Moto Revue

Cher rétro

- TRAC

Le rétro est à la mode. Définitive­ment. Un peu étonnant de donner un caractère « définitif » à une mode par essence passagère, mais c’est la manière avec laquelle cette tendance s’est ancrée dans notre paysage motocyclis­te qui justifie son emploi. « Définitive­ment à la mode » en somme... Parce qu’à la mode néo-rétro s’étant imposée à l’immense majorité de l’industrie depuis quelques années – qu’elle soit celle des constructe­urs de motos, des fabricants de vêtements, des accessoiri­stes, des préparateu­rs, etc. –, c’est aussi le rétro pur et dur, celui des vieilles motos, qui est mis aujourd’hui à l’honneur. En témoignent l’exposition consacrée à la moto française au salon parisien Rétromobil­e, ou encore la vente aux enchères Bonhams organisée sous la nef du Grand Palais. Disons que ce rétro si tendance actuelleme­nt, celui-là même qui est devenu un code dont les marques de luxe – à l’instar des parfumeurs ou des couturiers – n’hésitent plus à utiliser, élargit son champ de reconnaiss­ance. Pour ces campagnes diffusées à la télé ou s’étalant sur papier glacé, peu importe que la moto choisie voie ses corps d’injection dissimulés sous de faux carburateu­rs, ou au contraire ne soit réellement « vaguement ralenti » par d’authentiqu­es freins à tambour. L’important dans cette communicat­ion, c’est l’image. Et l’image ne varie pas beaucoup dans cet univers rétro. Du cuir (souvent râpé pour les hommes, parfois brillant et moulant pour les filles) ou de la toile (généraleme­nt délavée), un casque ouvert (sinon intégral, mais toujours de forme singulière), et une moto à l’allure dépouillée qui doit mettre en avant son moteur, son réservoir, sa selle, ses feux, son échappemen­t, ses chromes… L’esprit, les « néo » et les « rétro » le portent de la même façon pour le grand public. Reste alors les pratiquant­s qui se scindent le plus souvent en groupes bien distincts et multiples, brisant parfois de manière assez absurde des passerelle­s qui semblaient pouvoir s’ériger très naturellem­ent. Parmi tous ces clans, on retrouve des collection­neurs, parfois des investisse­urs, des utilisateu­rs de vraies anciennes, d’autres de « modernes anciennes », des préparateu­rs d’anciennes, des préparateu­rs de « modernes anciennes », etc. On peut y ajouter – ou y soustraire, c’est selon – des sous-catégories, celles qui ne jurent que par une nationalit­é, une marque, un genre, un modèle… Et cela vaut quelles que soient les époques. Les combinaiso­ns sont infinies, et si beaucoup ont été définies, certaines continuero­nt d’être posées. La mode rétro est un genre, si ce n’est complexe, au moins varié. Une variété qui lui garantit un enracineme­nt durable dans le paysage motocyclis­te. Quant à son utilisatio­n par les sociétés extérieure­s, elle passera, hélas. Espérons que l’on puisse encore en profiter, il est plutôt sympa de voir une image de notre pratique véhiculée de manière positive.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France