Moto Revue

Au Bou du suspense

- TRAC

Sérieuseme­nt, qu’est-ce qui nous fait vibrer dans le sport, est-ce le sport ou le spectacle ? Vaste question à laquelle il semble impossible d’apporter une réponse unique, et surtout catégoriqu­e... Car déjà, il faudrait déterminer le sport dont on parle, mais aussi le niveau. Et d’ailleurs, ce sport, on en parle en tant que pratiquant ou comme spectateur ? Tiens, pour « étrangler » l’entonnoir et recentrer un sujet qui risquerait sinon de se barrer façon poussière d’étoile, concentron­snous sur la sphère MotoGP dont la rentrée est prévue (et attendue !) dans une dizaine de jours du côté de Doha, au Qatar. Vous les ressentez, vous aussi, ces palpitatio­ns incontrôla­bles pré-MotoGP qui commencent à secouer nombre d’entre nous ? C’est la résultante naturelle d’un sevrage d’un peu plus de 4 mois simplement entrecoupé de quelques séances d’essais qui n’ont fait qu’attiser davantage notre excitation… Parce qu’avant tout, qu’est-ce qui nous botte ? Découvrir un athlète aux allures de super-héros dérouler sa partition loin devant les autres, ou alors prendre en pleine tronche le spectacle d’une meute qui ne se résoudra à élire son chef que dans les toutes dernières secondes, les tout derniers mètres, les toutes dernières difficulté­s ? Y a pas photo ? Non, y a pas photo. Même les supporters « ultras », fans d’un unique pilote, se délecteron­t bien plus d’une victoire acquise à l’arraché par leur poulain plutôt qu’après un long cavalier seul de leur Rossi, Marquez, Lorenzo, etc. Une domination éclatante, écrasante, se doit d’être maquillée pour prendre tout son relief. C’est bien un spectacle avant tout que recherchen­t les organisate­urs, un spectacle sportif soit, mais un spectacle ; en témoignent les mesures prises sous couvert d’économie en MotoGP, avec, par exemple, le manufactur­ier de pneumatiqu­e unique, l’électroniq­ue unique, des poids minima à respecter obligeant le lestage de certaines motos, des moteurs identiques en Moto2… En Superbike également où, cette année, la grille de départ est « inversée » en seconde manche, conférant un handicap certain aux vainqueurs du premier débat. On n’en est pas encore au format US où, dans certaines compétitio­ns automobile­s, l’épreuve est neutralisé­e au cap de la mi-course afin de relancer tous les concurrent­s regroupés pour un sprint final qui déclarera vainqueur le premier pilote à franchir la ligne et ce, sans tenir compte des écarts de temps enregistré­s lors de la première partie de course. Difficile de savoir où placer le curseur dans ce sport spectacle… En même temps, qui ne s’est jamais endormi devant le « train-train » d’un MotoGP joué en mode longue procession ? Peut-être pas le noyau hardcore. Celui-là même qui suit toujours le trial mondial malgré la domination sans partage de l’extraterre­stre Toni Bou, champion du monde (indoor et outdoor) depuis 2007 – soit 20 titres mondiaux consécutif­s. Drôle de paradoxe que d’imaginer une discipline ultra-spectacula­ire comme le trial se réserver à un public ultra-averti. Au point de se demander si avant le sport, peut-être même avant le spectacle, ce ne serait pas le suspense qui nous ferait vibrer...

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