QUAND CRUTCHLOW ET LE TEAM LCR CASSENT LA BARAQUE
Cela faisait dix ans qu’une équipe indépendante n’avait plus gagné en MotoGP ! En 2006, Marco Melandri et Toni Elias avaient fait briller la structure de Fausto Gresini alors équipée de Honda. Cette saison, c’est le team Honda LCR qui a remis « les couleurs de l’indépendance » à l’honneur. Alors qu’il n’avait encore jamais gagné de Grand Prix, Cal Crutchlow est monté à deux reprises sur la plus haute marche du podium. Une première fois à Brno, sur le mouillé, et puis une seconde à Phillip Island, sur le sec. Autant à Brno, on avait pu minimiser son succès en avançant qu’il avait pris plus de risques sur le mouillé que des adversaires qui jouaient le titre de champion du monde, autant à Phillip Island, Cal a dominé son sujet. Pour expliquer ce succès, Christophe Bourguignon, son chef mécanicien, avançait plusieurs explications à l’arrivée du GP d’Australie : « La première, c’est que Cal est très rapide sur ce circuit de Phillip Island car il est super à l’aise dans les grandes courbes. La seconde, c’est que nous sommes venus faire des tests en Australie en février, et comme nous n’avions pas encore notre nouveau moteur, nous nous étions concentrés sur la mise au point de la partie-cycle. De fait, nous avions une très bonne base de réglages. Vu que les deux journées d’essais ont été perturbées par la pluie et le froid, et que personne n’a pu vraiment travailler sur le sec avant le warm up, nous avions peut-être un petit avantage. » Le pilote Honda est en tout cas devenu le sixième Britannique, après Leslie Graham, Geoff Duke, John Surtees, Mike Hailwood et Barry Sheene, à compter plus d’une victoire en classe reine. Accessoirement, c’est une juste récompense pour le travail et l’implication des hommes de Lucio Cecchinello.
Si le suspense pour l’attribution du titre de champion du monde MotoGP s’est très vite évanoui, le spectacle n’a pas manqué pour autant tout au long de cette saison 2016, qui aura vu neuf vainqueurs différents grimper sur la plus haute marche du podium. Du jamais vu en catégorie reine ! Marquez, Rossi, Lorenzo, Pedrosa, mais aussi Miller, Iannone, Crutchlow, Viñales et Dovizioso ont tour à tour fait parler d’eux en créant parfois la surprise. « Le nouveau logiciel de gestion électronique a resserré les écarts entre les différentes motos, affirme Davide Brivio, le team manager Suzuki. En rognant sur les avantages que détenaient Honda et Yamaha, cela a profité aux équipes indépendantes mais aussi à Ducati, Aprilia et Suzuki. » Pour expliquer cette foison de vainqueurs, Valentino Rossi met également en avant le nouveau logiciel de gestion électronique unique qui a réduit les écarts entre les différentes machines, mais aussi et surtout les pneus Michelin qui favorisent des stratégies différentes. « Avec les Bridgestone, tout le monde prenait le départ avec la même monte pneumatique car il n’y avait qu’une seule gomme qui fonctionnait, analyse le pilote Yamaha. Aujourd’hui, on peut faire des choix différents, aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Par ailleurs, le pneu avant étant moins exclusif, plus de pilotes peuvent l’exploiter correctement. Et il permet aussi de prendre des trajectoires différentes. » Grâce à ces changements, le championnat MotoGP a en tout cas pris un bol d’air bien salutaire.