BMW HP4 Race
Il n’y a pas de débat. Cette BMW, summum de la marque, représente aussi un sommet de l’espèce : celle des hypersportives d’exception. Une HP4 Race aux allures de pur-sang, heureusement débourrée grâce à une conception de haut vol et des équipements de poi
Vous n’aimez pas les maths ? Moi non plus, pas trop. Je n’ai par exemple jamais accroché avec la géométrie, surtout celle dans l’espace, c’est dommage d’ailleurs, parce que c’est sûrement là que cette BMW HP4 Race veut en venir, ou en tout cas vous envoyer... Quoi qu’il en soit, en détaillant les chiffres annoncés par cette moto, je me suis dit qu’il y avait peut-être une mise en perspective arithmétique à tenter. Il m’a alors suffi de poser deux divisions éclairantes (niveau CM1) pour comprendre. La première, le rapport prix/ puissance, la seconde, le rapport prix/poids, ce qui nous donne, respectivement, 80 000 €/ 215 ch = 372 € par cheval, et 80 000 €/ 146 kg = 547 € par kilo (468 € avec les pleins, 171 kg annoncés). Pour évaluer les choses d’un point de vue global, il suffit de conserver les mêmes critères et méthodes de calcul et de les appliquer à la S 1000 RR (soit l’hypersportive de série de BMW) pour constater que la S 1000 RR pèse 89 € du cheval et 87 € du kilo (204 kg avec les pleins)... Un monde d’écart, qui se traduit par les chiffres (donc) et s’explique (surtout) par les lettres – de noblesse – de cette HP4 Race. Depuis trois ans que ce programme a été lancé, les seules limites qui ont été imposées à l’équipe en charge du projet auront été, justement – selon Christian Gonshor, le Project leader –, de ne pas en mettre : « Pas de compromis ! Nous ne voulions aucun compromis pour le projet HP4 Race. Nous avons eu comme seul objectif de créer la moto la plus performante qui soit, en regroupant le meilleur de notre savoir-faire, que ce soit au niveau mécanique, électronique, ou encore de la conception. L’adoption d’un cadre en carbone témoigne de ces choix. » Si la catégorie hypersport représente pour chaque constructeur sa vitrine technologique, il est des modèles qui poussent encore plus loin le concept. C’est le cas pour Ducati par exemple avec sa Superlegerra, ça l’est également pour BMW avec cette HP4 Race. Produite à seulement 750 exemplaires (tous numérotés) et affichée au tarif de 80 000 €, cette moto conjugue les superlatifs sans jamais bégayer. Ses choix, elle les assume, comme son prix, finalement cohérent par rapport à ce qu’elle offre, et pas seulement par
ses performances dynamiques comme nous le verrons plus loin, mais aussi par la richesse de ses équipements. La marque de fabrique de la HP4, c’est le carbone. Une technologie que BMW explore avec beaucoup d’implication depuis des années (en automobile déjà), en développant sa technique pour l’adapter aux différentes contraintes mécaniques (voir encadré). Au-delà de l’habillage (carénage, garde-boue, bâti arrière autoporteur), des roues (30 % plus légères), c’est aussi en carbone qu’a été façonné le cadre (il ne pèse que 7,8 kg, soit 4 kg de moins que celui de la moto de Superbike), une première pour une machine produite en (petite) série. En adoptant ces matériaux et en les associant à des équipements très haut de gamme (suspensions Öhlins, freins Brembo spécifiques), la HP4 Race annonce un poids record de... 146 kg à vide ! Bon, là, ça doit être vide de chez vide, sans essence, ni huile, ni fluide, ni batterie... Reste peut-être l’air dans les pneus... Tous pleins faits, BMW annonce 171 kg, ce qui constitue là encore une sacrée prouesse (pour rappel, la S 1000 RR avoue 208 kg). Surtout si on met ce poids en perspective avec celui imposé (à sec) aux MotoGP (157 kg) et aux machines de Superbike (168 kg). Pour 80 000 €, vous voilà donc propriétaire d’une moto tutoyant la catégorie reine. Bon, certes l’allemande n’offre pas une puissance comparable (environ 260 ch pour un prototype de MotoGP), mais avec 215 ch, la Race fait un bond spectaculaire comparé à la S 1000 RR de série (199 ch). Pour y parvenir, de nombreuses pièces internes ont été changées (arbres à cames, pistons, bielles, etc.) et une électronique de pointe adaptée (assistances au pilotage très développées – voir encadré) pour accroître les montées en régime. Le travail de qualité a visé à réaliser, sur chaque moto, une métrologie parfaite, c’est-à-dire à choisir les pièces mécaniques qui s’imbriqueront de la manière la plus efficace possible, limitant les pertes et augmentant la performance. Avant d’être monté dans le cadre, le bloc 4-cylindres (entièrement monté à la main, donc) est testé et même rodé ! Le rodage donne lieu à un passage au banc pour garantir à tous les propriétaires une puissance certifiée de 215 ch. À la fin de cette étape, les durées d’ouverture et le jeu aux soupapes sont contrôlés, le moteur est vidangé puis plombé ! Tout le contraire de l’ambiance qui monte devant les stands, au moment où les cinq HP4 Race mises à la disposition d’un petit comité de veinards (dont je fais partie) s’ébrouent, laissant échapper de leur ligne 100 % titane une sonorité franchement enivrante. Comme nous le confiait Christian Gonshor la veille, « la HP4 Race a été pensée et développée pour rouler, ce n’est pas une moto de salon, mais une vraie machine conçue pour procurer des émotions » . Ça tombe bien, voilà qu’on me demande de boucler mon casque.