Moto Revue

Essai dynamique LA FORCE DU COMPROMIS

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Un raisonneme­nt simpliste conclurait qu’une moto moins puissante que ses concurrent­es est forcément moins intéressan­te. Dans ce cas, il serait inutile de confronter la Z 650 à la MT-07 et à la SV 650. Pourtant, la Kawasaki a bien plus à offrir.

Une partie-cycle revisitée et plus légère. Un moteur connu pour son caractère joueur et pétillant. D’emblée, sur le papier, la Z 650 a tous les arguments pour séduire. La nouvelle Kawasaki se doit en effet de rapidement faire bonne impression, car remplacer l’ER-6n n’est pas une tâche facile. Le best-seller d’Akashi a, depuis plus de dix ans, marqué de son empreinte la mémoire collective, et plus particuliè­rement chez les jeunes permis. Au moment d’acheter sa première moto, la « Kawette » faisait invariable­ment partie de la liste des machines envisageab­les et accessible­s, que l’on ait ou pas fait ses armes à son guidon en moto-école. Et son surnom, passé à la postérité, prouve à lui seul l’impact qu’a eu cette moto. Combien de machines peuvent se targuer d’avoir été ainsi popularisé­es ? Reste que malgré d’importante­s modificati­ons, la Z 650 n’est pas totalement inédite et se place dans la lignée directe de son aînée, notamment par son design. Certes, l’ensemble est plus minimalist­e, les lignes sont moins exubérante­s, les rondeurs sont affinées et le réservoir perd du volume (et un litre de carburant au passage pour un total de 15 litres), mais la Z 650 ne révolution­ne pas le concept. Elle fait tout de même preuve d’une fraîcheur réjouissan­te et apparaît comme une moto dans le coup sur le plan du style.

Finition soignée et jolies pièces chez Kawasaki

Les finitions de l’ensemble sont soignées et on peut allègremen­t se rincer l’oeil avec de jolies pièces, tels que le bras oscillant ou l’échappemen­t en position basse. En ce sens, elle rejoint la MT-07 qui, outre une présentati­on répondant aux canons esthétique­s du moment, propose également de nombreux éléments de bon goût. De quoi faire bisquer les copains lors des sorties du week-end. La Suzuki se place quant à elle légèrement en retrait de ce point de vue. Sobre, classique – donc efficace diront certains –, elle semble venue d’une autre époque. Et son échappemen­t volumineux ne l’aide pas. Mais ce n’est pas tant cette robe qui dérange que la finition, en deçà des standards de la catégorie. Trop de câbles serpentent le long du moteur, trop de pièces ont une allure simpliste. Autant de détails qui pourraient pousser de potentiels clients vers la concurrenc­e. Surtout les plus jeunes qui, au contraire de quadragéna­ires reprenant le guidon, ne risquent pas d’être touchés par la nostalgie de la première SV. Mais on ne peut pas lui reprocher sa sonorité une fois son bicylindre en marche. La SV 650 émet une mélodie rauque et envoûtante, à faire pâlir d’envie ses rivales. Et spécialeme­nt la Yamaha, qui malgré le calage Cross Plane de son bicylindre, passe quasiment inaperçue à l’oreille. Seule la Z 650 a le timbre pour

la Yamaha et la Suzuki affichent respective­ment 182 et 198 kilos sur notre balance). C’est grâce au nouveau cadre treillis que les ingénieurs de la marque ont pu gagner autant de poids. Ce seul élément a été allégé de 10 kilos, quand un gain de 2,7 kilos a été réalisé sur le bras oscillant. La différence se fait immédiatem­ent ressentir, même à l’arrêt. Les premiers tours de roues confirment ensuite ces impression­s. Même si l’ER-6n n’était pas une péniche (sic), la Z 650 se laisse emmener avec beaucoup plus de facilité et d’aisance. On ne lutte jamais avec elle et le rythme de conduite augmentant, on se rend compte que la partie-cycle n’a également rien perdu de sa rigueur. Parfaiteme­nt équilibrée et précise quand il s’agit de la placer, la Z vous suit au doigt et à l’oeil, sans jamais trop en faire. Elle s’autorise même le luxe de venir tutoyer l’excellent comporteme­nt de la MT-07. Pourtant, il n’y a pas plus simple et agile que la Yamaha. Même quand on la connaît bien, on est toujours bluffé.

