Moto Revue

Nouvelle donne en Moto3

Malgré une Honda rétive, Marc Marquez a réussi l’an dernier à décrocher son troisième titre de champion du monde MotoGP. Cette saison encore, le HRC comptera exclusivem­ent sur son acrobate espagnol pour se maintenir sur le trône.

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Comme la catégorie Moto2, la classe Moto3 se régénère cette saison. Après avoir surclassé ses adversaire­s en 2016, Brad Binder laisse son trône vacant pour s’en aller poursuivre sa carrière dans la classe intermédia­ire. Troisième et quatrième du classement général, Jorge Navarro et Francesco Bagnaia font de même, tout comme Andrea Locatelli, Fabio Quartararo et Khairul Idham Pawi. Sur le papier, Enea Bastianini (photo) semble donc le mieux placé a priori pour succéder au champion du monde sud-africain. Vice-champion du monde, il s’est retrouvé six fois sur le podium en 2017. En mauvais terme avec le team Gresini, l’Italien s’est engagé avec l’équipe Monlau d’Emilio Alzamora. S’il se plie aux exigences et à la rigueur de la structure espagnole, Bastianini peut sans aucun doute décrocher le titre. Honda pourra aussi compter sur Fabio Di Giannanton­io, le jeune et prometteur pilote italien que l’on a vu l’an dernier monter à trois reprises sur le podium. Sans oublier Romano Fenati, viré en cours de saison du team Sky VR46 et aujourd’hui pensionnai­re de l’équipe Ongetta. Dans le camp KTM, on misera à nouveau sur le team Ajo, qui aligne désormais Niccolo Antonelli au côté de Bo Bendsneyde­r, ainsi que sur l’équipe Sky VR46 où n’évoluent plus désormais que Nicolo Bulega et Andrea Migno. À noter qu'un Français courra cette année en Moto3 : Jules Danilo, qui poursuit son aventure avec le team Ongetta.

Après quatre années de stabilité, le vent du changement a soufflé chez Yamaha. Jorge Lorenzo s’en est allé après neuf saisons de bons et loyaux services – et trois titres de champion du monde –, tout comme Pol Espargaro et Bradley Smith ont quitté les rangs de l’équipe Tech3. De fait, Valentino Rossi sera cette année le seul pilote Yamaha à connaître la M1 sur le bout des doigts. En tirera-t-il avantage pour tenter de glaner ce dixième titre qui lui échappe depuis son retour dans le giron du constructe­ur japonais ? C’est bien évidemment ce qu’il espère... et qui l’a aussi motivé à pousser Lorenzo dans les bras de Ducati. Pas sûr toutefois que l’Italien ait gagné au change avec Viñales. Après deux saisons d’apprentiss­age chez Suzuki, Maverick débarque en effet chez Yamaha avec une énorme ambition et l’envie d’aller chercher dès cette année son premier titre de champion du monde MotoGP. Habitué à croiser le fer avec Marquez depuis qu’il est tout gamin, le nouveau coéquipier de Rossi ne nourrit aucun complexe. L’Italien a pu s’en rendre cet hiver, Viñales ayant fait claquer d’incroyable­s chronos tout au long des tests de préparatio­n à la saison 2017. A priori, son manque d’expérience avec la M1 ne devrait pas être un gros handicap pour lui. Marquez n’a-t-il d’ailleurs pas été sacré champion du monde dès sa première saison en catégorie reine ? Quoi qu’il en soit, les deux officiels de la marque aux trois diapasons ont tenu des commentair­es plutôt élogieux à l’endroit de la nouvelle M1. Notamment en Malaisie, où ils l’ont qualifiée d’ « agile, facile, précise et plus puissante » . Fidèles à la philosophi­e de la marque, les ingénieurs japonais n’ont pas cherché à révolution­ner une machine réputée pour son homogénéit­é. Ils se sont contentés de faire évoluer une moto qui était encore très performant­e l’an dernier – preuve en est avec les chronos réalisés par Zarco et Folger au guidon de la version 2016. Le moteur, qui prend désormais un régime maxi un peu plus élevé, a été reposition­né dans le cadre pour remonter le centre de gravité, afin de favoriser le transfert de poids au freinage et mieux faire travailler le Michelin avant. Et moins solliciter le pneu arrière pour optimiser les fins de course. Après les essais de Phillip Island, un dernier doute subsistait sur le choix des deux options développée­s par Yamaha, la première privilégia­nt l’agilité, la seconde le grip en sortie de virage. Les ingénieurs ont également fourni un gros travail sur l’aérodynami­que, avec différente­s versions de carénage comportant des bossages, ainsi que des mini-ailerons placés dans un double flanc. Chez Tech3, Johann Zarco et Jonas Folger rouleront avec les motos utilisées l’an dernier par Valentino Rossi et Jorge Lorenzo. Les deux protégés d’Hervé Poncharal bénéficier­ont néanmoins d’évolutions électroniq­ues ainsi des conseils des ingénieurs japonais, qui ne manqueront pas d’aider les deux rookies à progresser au plus vite.

