Rallye de la Sarthe UN CHOUETTE RALLIEMENT
Le rallye est l’épreuve sportive moto française la plus ancienne et la plus « naturelle ». Le tirage de bourre sur route fait partie des institutions de la moto, notre notion du partage à nous. Exemple au Rallye de la Sarthe, qui a eu lieu au début du moi
Je pousse ma moto dans la file d’attente du contrôle technique, derrière la Ducati Multistrada du champion de France des rallyes 2016, Christophe Velardi. Je déplie la béquille de ma Yamaha XSR 900, me retourne, étonné de voir une belle Kawa 900 Ninja verte, modèle 1985. Son propriétaire, Cyril, me salue d’un sourire en coin. « Ce n’est pas trop gênant la jante avant de 16 pouces en virage ? » Il me répond en haussant les épaules : « J’ai trouvé un bon pneu avant et ça suffit bien. Je ne viens pas pour faire le scratch. » Le rallye porte bien son nom. Plus qu’une course, c’est un ralliement au sein du paddock, puis sur les petites routes qu’on aime tous, avec la moto qu’on choisit. En anglais, « rally » désigne un rassemblement, comme celui de Sturgis aux USA ou l’Elephant Rally en Allemagne. Comme une communion qui célèbre la route. Là, à La Suze-sur-Sarthe, on est environ 150 à fêter la soixantième édition du Rallye de la Sarthe, à patienter jusqu’au départ, ce soir à 20 heures, pour la première boucle, qui se terminera de nuit, peut-être à 2 heures du mat’. Nous nous sommes tous rassemblés sur cette vaste pelouse, devenue camping, en bord de Sarthe. Bien sûr, les cadors qui jouent le championnat ont pris quelques jours pour venir reconnaître les deux spéciales (Lombron et La Trugalle), portions de route d’environ trois kilomètres sur lesquelles le chrono désignera le vainqueur. Les autres sont arrivés le vendredi matin, jour de contrôle technique. Ils découvriront, comme moi, les spéciales cette nuit, aidés par de puissants éclairages additionnels. Mais tous discutent, échangent, et les premiers ne sont pas avares de conseils. Même s’ils n’ont pas pu reconnaître les spéciales à moto, le règlement l’interdit. Certains l’ont fait à vélo, d’autres en voiture ou en camion, des dizaines d’allers-retours à détailler ces serpentes de bitume en pleine cambrousse. Pour repérer les freinages, les virages ouverts où on peut rester à fond, les changements de direction imprévisibles...
L’assistance d’un labrador
La troupe s’est rassemblée en fin de journée pour le prologue, qui sera une boucle pour rien. Elle va permettre à ceux qui n’ont pu reconnaître – et ils sont nombreux – de découvrir de jour une partie du parcours routier et surtout, les deux spéciales. Avant de s’élancer à 20 heures pour la vraie course. Nous avons tous le road book, qu’on déroule au fur et à mesure du parcours pour suivre les indications notées par l’organisation. Les moins fortunés ont installé un boîtier étanche sur leur guidon, dans lequel s’est enroulée une version papier du cheminement, qui ne pardonnera pas beaucoup d’erreurs. Il faut chaque fois pointer à l’heure, dans les trente secondes qui suivent le temps imparti. Les plus riches (ou sponsorisés) possèdent