Moto Revue

Interview Nicky Hayden veut doubler les titres MotoGP et Superbike

Sur le toit du monde en 2006 avec le titre suprême en MotoGP, Nicky Hayden a retrouvé l’an passé un nouveau souffle en Superbike. Tout sauf un championna­t de seconde zone pour le Kid du Kentucky qui rêve de devenir le premier homme à réaliser le doublé Mo

- Par Alexis Delisse. Photos DR.

Nicky, comment te sens-tu à l’aube de ta 15e saison au niveau internatio­nal ?

Et avec aussi trois saisons en AMA avant ça ! Je me sens bien et impatient d’en découdre. Je suis toujours aussi motivé, c’est ce que je répète chaque année mais cette fois, nous avons vraiment de quoi être excités. Entre la nouvelle moto, mon nouveau coéquipier, le nouveau sponsor Red Bull... Tout ça est super, maintenant, il n’y a plus qu’à y aller et obtenir des résultats.

Quel est ton secret pour avoir toujours autant envie de rouler après toutes ces années ?

C’est en grande partie parce que j’aime ce que je fais. J’aime courir à moto. Ma mère roule, mon père également, mes frères sont des champions et ma soeur aussi... C’est ce que je connais et ce que je sais faire. Je n’ai pas d’autre but. Ce n’est pas comme si je me disais, « après ma carrière, je voudrais faire cela » . Je continue autant que je le peux, tant que je m’amuse et que je suis toujours dans le coup. Et puis je suis motivé par mon objectif d’être le premier pilote à remporter les deux championna­ts.

Quand un pilote quitte le MotoGP pour le Superbike, il fait toujours bonne figure et reste positif. Mais tout de même, cela n’a pas dû être facile de quitter ce championna­t où tu as passé 13 années de ta vie...

Ce n’est jamais facile de quitter le MotoGP. J’en suis encore fan et il y a parfois des moments où il me manque. L’intensité, l’atmosphère, certains circuits qui ont un public incroyable... Cela dit, je suis à présent chez moi en Superbike, j’aime ce championna­t et je me concentre là-dessus. J’aime les motos et sur certains circuits, j’étais quasiment aussi rapide avec ma superbike que ma MotoGP Open l’année d’avant. Nous allons aussi à Laguna Seca qui est mon circuit préféré. Je pense que ce championna­t a beaucoup de potentiel.

Lorsque tu as décidé de rejoindre Honda en World SBK fin 2015, t’avaient-ils déjà promis cette nouvelle moto pour 2017 ?

Il n’y a jamais rien eu de retranscri­t dans le contrat, aucune promesse écrite. Mais c’était entendu qu’il y aurait une nouvelle moto la deuxième année.

Comment s’est passée ta première année en Superbike ? Que penses-tu des motos et du championna­t par rapport au MotoGP ?

C’est sûr que le championna­t est différent. Il y a certaines choses qui manquent par rapport au MotoGP. Mais je l’apprécie, je suis heureux de participer à deux courses en un week-end et je me sens bien avec mon équipe Ten Kate. Nous avons été en mesure de faire de bonnes choses, avec une victoire, des podiums... J’ai connu quelques abandons qui n’étaient pas de mon fait, mais j’ai tout de même pu terminer à la 5e place du championna­t pour ma première année. C’est donc loin d’être découragea­nt et j’ai beaucoup appris. De nouveaux circuits, le fait de n’avoir qu’une seule moto qui pousse à avoir une approche un peu différente des séances, la manière de régler la moto... Il y a des choses que vous ne pouvez pas faire en Superbike, notamment concernant la transmissi­on. En MotoGP, vous pouvez par exemple sortir la boîte et changer complèteme­nt le 3e ou le 4e rapport. En SBK, vous pouvez simplement modifier le ratio final.

À propos de ta victoire en Malaisie, c’est pour vivre à nouveau ce genre d’émotions que tu continues de courir ?

Oui, c’était vraiment un sentiment exaltant que de gagner à nouveau. Il s’était passé trop de temps depuis ma dernière victoire et ce jour-là, tout a parfaiteme­nt fonctionné.

Qu’as-tu pensé de la nouvelle Fireblade lors de tes premiers tours de roue ?

C’était à Valence avec la version standard et j’ai été très impression­né par l’électroniq­ue. C’est la première chose que j’ai remarquée

parce que je revenais des 8 Heures de Suzuka où nous n’avions pas de Fly by Wire. Il fallait jouer de l’embrayage au rétrograda­ge, etc. Et là, la nouvelle CBR était déjà meilleure. Je m’y suis tout de suite senti à l’aise.

Tu as pourtant rencontré des problèmes lors de tes premiers tests...

Je suis un compétiteu­r et je veux toujours être en haut du classement. Et parfois, ce n’est pas possible quand tu as une toute nouvelle moto. J’ai réalisé que nous avions encore du chemin à parcourir. La base est excellente, la moto a beaucoup de potentiel, nous avons juste besoin de plus de temps. Restons positifs et continuons de travailler.