Depuis deux ans, chez Honda, Marc Marquez est l’arbre qui cache la forêt. Cet hiver encore, le pilote de Cervera a été le seul à faire jeu égal avec Maverick Viñales. Malgré des chronos prometteur­s et un rythme toujours aussi soutenu, le champion du monde en titre s’est cependant montré une fois de plus inquiet par rapport aux performanc­es de sa machine. Comme ce fut le cas l’hiver dernier, les ingénieurs du HRC ont pris du retard dans le développem­ent de leur V4. Les pilotes Honda ont passé les tests hivernaux à jongler entre deux configurat­ions de moteur avec des calages d’allumage différents. Et aucune n’a vraiment remporté les suffrages : soit le moteur est trop agressif, soit il manque d’accélérati­on. Pour jouer sur les courbes de couple et de puissance, les ingénieurs ont travaillé sur l’électroniq­ue mais aussi sur des longueurs d’échappemen­t différente­s. En vain. Pire, c’est le comporteme­nt général de la RCV qui a suscité les critiques. Pour tenter de satisfaire leurs cinq pilotes, les Japonais semblent pourtant prêts cette saison à faire du sur-mesure côté partiecycl­e. Il faut dire qu’entre Marquez, Pedrosa, Crutchlow, Miller et Rabat, les besoins sont extrêmemen­t différents. Le premier, freineur hors norme, roule avec un cadre hyper-rigide sur l’avant, qu’aucun autre pilote Honda ne peut utiliser. Crutchlow – depuis le mois d’août dernier –, Miller et Rabat – depuis novembre – disposent d’un cadre moins rigide qui leur a permis de retrouver le feeling de l’avant qui leur manquait. Reste à dompter la cavalerie que les ingénieurs japonais ont ajoutée à leur V4. « On progresse mais je ne suis pas encore tout à fait chez moi sur cette moto, confiait Marquez à Phillip Island. C’est étrange, mais il y a quelque chose que je ne sens pas bien alors que les chronos et le rythme sont pourtant là. » À la tête de l’équipe Honda, Livio Suppo se dit quant à lui serein : « Le but, c’est de faire aussi bien que l’an dernier. Après, un championna­t dépend aussi de ce que font tes adversaire­s. L’an dernier, ils ont commis des erreurs dont Marc a profité. De son côté, il s’est montré très intelligen­t. Il a beaucoup mûri en 2016, et il a aujourd’hui davantage de confiance en lui dans le sens où il sait qu’il est capable de maîtriser son tempéramen­t quand il le faut. Il y a un an, il était vraiment sous pression. Il savait qu’il avait commis trop d’erreurs la saison précédente et il se sentait un peu au pied du mur. C’était d’autant plus compliqué que nous étions en retard au niveau du développem­ent de la moto, surtout côté électroniq­ue. Nous sommes à présent dans une bien meilleure situation. » Cet hiver, plusieurs changement­s ont par ailleurs été opérés au sein de la structure Honda. Shuhei Nakamoto ayant atteint l’âge de la retraite, la direction du HRC a été modifiée. Tetsuhiro Kuwata a ainsi pris les commandes sur le terrain. « Cela n’a aucune incidence sur le

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