Moto Revue

Que deviens-tu ? THIERRY MAGNALDI

- Propos recueillis par Christian Batteux. Photos archives et CB.

L «a moto, pour moi, ça s’est arrêté un peu brutalemen­t, alors que j’étais pourtant encore bien en jambes puisque je venais de faire deuxième du Dakar, en 1999. Je m’étais bien préparé pour l’édition suivante où théoriquem­ent, j’étais censé être le pilote de pointe pour KTM, étant donné que (Heinz) Kinigadner, leur pilote vedette, devait partir chez BMW. J’avais travaillé au développem­ent avec Didier Le Gal, un ami qui était devenu mon mécanicien. On avait sérieuseme­nt avancé le boulot sur la nouvelle machine, j’avais un très bon contrat et puis finalement, Kinigadner est resté et tout a été revu à la baisse de mon côté. Je me retrouvais dans une équipe bis, avec l’ancienne moto, et des conditions globalemen­t beaucoup moins favorables... Pour moi qui marche énormément à la confiance, ça a sonné le début de la fin : le fil était rompu avec mes employeurs. Comme ça faisait un moment que je regardais vers la voiture, du coup, j’ai décidé d’y passer et de laisser tomber la moto. Avec tout de même pas mal de frustratio­n, vu que j’avais l’impression de n’être pas allé au bout de ma démarche dans la moto. Je crois que j’aurais pu encore boucler deux ou trois Dakar et peut-être même en gagner un... Mais bon, ça, on ne le saura jamais, c’est la vie, c’est comme ça... Va savoir, peut-être que c’était un mal pour un bien (sourire). Toujours est-il qu’en 2000, je passe donc chez Groine avec le team Mercedes, sur les ML. J’ai fait mes classes comme on dit en T1 Marathon, j’aurais voulu évidemment avoir accès à une voiture plus performant­e plus vite mais je suis passé par cette case-là pendant trois ans. Ensuite, j’ai passé trois autres années dans un team hollandais chez Fast Speed, sur des buggies. C’est seulement après six ans que j’ai fini par obtenir une voiture plus performant­e, chez (Jean-Louis) Schlesser, des buggies là encore, et je faisais équipe avec Arnaud Debron. On a gagné deux étapes sur le Dakar, un problème mécanique a plombé notre classement final mais ça a déclenché l’intérêt de Volkswagen, qui m’a contacté. Et là, Schlesser m’a libéré de mon contrat “sur parole”, pour ensuite se servir du fait que ça n’avait pas été fait “sur papier” pour essayer de faire payer Volkswagen pour me libérer : 500 000 euros quand même... Alors bien sûr, je ne l’ai pas très bien pris mais après coup, je me suis dit que je n’avais à m’en prendre qu’à moi-même, que j’aurais dû faire les choses comme il faut… Ça s’est passé en 2006. En conséquenc­e de quoi, je n’ai plus roulé pendant deux ans. Et ma carrière voiture s’est arrêtée là. C’est dommage, hein, parce que j’étais bien lancé, avec Volkswagen, j’aurais pu passer un cap. D’ailleurs, ils avaient relancé Schlesser en proposant 300 000 € mais il est resté buté sur 500 000. Je n’ai jamais compris pourquoi il m’avait fait ce coup-là, parce que de mon côté, j’avais toujours été réglo avec lui. Mais bon, c’est la vie. Je lui en ai voulu pendant un moment et puis aujourd’hui, on se reparle, ça ne va plus rien changer... »

Auto-entreprene­ur à facettes multiples

« En 2009, après deux ans d’absence, j’ai loué une voiture chez Gache, pas un bon deal non plus… Par la suite, en Amérique du Sud, j’ai bouclé deux Dakar pour Dessoude ; entre-temps, une fois notre affaire digérée,

Formé à l’école de l’enduro, Thierry Magnaldi s’est ensuite tourné vers le rallye-raid, où il s’est pleinement épanoui. Pilote de pointe des années 90, il a par la suite basculé dans l’automobile pour y achever une carrière sportive tournée vers l’aventure.

Schlesser m’a demandé de faire l’Africa Race pour lui, que j’ai gagné, mais bon, c’était la fin de l’histoire et de mon parcours de pilote automobile... Aujourd’hui, je sais que si on me confie une bonne voiture, j’ai le potentiel peut-être pas pour être dans le Top 5, parce que j’ai pris un temps de retard, mais je pourrais faire, disons, un très bon porteur d’eau. Ça fait maintenant un an que je ne roule plus en compétitio­n. À présent, j’ai deux bonnes cartes en main : je bosse pour la FIA (Fédération internatio­nale de l’automobile), je fais voiture ouvreuse des rallyes-raids en championna­t du monde. Je contrôle le road-book en amont avec un copilote... Nous sommes trois équipages à tourner, l’an dernier, j’ai fait deux épreuves. Et puis je travaille pour une société qui s’appelle Euro Media, ancienneme­nt SFP (Société française de production), pour laquelle je pilote une moto sur les courses cyclistes comme le Tour de France, Paris-Roubaix, etc. J’assume aussi ponctuelle­ment des missions dans l’événementi­el pour ASO ( Amaury Sport Organisati­on). Ça peut être emmener des journalist­es avec moi, assurer la sécurité avec la bonne mise en place du fléchage... Je bosse aussi pour la Spartan Race au Paul-Ricard, une course d’obstacles, à l’image de ces épreuves extrêmes, dans la boue, qui commencent à fidéliser de nombreux amateurs un peu partout... Je me suis donc monté ma petite entreprise en tant qu’auto-entreprene­ur, j’ai 54 balais, je fais toujours un peu d’enduro, plus du VTT dans ma région ( Ndlr : Thierry vit près du Castellet, dans le Var), la vie est belle (sourire)... Pour parler d’enduro, je suis l’actualité de cette discipline que j’ai quittée il y a maintenant bien longtemps, mais je ne vais pas sur les courses ; de toute façon, les jeunes qui roulent devant aujourd’hui ne savent même pas qui je suis (rire) ! Je vois avec plaisir Peter (Stéphane Peterhanse­l), Antoine Méo, qui est vraiment un super mec, mais à part ça, je n’ai plus de contact avec le monde de l’enduro... Ça a tellement changé, ce qui est sans doute une bonne chose pour que ce sport reste prospère, mais enfin, selon moi, c’est plus de l’enduro-motocross que de l’enduro pur comme je l’ai pratiqué, à savoir une discipline où il fallait d’abord pointer à l’heure en liaison avant de penser à faire des chronos en spéciale. Les organisate­urs sont obligés d’évoluer et de se plier aux contrainte­s locales et environnem­entales. Ceci dit, les pilotes actuels sont vraiment bons, rien à dire là-dessus. De mon côté, je roule sur une Sherco, je me fais plaisir, sans me faire mal, parce que les années qui me restent à profiter, il ne faut pas les gaspiller. Ça va, globalemen­t, je ne me suis pas beaucoup blessé au cours de ma carrière moto. Je m’en suis pas trop mal sorti, on va dire. Un tibia, un doigt, sur le Dakar une hanche, quoi encore... la vertèbre C4, oui, bon, j’ai un peu “pris” mais sans plus (rire) !»

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