Moto Revue

Shuhei Nakamoto L’HOMME QUI A RéVEILLé HONDA

Entre 2004 et 2010, le HRC (Honda Racing Corporatio­n), le service course le plus puissant du monde, a traversé une sorte de zone grise, bien loin de ses ambitions. Pour sortir de cette situation, Honda a fait appel à l’un de ses plus brillants ingénieurs,

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C’est en 2009 que Shuhei Nakamoto est arrivé en MotoGP. À l’époque, Honda traversait la période la plus compliquée depuis son retour sur la scène de la compétitio­n en 1982. Lors des cinq années précédant son arrivée, le HRC n’avait remporté qu’un seul championna­t, plus en raison des erreurs commises par ses adversaire­s que grâce à ses propres mérites. Quand Shuhei Nakamoto a rejoint le team Repsol Honda, il venait de passer neuf ans au sein du départemen­t où la marque réalisait les plus gros investisse­ments : la Formule 1. Considéré comme l’un des ingénieurs les plus brillants de l’entreprise, il fut envoyé en mission pour remettre les choses dans l’ordre en MotoGP. En réalité, Nakamoto ne faisait que revenir où tout avait commencé pour lui chez Honda, c’est-à-dire au HRC. Il venait tout juste d’avoir son diplôme d’ingénieur lorsqu’il débarqua chez Honda en 1983. « Les trois premiers mois, j’ai travaillé dans une concession automobile, les trois suivants à Suzuka, dans l’usine de fabricatio­n des automobile­s, raconte-t-il. Après cette période de rodage, Honda Motor devait décider dans quelle branche de l’entreprise je serais le plus utile… Et j’ai eu de la chance : mon premier poste, c’était au HRC. »

J’avais 26 ans. Je suis arrivé au HRC le 1er octobre 1983.

Donc mon premier travail se trouvait dans le départemen­t des moteurs, mais après un mois, je suis allé voir mon directeur pour lui demander si je pouvais passer au départemen­t des partie-cycles... L’ingénierie dans le domaine des moteurs est intéressan­te mais l’espace dans lequel vous devez travailler est limité par les carters, tandis que dans le domaine de la partie-cycle, les possibilit­és de design sont beaucoup plus vastes. Il était d’accord : j’étais autorisé à changer de départemen­t. Exactement. Mon premier travail a consisté à dessiner des partie-cycles pour les RS 250 et 125 (Ndlr : des compétitio­n-clients), avant, plus tard, de m’occuper de celle de la NSR 250 (Ndlr : la version usine de la machine de course). Cela a duré plusieurs années, jusqu’au jour où j’ai dit à mon directeur que je voulais travailler sur la NSR 500... Bien sûr, il m’a demandé pourquoi... Je lui ai répondu que c’était une évolution logique après la 125 et la 250. Eh bien, il m’a confié le projet Superbike ! Le V4, la RC45 avec John Kocinski, Aaron Slight... Et en 2000, j’ai à nouveau demandé à m’occuper de la 500 ! Parce que la NSR 500 était la F1 des motos de course, alors que la Superbike était plus comme une voiture de tourisme... Ce qui s’est passé, c’est que le directeur du HRC est venu me voir et m’a dit : « OK, vous allez vous occuper de la Formule 1.» (Nakamoto écarquille les yeux pour exprimer l’effet de surprise qu’il a ressenti à l’époque) Plus qu’effrayé, j’étais surpris parce que, comme vous dites, je n’avais pas d’expérience en automobile. Mais c’était un ordre de l’entreprise et je n’avais que deux solutions : aller en F1 ou quitter Honda. Or, à cette époque-là, mes deux garçons étaient tout petits, il n’était pas question pour moi de quitter Honda, donc je suis allé en F1 (rires).

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