Moto Revue

TOUS DERRIÈRE LORENZO

Après avoir renoué avec la victoire grâce à Dovizioso et Iannone l’an dernier, Ducati veut désormais redevenir un prétendant au titre de champion du monde. Pour cela, le constructe­ur italien a recruté Jorge Lorenzo. Un défi à haut risque, aussi bien pour

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Il y a dix ans, Casey Stoner devenait champion du monde MotoGP au guidon de la Ducati D16 GP7. C’était le premier titre pour l’Australien comme pour le constructe­ur de Borgo Panigale. Depuis, Stoner a ajouté une seconde couronne à son palmarès, en 2011 avec Honda. Ducati, en revanche, n’a plus rien gagné. L’usine italienne s’est même enfoncée dans la crise lorsque Stoner a laissé sa place à Valentino Rossi. Il a fallu attendre l’arrivée de Gigi Dall’Igna et la restructur­ation du service course pour que la marque transalpin­e relève la tête. La saison dernière, profitant des progrès de la dernière mouture de la D16, Iannone et Dovizioso ont réussi l’un et l’autre à offrir à l’équipe Ducati une victoire qui lui échappait désespérém­ent depuis six ans. Cet hiver, l’italienne a continué à évoluer par petites touches. Pour compenser la perte des ailerons qui étaient devenus si emblématiq­ues, les ingénieurs du service course ont retravaill­é la forme de leur carénage, tout en défrichant de nouvelles pistes au niveau de l’utilisatio­n des flux aérodynami­ques liés aux échappemen­ts. L’équipe de Dall’Igna travailler­ait ainsi sur un système de valves installé au niveau de la selle permettant de modifier la vitesse et la direction du flux des gaz d’échappemen­t, pour aider la moto à garder sa roue avant au sol. Avec ça, les hommes de Dall’Igna ont également fait évoluer la partie-cycle de la D16 puisque l’amortisseu­r est désormais fixé sur le moteur. Une cinétique de suspension qui ressemble à celle de la Yamaha M1 et qui devrait aider la moto à tourner plus facilement et à mieux tracter en sortie de virage. Mais surtout, les Italiens ont recruté cette année l’un des trois meilleurs pilotes du moment en la personne de Jorge Lorenzo. Réputé pour avoir un style opposé aux exigences de la Ducati, l’Espagnol pourra-t-il réussir là où tant d’autres ont échoué ? Pour Christian Gabarrini, son nouveau chef mécanicien qui a longtemps travaillé avec Stoner, Lorenzo a tout ce qu’il faut pour mener à bien son nouveau challenge. « Jorge m’impression­ne, témoignait en février le technicien, de retour chez les Rouges après six années passées chez Honda. Il a vraiment envie d’y arriver, il est très motivé. Et puis il fait des choses incroyable­s sur la moto. Il est très régulier quand il prend la piste et il est capable d’expliquer le comporteme­nt de la machine virage par virage. Cela nous facilite les choses. Pour l’instant, nous sommes encore en phase d’adaptation. On travaille avant tout sur l’ergonomie, l’objectif étant qu’il se sente à l’aise en piste. » Les essais hivernaux ont tout de

même été laborieux, Lorenzo comme Dovizioso se plaignant d’une machine toujours aussi difficile à emmener au point de corde. « On est quand même beaucoup mieux que l’an dernier à la même époque, tempérait ce dernier à Phillip Island. Mais la moto a encore du mal à tourner. Et quand tu forces pour tourner, tu ne peux pas exploiter les qualités de ton moteur en sortie de virage. » S’il lui sera difficile de briller lors des dix-huit Grands Prix du championna­t, Lorenzo devrait toutefois être en mesure de s’illustrer ici et là. Pour le reste, Ducati sera cette année encore le constructe­ur le mieux représenté avec un escadron de huit pilotes. Lorenzo, Dovizioso et Petrucci disposeron­t d’une D16 GP17 tandis que Bautista, Redding et Barbera rouleront avec un modèle 2016. Baz et Abraham seront, eux, équipés d’une GP15. Si l’an dernier, la GP16 a nourri des espoirs dans le camp italien, force est de reconnaîtr­e que ses pilotes ont aussi profité des avantages que leur conférait alors le règlement technique avec des pneus plus tendres, du carburant supplément­aire et davantage de moteurs. Aujourd’hui à armes égales avec Yamaha et Honda, Ducati risque d’avoir fort à faire pour franchir la dernière marche et retrouver son rang. La période d’essai de Dall’Igna était désormais achevée, la pression va forcément s’accentuer sur l’équipe officielle. La direction de l’usine et les sponsors attendent des résultats. Lorenzo et Dovizioso sont prévenus.

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