LA CRISE !
C’est un terrain vague au milieu duquel une étrange scène bétonnée s’est donné des airs d’art de rue. À l’intérieur d’un bâtiment brut de ciment, éclairci de tags réveillés par des flammes dansant au-dessus d’énormes bidons ardents, Yamaha dévoile la nouvelle MT-09. Univers sauvage, vif, agressif, pour ne pas oublier la nature du roadster. Fin 2013, en effet, lors de sa sortie, la MT-09 avait affirmé sa personnalité extravertie, sa vitalité débordante avec son trois-cylindres castagneur. Les motos assument rarement un caractère aussi tranché, surtout les japonaises. Elle l’a fait sans complexes. Avec quelques défauts : une réponse des gaz brutale, avec des à-coups à l’accélération, des suspensions peinant à encaisser les assauts du moteur, une position de conduite étrange, entre roadster classique et supermotard. Et une autonomie pas bien folichonne d’environ 200 bornes, due non pas à sa consommation mais à son petit réservoir de 14 litres. Le temple de la nouvelle scène urbaine figurait donc le caractère profond de la MT-09, au sein duquel les techniciens Yamaha expliquaient son évolution. Toujours sauvageonne, tchatcheuse, mais au langage plus rond, mieux formaté.
Le bien-être selon Yamaha
D’abord, les suspensions. La fourche se règle maintenant en compression, sur le tube gauche, et en détente, sur le tube droit. Le corps de l’amortisseur reste identique à l’ancienne version mais bénéficie d’une mise au point plus fine, mieux freiné en hydraulique. La position de conduite influençant aussi le comportement de la moto, Yamaha l’a modifiée pour améliorer le confort et la maîtrise. La selle est légèrement plus haute (5 mm) mais plus fine, le guidon plus reculé donc plus proche du pilote, et les repose-pieds légèrement plus bas et avancés. L’idée, c’est de favoriser les mouvements et détendre la position. Sinon, la géométrie de la moto n’a pas varié, avec 1 440 mm d’empattement et une chasse du train avant de 103 mm, avec 50,2 % du poids porté sur l’avant. Ce n’est pas une révolution, il n’en était justement pas question. D’excellentes motos se sont bonifiées au fil des ans, dont certains mythes comme la BMW R 1200 GS ou la Honda GoldWing. Elles prouvent le bienfait d’une croissance sur le long terme, régulière. Pour la réponse à la poignée de gaz, pas de communication claire de la part de Yamaha. À partir d’un trois-cylindres aussi vif, presque agressif, avec des réglages d’injection appauvris pour s’adapter aux normes d’homologation, pas facile d’y remédier sans entamer le couple moteur... La MT-09 étant désormais conforme à Euro 4, les ingénieurs auraient peut-être pu en profiter pour s’attarder sur ce point épineux. Une mise à jour de la programmation du boîtier d’injection via les concessionnaires avait toutefois déjà adouci la connexion poignéeréponse moteur, sans complètement faire disparaître les à-coups. La solution se masque peut-être sous le nouveau shifter de série. Puisqu’il permet de monter les rapports sans couper les gaz, plus de problèmes d’à-coups ? À voir. Un nouvel embrayage avec des ressorts plus souples réduit, selon Yam’, de 20 % l’effort au levier et son fonctionnement offre plus de progressivité. L’ancien pouvait parfois provoquer des effets « rebonds » à la roue arrière en cas de rétrogradage un peu violent. Pour l’autonomie, aucun changement à prévoir : le réservoir de 14 litres est conservé et la consommation sera assurément très proche de l’ancienne MT. Enfin, la MT-09 millésime 2017 se reconnaîtra aussitôt par son nouvel habillage, son feu double optique à leds, son bâti arrière de cadre raccourci, son support de plaque au ras de la roue, et son léger camouflage du silencieux d’échappement…