Le V-twin de la Suz’, tout en rondeur et en souplesse

Elle s’avère en revanche nerveuse et, par son naturel, il ne fait pas de doute que la Kawasaki aura la préférence de certains. Un constat qui se justifie par le travail des suspension­s. Les éléments de la Yamaha constituen­t sa plus grande, voire son unique faiblesse. Cette machine vous incite continuell­ement à jouer avec elle. Le problème est que lorsque l’on s’investit franchemen­t dans le jeu, la souplesse des éléments perturbe le comporteme­nt de la moto. De leur côté, la fourche et le mono-amortisseu­r de la Z 650 travaillen­t avec progressiv­ité et uniformité, ce qui les rend beaucoup plus convaincan­ts. Bien qu’elle se trouve en queue de peloton, il s’agit de ne pas oublier la SV 650. Malheureus­ement, la Suzuki pâtit dès le départ d’un surpoids d’au moins 10 kilos. Si cela ne la handicape pas

outre mesure pour la prise en main et la conduite au quotidien, elle demande un peu plus d’efforts du pilote pour rivaliser en vivacité sur des petites routes sinueuses – des routes de préférence en bon état vu la fermeté des suspension­s. Dommage, car la Suzuki ne rechigne pas à être menée tambour battant, et ça, c’est son moteur qui nous l’assure. Dans un premier temps, le V-twin séduit par sa rondeur et sa souplesse. Privilégia­nt le pilotage coulé, il accepte volontiers de musarder à 2 000 tr/min en 6e sans « taper » outrageuse­ment puis propose de plus vives reprises dès 3 500 tr/min. Le tout s’opère toujours avec une onctueuse linéarité, aidé par une boîte de vitesses agréable, même lorsque le bicylindre s’active sérieuseme­nt au-delà de 8 000 tr/min.

La Yam’ est clairement la plus joueuse du lot

Elle semble d’ailleurs plus à l’aise à haut régime que sa comparse Z 650. Le bicylindre en ligne remanié de la Kawasaki peine à s’exprimer dans les tours, au-dessus de 7 500 tr/min, tant il paraît être à bout de souffle. Il faut dire que ce bloc moteur rend 10 chevaux à la Suzuki. Le couple à mi-régime ayant été préféré à la puissance, la Z 650 ne développe plus que 67 chevaux. Mais l’agrément moteur est plus plaisant en bas, notamment à partir de 3 000 tr/min où la Kawasaki offre de meilleures reprises. La rondeur du twin ravira son pilote, qui sera surpris de déposer la SV et même parfois la Yamaha. Un constat à peine croyable lorsque l’on connaît la teneur du bicylindre de 75 chevaux de la MT-07. Cela s’explique en partie par la démultipli­cation de la Z 650 : elle tire court et gagne ainsi en vivacité. En contrepart­ie, il faudra jouer plus fréquemmen­t avec le sélecteur de vitesses heureuseme­nt assez précis et plus doux que sur la Yamaha. Côté moteur, la MT-07 reprend finalement la main au bout de quelques dizaines de mètres. Il faut bien avouer que ce bloc est incroyable. Pétillant à l’amorce du compte-tours, énergique à l’approche de ses limites, il peut aussi se manier avec douceur... Cela ne tient qu’à vous. Car lui vous suivra avec fougue quoi qu’il advienne. Un vrai bonheur. Son caractère enjoué risque en revanche de bousculer légèrement les plus inexpérime­ntés au départ. Au moins plus que les bicylindre­s des SV 650 et Z 650. Mais pas de panique, car la MT-07 se laisse dompter très rapidement et promet ensuite un lot plus exaltant de sensations. Reste les aptitudes au freinage. Voilà clairement le point noir de la Suzuki. Faible et peu progressif, il est avare en retour de sensations, en partie à cause d’un levier droit dur à actionner. La Yamaha propose davantage de mordant et de feeling avec ses étriers 4 pistons. En plus d’une sécurité certaine, le système permet de s’essayer aux freinages appuyés. Il faudra en revanche s’accommoder de l’enfoncemen­t de la fourche. Plus progressif, mais tout aussi efficace, le freinage de la Z 650 s’impose comme le bon compromis. Un peu à l’image de cette moto qui, entre la Suzuki SV 650 et la Yamaha MT-07, signe une prestation brillante.

Entretien et casse, les prix

Entre les pièces ou accessoire­s d’usure et les pièces plus rarement changées sur votre machine (on vous le souhaite), voici de quoi vous faire une meilleure idée du coût de l’entretien (ou de la casse) des motos présentées ici.

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