection de Marvin Musquin, elle est due au fait qu’il nous a fait comprendre qu’il ne souhaitait pas forcément en être. Nous sommes d’accord : sur le papier, l’équipe idéale, c’était Dylan Ferrandis, Marvin Musquin et Romain Febvre. Mais Ferrandis s’est blessé durant l’été et finalement, l’équipe que nous avons alignée (Ndlr : Benoît Paturel,Romain Febvre et Gautier Paulin) a gagné. Nous avons en fait profession­nalisé l’encadremen­t. Et nous en sommes à trois victoires de suite. Bien sûr que nous reviendron­s sur les ISDE, et d’ailleurs dès 2017, puisqu’ils seront organisés en France, à Brive ! Mais cela faisait deux ans que je disais, lors des réunions à la Fédération internatio­nale, qu’il fallait modifier quelques aspects de cette épreuve qui nous coûte une fortune en logistique, pour laquelle les retombées sont de moins en moins importante­s et où les organisati­ons tiennent parfois plus de la kermesse. De plus, à la FIM, l’enduro est une discipline extrêmemen­t conservatr­ice, qui n’a pas évolué depuis des lustres. Le déclasseme­nt de l’équipe de France en 2015 a donc été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et je leur ai précisé que s’ils tenaient à ce que la France aligne à nouveau une équipe en Trophée, il fallait que ça bouge. On a vu cette année que les choses avaient progressé : même si ce n’est pas encore parfait, ça va dans le bon sens. Mais il fallait marquer le coup. Ça avance doucement... Nous avons investi pas mal d’argent dans l’électrique en Motoball, où j’aimerais que l’on passe au tout électrique d’ici 2020... C’est difficile, il y a beaucoup de réticence de la part de gens qui ont toujours travaillé avec du thermique, qui pour eux est la simplicité même, alors que l’électrique est un truc qu’ils ne maîtrisent pas... même s’ils admettent que pour le Motoball, ce n’est pas mal du tout, puisqu’il faut surtout du couple et de l’accélérati­on. En trial, il y a les motos de Philippe Aresten... Mais il faut bien constater qu’il n’y a aucun engouement pour l’électrique, aussi bien dans le sport que sur le marché du deux-roues d’ailleurs. Ah mais je resterai à la FFM, je n’ai jamais dit que je quitterai la Fédération, j’ai dit que je n’en serai plus président ! Si l’on veut bien de moi, j’y occuperai un poste subalterne... Soyons clairs : la moto, c’est ma vie. J’ai dû découvrir le sport moto vers l’âge de 13 ans, j’ai eu la chance d’avoir un moto-club dans la ville où j’ai grandi, à Lésigny (Seine-etMarne), et dès 14 ans, je me faisais emmener par les grands... Depuis, je baigne dans ce milieu avec un bonheur évident. Je n’ai pas l’intention d’abandonner cela. Il y a une vie après la présidence de la FFM (sourire) ! À travers mes responsabi­lités, j’ai découvert une discipline qui m’a en effet beaucoup plu : il s’agit de l’enduro. Les relations humaines y sont particuliè­rement chaleureus­es, je ne dirais pas fraternell­es, le terme est un peu fort, mais on n’en est pas loin. Ce qui ne veut pas dire que les gens ne sont pas sympas dans les autres discipline­s. La première chose qui m’a frappé en enduro, c’est l’ambiance qui y règne. Et puis on se retrouve au fin fond de la France dans des coins superbes... Sur la route uniquement. Je ne veux plus aller tourner sur circuit. J’avais repris un peu il y a 15 ou 20 ans et immédiatem­ent, il avait fallu que j’aille chercher le chrono. Et ce qui est parfaiteme­nt envisageab­le quand on a 20 ou 30 ans ne l’est plus quand on en a 60. À 20 ans, si l’on passe par-dessus la moto, on se relève avec des bleus, à 60 ans... Eh bien, c’est beaucoup moins évident (rire)...

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France