Où en êtes-vous en termes de développem­ent au moment d’aborder la première course de la saison ?

Nous n’en sommes qu’au tout début. Nous n’avons eu que deux semaines avec la moto et je ne vais pas cacher le fait que nous sommes en retard. Nous n’avons pas eu autant de temps que nous l’aurions souhaité. Nous utilisons par exemple le réservoir de l’an passé ainsi que le bras oscillant de la version 2016. Je ne veux pas être critique mais je pense que c’est normal que n’importe quelle équipe veuille plus de tours et plus de données. Nous devons faire avec et nous espérons que les deux journées d’essais à Phillip Island nous permettron­t de faire un bond en avant et nous préparer pour la course. Les deux premières courses risquent d’être compliquée­s car les motos sont déjà parties pour l’Australie et iront ensuite directemen­t en Thaïlande. En plus, il y a une limitation pour les moteurs et une fois que nous avons scellé le premier set de moteurs, on ne peut plus en changer.

Tu penses avoir l’arme pour gagner le titre dès cette année ou est-ce trop tôt ?

Pour le moment, je reviens des tests et nous sommes encore loin de notre plein potentiel, donc c’est difficile à dire. Nous étions à deux secondes des temps à Portimao mais je dois croire en cette équipe et nous verrons.

Et physiqueme­nt, as-tu pleinement récupéré de ta blessure au genou ?

Je dirais que je n’en suis pas loin. À Jerez, j’étais encore un peu crispé et à Portimao, ça allait déjà mieux. Avec un peu de chance dans les prochaines semaines, je pourrais récupérer une pleine amplitude de mouvement et toute la force dans mon genou et ainsi être très proche des 100 % de mes aptitudes physiques.

Que penses-tu de Jonathan Rea et Chaz Davies ?

Ils sont très forts. Jonathan est très régulier, Chaz est très rapide et presque intouchabl­e dans un bon jour. Le niveau est élevé.

Ils auraient le niveau pour courir en MotoGP ?

Je ne sais pas s’ils pourraient gagner en MotoGP, mais sans l’ombre d’un doute, ils pourraient y être compétitif­s.

Il y a eu 9 vainqueurs en MotoGP l’an passé et seulement 4 en Superbike. Penses-tu que le règlement y soit optimal ?

Je ne me soucie pas trop des règlements. C’est sûr que les gens ne veulent pas voir les trois mêmes pilotes du même pays tout remporter. Nous devons simplement faire un meilleur travail et leur opposer une féroce adversité. Ce sera meilleur pour le championna­t. Même si vous êtes anglais, vous voulez voir quelqu’un leur donner du fil à retordre. J’ai été capable de le faire une fois et me battre avec eux à d’autres reprises, mais nous devons être plus réguliers.

Que penses-tu du nouveau format pour la grille de départ de la seconde manche ?

Honnêtemen­t, je ne suis pas très fan. Mais d’un autre côté, je ne sais pas. Attendons de voir ce que cela donne. Je pense que cela n’est pas trop mal, ils ont trouvé un bon équilibre.

Si tu pouvais prendre une chose du Superbike et le mettre en MotoGP, et inversemen­t ?

Je mettrais deux courses par week-end en MotoGP. Et dans l’autre sens, je prendrais les budgets du MotoGP, certains de leurs sponsors, pour les amener en Superbike. Ramenez un peu d’argent par ici !

Tu pourrais entrer dans l’Histoire en devenant le premier pilote champion du monde MotoGP et Superbike...

J’en suis parfaiteme­nt conscient. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis venu en Superbike et c’est vraiment ce qui me motive aujourd’hui. Je pense que c’est très important d’avoir des buts, des objectifs.

Un an après toi, ton coéquipier emprunte le même chemin du MotoGP vers le Superbike. Quel serait ton conseil pour qu’il réussisse dans cette catégorie ?

Je pense qu’il a déjà la vitesse pour être compétitif en Superbike, sans aucun doute. (Stefan) Bradl est un gars intelligen­t, il n’a pas besoin que je le coache. Bien sûr, il devra s’adapter à quelques changement­s, mais il va apprendre.

Que recommande­rais-tu à un jeune pilote américain qui voudrait être le prochain Nicky Hayden ?

Je pense qu’il doit aller rouler en Europe et commencer à apprendre les circuits et appréhende­r la compétitio­n. C’est dur aujourd’hui pour les pilotes américains d’obtenir de bonnes opportunit­és. Le championna­t est actuelleme­nt en progressio­n aux États-Unis mais je ne sais pas si tu peux faire aujourd’hui ce que j’ai fait à l’époque. Je pense qu’il vaut mieux aller en Europe, et passer par le Moto2 pour devenir un jour pilote MotoGP.

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