Moto Revue

Prix de 19 ans décide de se mettre à l’endurance... Qu’est-ce qui t’a motivé ?

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J’habitais à côté du Castellet, et le Bol d’Or, j’y allais en scooter pour voir les champions comme Hervé Moineau, Christian Lavieille... C’était dans mon ADN. J’ai toujours considéré l’endurance comme une discipline importante.

se remettent à la moto après une longue abstinence. Faire des stages de remise à niveau, redonner confiance.

Une approche pédagogiqu­e en somme...

Tout à fait. La formation et la prévention me tiennent à coeur, et je pense qu’il est intéressan­t d’utiliser mon image de pilote de course pour faire passer des messages, notamment auprès des plus jeunes. Par exemple, je vais dans les écoles leur expliquer l’intérêt d’être bien équipé, je leur présente des gants, un casque coupé en deux pour leur expliquer comment c’est fabriqué, etc. Ce sont des messages forts que j’ai envie de faire passer en me disant que s’ils deviennent motards un jour, ils se souviendro­nt de ça. Oui, eux sont plus axés sur la compétitio­n pure avec leur championna­t, c’est super ce qu’ils font. Moi l’idée, c’est plutôt d’avoir des enfants qui commencent chez moi et partent ensuite chez Fellon. En même temps, le petit Coupet que j’ai récupéré chez eux est devenu champion de France chez moi. Nous sommes complément­aires, et c’est très bien.

Pour 2017, quel sera ton pilote sur la Moto2 ?

Le jeune Français Andy Verdoïa a signé pour notre team. Il a 14 ans, c’est vraiment un super gamin, motivé, poli, bien éduqué et qui n’a pas hésité à partir en Espagne, sans ses parents. Il est inscrit dans un collège espagnol alors qu’il ne connaissai­t pas la langue en arrivant. Aujourd’hui, il parle couramment espagnol et anglais, fait de la moto trois soirs par semaine... On a décidé de monter un team en Moto3, exprès pour lui. L’idée, c’est de l’accompagne­r jusqu’aux portes des Grands Prix. Il a tout pour réussir, il est un peu comme Fabio (Ndlr : Quartararo)...

Tu connais bien Fabio ?

Je m’occupais de la Conti School où a débuté Fabio, et on a vu d’emblée que c’était un pilote très doué. Bon, il a vécu deux années difficiles, mais c’est mieux de subir une petite traversée du désert au départ que plus tard. Je pense que l’année 2017 va le faire grandir. Pour en revenir à Andy, nous avions vraiment envie de travailler avec lui. Je ne suis pas agent, je ne signe rien avec le pilote excepté le contrat qui le lie au team, en revanche, je cherche à mettre tout en oeuvre pour aller au bout du projet que l’on s’est fixé ensemble. Mon rêve, c’est de prendre un gamin de 6 ans et de l’emmener jusqu’en MotoGP. C’est ma drogue... Il ne se passe pas une semaine sans que je roule, et chez moi, toute ma famille gravite autour de tout ça. Mes enfants en font, ma femme me pousse, mes amis : on va tous dans le même sens. Beaucoup. Avec mes coéquipier­s Julien Da Costa et Freddy Foray, on est à fond, et motivés pour bien faire. Le but, c’est de gagner une course de 24 heures avec Honda ; notre situation en 2016 n’était pas normale, nous devons être plus performant­s cette année. Les changement­s opérés en interne devraient nous le permettre, j’ai confiance en tout cas.

Qu’est-ce que t’a appris le fait de vieillir ?

Si je savais à l’époque où j’ai commencé ce que je sais aujourd’hui, ça se serait passé autrement...

de là... Avec les jeunes pilotes, je passe pour un vieux, je commence à leur raconter des anecdotes, un peu à la Sarron (rires)... Du coup, j’essaye de ne pas trop en raconter (rire). Ce qui est marrant, c’est qu’au début de ma carrière, j’étais toujours le plus jeune dans la plupart des catégories où je suis arrivé, aujourd’hui, c’est l’inverse. Je trouve ça très bien. Le fait qu’Eurosport soit aux commandes, que les organisate­urs français des courses de 24 heures se bougent vraiment, ça donne un nouvel élan à notre discipline. La preuve aussi avec l’arrivée des pilotes de Grands Prix. C’est un mélange des genres qui renforce l’intérêt pour la discipline. C’est aussi pour ça que j’ai envie de continuer, parce que je me dis que le meilleur arrive pour l’endurance. Je trouve ça très bien qu’ils viennent, parce qu’en parlant d’eux, on parle de nous, surtout que ce n’est pas toujours facile pour eux, ni au niveau des chronos, ni au niveau des chutes, ce qui était un peu prévisible. Leur état d’esprit, c’était le mien quand j’ai débarqué en 1998. Venant des GP, tu sais qu’on n’attend pas de toi que tu termines 10e, et puis tu es mis en perspectiv­e avec tes coéquipier­s qui sont le plus souvent des vrais pilotes d’endurance, donc ça te met une pression supplément­aire au niveau des chronos. La gestion de la course n’est souvent pas la même, eux veulent souvent se mettre en avant, moi je veux avant tout ramener ma moto à la meilleure position, quelles que soient les conditions. Mais voir Casey Stoner aux 8 Heures de Suzuka, ou Pol Espargaro, ou Bradley Smith, c’est génial pour la discipline. Le premier qui a fait ça en France, c’est Guyot (Ndlr : le boss du GMT 94) quand il a fait venir Garry McCoy dans le team.

McCoy, je me rappelle quand il est arrivé, lui qui mettait sa 500 2-temps dans tous les sens, et qu’il s’est envolé dans la Dunlop, il m’a dit en rentrant au stand : « Mais vous êtes des grands malades ! » La même chose la première fois qu’il a roulé de nuit, il nous a pris pour des cinglés. J’aimerais bien voir un top pilote de GP sur une course de 24 heures, et notamment recueillir ses impression­s après le relais de 3 ou 4 heures du matin, celui où tu te dis : « Qu’est-ce que je fous là ? »

Il ne me déplaît pas (rire). J’aime bien quand ça se durcit, en sport, j’aime l’idée de me faire mal, j’ai un caractère qui me pousse à aller loin. Je dois avoir un peu d’ego, et mon ego me pousse à faire en sorte de ralentir le temps qui passe.

Non. Honnêtemen­t, non. Je ne pourrais même pas te dire... C’est peut-être mon corps qui dira stop, mais aujourd’hui, il est encore souple, et j’ai toujours envie. Et j’aime l’adrénaline, j’en ai besoin pour continuer d’avancer.

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