Moto Revue

LA CLAQUE !

« Tu verras, elle est facile notre moto, on l’a voulu confortabl­e, une pure moto d’endurance. » C’est avec les mots de David Checa, l’un des trois mousquetai­res de la n° 94, que je remonte la voie des stands... Pour tout oublier dès la première accélérati

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Le propre de l’homme, et ce qui lui a permis d’évoluer tout au long de son histoire, c’est sa faculté à s’adapter à toutes les situations. Mouais... Enfin ça, c’est ce qu’on dit avant d’essayer la Yamaha R1 du GMT 94. Parce qu’avant de s’y adapter, ben va falloir sérieuseme­nt potasser le manuel Comment devenir un pilote qui met du gaz !. Impossible sinon de comprendre le sens des mots que David Checa me soufflait au moment de partir essayer sa moto. « Facile » , « confortabl­e » , tu parles... Perso, dans mon casque, dès que l’horizon s’est élargi et que j’ai tenté de tordre le caoutchouc droit, je me suis mis à hurler « Whôôôô puuut... !!! » et au premier freinage « Aaaaaarrgh bordeeeel !!! » , avant de reprendre sur l’accèl’ suivante « Watatatata !!! » ... Pas de mots audibles, juste des onomatopée­s, des bruits de sanglier. Tu parles qu’il m’a fait évoluer l’engin. Darwin ne serait pas fier de moi. Trois sessions de plus et je retournais dans une caverne... Ou pas notez, peut-être que j’aurais essayé deux-trois trucs pour tâcher de voir un peu plus loin, en tout cas un peu plus clair, tentant de me rapprocher des contours de la zone de fonctionne­ment où les pilotes titulaires utilisent cette R1, celle-là même qui leur permet de la trouver « facile ». Moi, en deux jets de 20 minutes, je l’ai juste trouvée bestiale, certes plus au départ qu’à la fin, mais quand même, a minima très exigeante et au-delà de mes compétence­s pour envisager de la faire fonctionne­r dans son spectre d’utilisatio­n. En écrivant ces lignes, me revient le souvenir d’une réunion il y a quelques années avec les acteurs majeurs de l’endurance au sein de nos murs, et Christophe Guyot d’y souligner alors à quel point leurs motos étaient de belles machines de compétitio­n, presque de purs prototypes, des motos capables de faire rêver tous ceux qui s’en approchent. L’avait pas menti, l’ami Guyot. Cette moto n’est pas une R1 standard. Un galop d’essai au guidon d’un modèle de série quelques petites minutes après mon second run sur la GMT 94 aura fini de me le prouver. Vous savez ce que je me suis dit sur ma R1 standard ? Non ? Eh bien, d’abord qu’elle était confortabl­e, avec une selle douce, des suspension­s que l’on sent travailler,

un guidon vraiment étriqué, resserré, un moteur exploitabl­e où l’on ne craint nullement de mettre gaz en grand à la sortie de virage, des freins un poil mollassons... Allez, je grossis le trait, vous savez à quoi je la comparais ma R1 standard d’essai post-GMT 94 ? À une FJR 1300. J’exagère ? À peine, pour la notion de poids oui, parce que celle que j’ai trouvée la plus facile, la plus maniable, c’est la R1 de série. Une vraie guêpe. Pourquoi ? Parce que la R1 du GMT 94 est juste plus-plus (jusque dans le réservoir d’essence de 24 litres) ! Et tout le temps ! Ça commence dès les premiers tours. Pour faire simple, je n’ai pas réussi à poser le genou dans les deux premières boucles alors qu’avec la R1 standard, je le racle naturellem­ent dès le premier virage.

Même en mode « petites roupettes », ça dépote !

Là, avec la GMT, il a fallu que je cherche... Non pas que je me contente de m’appliquer, mais que je m’implique. Sans cela, impossible d’espérer en tirer quoi que ce soit. Comparée à une version de série, cette moto de course met en avant sa très grande rigidité. Installé à ses commandes, rien ne bouge. Comme si l’ensemble était figé. Et en roulant, on ne sent pas les suspension­s Öhlins travailler davantage. Rouler ne suffit pas, ce n’est qu’en augmentant le rythme que l’on sent poindre quelque chose, comme un soupçon de début de vérité. Je parlais de commandes juste avant, et elles sont larges ces commandes, avec un guidon au cintre ouvert, avec de grands demi-guidons qui facilitent les appuis sur les extrémités au moment de plonger en virage, mais aussi qui permettent de pousser fort dessus au moment de prendre les freins. Un poste de pilotage au format XL comparé à la série. Et il me fallait bien ça pour m’accrocher, parce qu’au moment de mettre du gaz, là, la R1 du GMT vous raconte une histoire. Une sacrée histoire. Même en « mode D », le mode « petites roupettes » selon les gars de chez Yam’ (pour faire genre, j’ai essayé ensuite le mode C, moyenne roupettes…), ça dépote sévère l’engin. Pour faire clair – et court –, cette moto va vite, très vite. Et longtemps ! Grâce à ses rapports de boîte bien étagés, elle me permettait ainsi de tirer la deuxième vitesse à fond entre deux virages alors que sur la standard, j’étais obligé de passer la trois. L’accélérati­on est vraiment bluffante, même si l’électroniq­ue est plus développée (zéro wheeling), il m’a fallu du temps pour oser mettre à fond sur les rapports intermédia­ires, simplement parce que cette moto vous chamboule les points de repère. Heureuseme­nt que la bulle Ermax permet de bien s’isoler derrière le guidon, à l’abri des turbulence­s, même si ce moment de « répit » ne dure pas longtemps, rapport à la cadence à laquelle cette R1 vous balance jusqu’à l’entrée de virage suivante. Pas de problème pour s’arrêter, les freins sont là aussi exceptionn­els à la fois de puissance et de sensibilit­é. Et comme les slicks Dunlop collent au bitume, autant dire que les phases de freinage sont sécurisant­es. Ça tombe bien…

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1 Un émetteur Brembo PR19 de haute facture, un guidon au bras de levier très important, le poste de pilotage est soigné. 2 Le bras oscillant n’est pas en carbone, les protection­s, si. Vue de la roue crantée permettant un bon paramétrag­e de...
 ??  ?? Saint Christophe (Ndlr : si, si, vu, l’auréole au-dessus de la tête ?) donne les dernières consignes avant de nous confier son bolide. Avant de refermer ma visière, je me rappelle distinctem­ent avoir entendu de sa bouche : « Moto Revue, tu ne chuteras...
Saint Christophe (Ndlr : si, si, vu, l’auréole au-dessus de la tête ?) donne les dernières consignes avant de nous confier son bolide. Avant de refermer ma visière, je me rappelle distinctem­ent avoir entendu de sa bouche : « Moto Revue, tu ne chuteras...

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