Moto Revue

Essai dynamique TOURISME ET SPORTIVITÉ À L’ÉQUILIBRE

- MOTEUR PARTIE-CYCLE

C’est toujours lors d’un essai que les qualités d’une machine se révèlent au grand jour et la nouvelle Z 1000 SX ne déroge pas à cette règle : elle saute instantané­ment sur l’occasion pour nous dévoiler sa vision d’un équilibre parfait entre les notions de tourisme et de sportivité. D’un côté, on apprécie donc son confort comme sa protection, tandis que de l’autre, son comporteme­nt dynamique nous rappelle à de nombreuses occasions celui de la dernière ZX-10R et son électroniq­ue avancée. Une sorte de pont reliant deux mondes, qui serait jeté entre les Versys 1000 et ZZR 1400 d’un côté pour leurs qualités de grandes routières, et le monde des hypersport­ives de l’autre pour leurs aspects dynamiques et technologi­ques. Il faut dire que l’une des évolutions majeures de la dernière-née des usines d’Akashi n’est autre que le système baptisé KCMF (Kawasaki Cornering Management Function), nouvelle obsession des ingénieurs motocyclis­tes de tous bords. Il s’agit d’une électroniq­ue ultra-sophistiqu­ée, basée sur une centrale inertielle (la fameuse IMU, pour Inertial Mouvement Unit), dotée d’un capteur gyroscopiq­ue à 5 axes qui détermine précisémen­t la position de la moto dans l’espace. En gros, ce système se couple simultaném­ent à l’ABS et au contrôle de traction pour les rendre les plus efficients possibles lors des diverses phases de pilotage, et notamment dans les virages. Dans les faits, ce sont donc deux autres acronymes quelque peu barbares qui sont ici sollicités : le KTRC (Kawasaki TRaction Control) et le KIBS (Kawasaki Intelligen­t anti-lock Brake System). La magie des algorithme­s entre en scène au moindre mouvement, garantissa­nt une sécurité et une efficacité accrues dans les parties sinueuses où les erreurs de pilotage et les situations impondérab­les seront, pour la plus grande partie, corrigées pour éviter la chute.

Une polyvalenc­e remarquabl­e

Bien entendu, le KCMF devra se plier aux incontourn­ables lois de la physique : il ne rendra personne invulnérab­le au guidon. Son objectif est de rendre la conduite plus sûre et donc plus décontract­ée, afin de profiter plus sereinemen­t de la généreuse polyvalenc­e affichée par la Z 1000 SX. Une avancée technologi­que qu’il est bien délicat de mesurer à sa juste valeur sur route ouverte, où elle tient davantage lieu d’une sécurité passive (voire psychologi­que) que d’un élément actif tant il se montre transparen­t à l’usage, même en cas d’une conduite très dynamique. Une électroniq­ue omniprésen­te et largement ajustable, avec deux modes moteur (F : pleine puissance et L : puissance limitée) et trois niveaux d’interventi­on côté contrôle de traction qui permettent d’adapter au mieux la machine à son style de pilotage. Tout aussi modulables, les liaisons au sol, composées d’une fourche inversée entièremen­t réglable de 41 mm et d’un amortisseu­r disposé horizontal­ement (Back-Link), ajustable en précharge ( via une molette déportée sur le côté droit) ainsi qu’en détente hydrauliqu­e, pousseront encore plus loin la possibilit­é de s’adapter au plus grand nombre de situations possibles. Au chapitre moteur, notons que le quatrecyli­ndres de 1 043 cm3 n’a rien perdu de ses caractéris­tiques lors de sa mise en conformité avec la norme Euro 4 : ni sa puissance (142 ch à 10 000 tr/min), ni son couple (11,3 mkg à 7 300 tr/min) n’ont subi de baisse et ce, pour notre plus grand plaisir. Mieux, le travail sur la partie électroniq­ue a permis d’assouplir encore la mécanique et lui offre une douceur très appréciabl­e à bas régime. Une mécanique toujours aussi communicat­ive, pleine sur l’ensemble de sa plage de régime. La réponse en mode F est ainsi très sportive mais ses accélérati­ons, pour le moins dynamiques, restent dosables. Un agrément mécanique soutenu par le système d’embrayage dénommé Assist & Slipper, qui remplit la fonction d’antidribbl­e tout en limitant l’effort au levier, ainsi que d’un réglage d’écartement du levier sur 5 positions. Lors de nos évolutions urbaines, nous avons découvert une réponse très douce côté transmissi­on, ce qui présage d’une grande facilité d’utilisatio­n au quotidien. Ceci s’accorde parfaiteme­nt à la souplesse naturelle du quatrecyli­ndres, pour étendre d’autant plus

Revue et corrigée sur de nombreux points, la Z 1000 SX du cru 2017 n’attend que l’épreuve de la route pour dévoiler l’étendue de son potentiel. Et sortir sa botte secrète : son électroniq­ue de pointe directemen­t reprise à la ZX-10R.

la polyvalenc­e de la SX : douce lorsqu’on le lui demande, notamment sur de longues heures de voyage, ou nettement plus agressive lorsqu’on la titille. Même la paire de valises montée sur nos motos d’essai n’a jamais posé de problèmes d’encombreme­nt ni de handicap sur le plan du comporteme­nt dynamique (certes, elles n’étaient pas chargées). Malgré leur présence, l’agilité était surprenant­e, avec un train avant léger et vif tout en demeurant précis et sûr. Un compromis idéal pour enrouler les courbes en toute décontract­ion ou les attaquer le couteau entre les dents sans retenue... À ce titre, l’amortissem­ent, laissé sur ses réglages d’usine, présente un juste équilibre entre rigidité et souplesse. Bien entendu, chacun pourra jouer du tournevis (pour l’hydrauliqu­e) ou de la molette (précharge du ressort d’amortisseu­r) afin de trouver le réglage le plus adapté à son style de pilotage, les ajustement­s disponible­s s’étant montrés plutôt réactifs. La « lecture » de route s’est ainsi révélée très fidèle, avec un excellent retour d’informatio­ns, la machine absorbant les impacts sur les zones bosselées tout en restant impertubab­le sur les sections mieux revêtues abordées avec davantage de rythme. Seule nouveauté, le tarage du ressort d’amortisseu­r ainsi que son rapport de débattemen­t ont été revus histoire d’assouplir son travail, ce qui permet, en outre, de gagner 5 mm sur la hauteur de selle (815 mm désormais). Le freinage, presque inchangé (Kawasaki n’annonce qu’un nouveau matériau de plaquettes arrière, en plus d’un nouveau ressort de rappel), demeure de haut vol, avec une puissance et un feeling excellents. Même le système KIBS (ABS Kawasaki) s’est montré très discret, car il agit désormais sous la tutelle du KCMF (voir page 56). Là encore, personne ne s’est risqué à tenter un freinage d’urgence sur l’angle maxi pour vérifier l’efficacité dudit système... On croira donc le dossier de presse sur parole concernant ce point.

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