Moto Revue

Sécurité en Tunisie

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En pleine transition depuis le printemps arabe de 2011, le pays a connu ces dernières années de graves problèmes de sécurité qui ont provoqué la fuite des touristes. Le dispositif mis en place par le gouverneme­nt semble cependant porter ses fruits. Kasserine (Centre-Ouest) et ses alentours et les frontières algérienne et libyenne sont les seules zones véritablem­ent déconseill­ées. Les autorités sont très présentes sur les sites touristiqu­es et les axes principaux (d’autant plus que la zone est « compliquée »), et nous ont pris en charge, avec sympathie et profession­nalisme, pour assurer notre sécurité tout au long de notre séjour. Nous avons par ailleurs bénéficié de la bienveilla­nce de la population qui voyait en nous la perspectiv­e du retour du tourisme. Conseils : se renseigner sur l’évolution de la situation avant le départ (site du ministère des Affaires étrangères, forums de voyages), ne pas s’aventurer sur les petites routes dans les zones reculées et suivre les recommanda­tions des forces de l’ordre ou se signaler auprès d’elles.

de cette région semblent hors du temps et disparaîtr­e sous l’assaut des dunes. La traversée du lac salé Chott el Djerid est un moment magique à vivre à moto : seule la bande de goudron, qui semble s’étendre à l’infini, tranche avec ce paysage blanc et uniforme qui invite au hors-piste. La couche de sel est cependant mince et je manque de m’embourber. Je ne lâche rien et visse la poignée de gaz de la Mash qui donne tout et me ramène tranquille­ment sur la route dont je m’étais écartée. Crépie de sel, la moto a besoin d’un petit toilettage au Kärcher. Résultat : la bécane est propre mais impossible de la démarrer ! Sans doute un faux contact. Une petite séance de démontage durant laquelle nous faisons sécher la tripaille et sauter les sécurités de béquille et d’embrayage nous permet de résoudre le problème. Tozeur, sa palmeraie, et le circuit des oasis de montagne nous offrent un peu de fraîcheur dans cette région désertique où il fait déjà chaud en ce début mai. Les mini-cascades et piscines naturelles font la fierté des population­s locales. Nous sommes à quelques kilomètres à peine de la frontière algérienne. Dans les gorges de Midès, endroit où l’on nous avait déconseill­é de nous rendre, la Mash prend un coup de chaud : le voyant moteur clignote et la moto ne démarre plus. Elle a bien choisi son moment ! On la laisse refroidir et, sans avoir réussi à détecter l’origine du problème, nous décidons de la lancer à la poussette et de reprendre la route pour qu’elle ventile. Inch’ Allah, nous n’aurons pas de problème.

« Les motards sont toujours les premiers à revenir »

Nous contournon­s la région montagneus­e de Kasserine, réputée pour abriter des terroriste­s. À mesure que nous avançons vers le centre du pays, où est née la révolution, les forces de l’ordre se font de plus en plus présentes aux croisement­s. Sur une petite route de montagne sur laquelle nous venons de nous engager, nous sommes rattrapés par un pick-up en mauvais état qui ressemble vaguement à une voiture de police. Nous sommes alors interrogés sur le parcours que nous empruntons, avant de laisser nos identités et de reprendre notre route. À en croire ce que l’on nous raconte, c’est une simple procédure et il n’y a AUCUN problème. Toujours est-il que le prochain poste de police est prévenu de notre arrivée et que nous devons leur rendre visite. Nous y serons accueillis avec le café ! La population est bienveilla­nte à notre égard et nous ne comptons plus les pouces levés lors de nos traversées de villages et les invitation­s des gamins à faire des roues arrière. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à grimper sur les motos et à se prendre en photo dès qu’ils en ont l’occasion. Avec son style « baroudeur », l’Adventure a un certain succès… sans doute des restes du Rallye de Tunisie. Notre présence est vue par certains comme le signe annonciate­ur du retour du tourisme dans le pays : « Les motards sont toujours les premiers à revenir » , ou encore : « Vous êtes des ambassadeu­rs, dites à vos amis qu’il n’y a pas de problème en Tunisie. » Après la visite sous surveillan­ce militaire du site antique de Sbeïtla, la route nous mène à Kairouan, première ville sainte du Maghreb, où nous retrouvons un peu de quiétude. Sa médina, ceinte de remparts, est un véritable labyrinthe de ruelles et de passages couverts où l’on

découvre mosquées de quartier, vie traditionn­elle, souks et petits métiers. L’une des plus belles et authentiqu­es de Tunisie ! Le moment parfait pour goûter aux pâtisserie­s locales et autres fricassés (sorte de pan-bagnat) qui se monnayent quelques centimes de dinars à peine. Désormais, cap plein Ouest ! Nous traversons une région très verte de moyenne montagne, ponctuée de marchés typiques, qui nous permet de rejoindre la table de Jogurtha. Cette montagne en forme de plateau domine la frontière algérienne. Nous passons de nouveau plusieurs check points et notre arrivée mobilise les autorités : le capitaine de la Garde nationale (gendarmeri­e locale) vient en personne à notre rencontre et nous escorte jusqu’au site. Un guide nous est aussi commis d’office. C’est digne d’une visite présidenti­elle. Au sommet, la vue sur les environs est époustoufl­ante et on s’imagine facilement de l’autre côté de cette frontière invisible. La visite terminée, nous sommes invités à quitter les lieux sans traîner. La demande est polie, mais ferme. Comme toujours ! Plus loin, tandis que des Hummer avec des mitrailleu­ses 12,7 mm défilent, c’est le contrôle d’un policier en civil

qui vient interrompr­e notre déjeuner frugal. L’arrivée sur le Kef n’est pas mieux, on nous interdit de visiter les bains romains de Hammam Mellegue, la route étant soi-disant en « travaux » (c’est vrai que les Hummer et les mitrailleu­ses sont utiles pour ce genre d’activité – sic), et la police nous escorte à un hôtel jugé « sûr ». Drôle d’ambiance dans cette ville toute blanche qui dégage malgré tout un certain charme espagnol. Les sites romains de Dougga et de Bulla Regia sont de vrais petits bijoux. Tels des archéologu­es, nous découvrons seuls, et moyennant quelques acrobaties, les maisons aménagées sous terre et les mosaïques qu’elles abritent.

1 kg de côtelettes pour un repas : un savoureux quiproquo

À proximité, nous tombons sur un marché aux haricots où les paysans de la région sont venus vendre leur cueillette. Nous sommes dans l’ex « grenier à blé » de Rome. Certains s’amusent des photos que nous faisons et prennent la pause, d’autres apprécient moins et la tension monte, il est temps d’y aller et d’avaler un morceau. Nous faisons une étape dans la montagne à un stand de grillades : 1 kg de côtelettes, en un repas, à moi seul, voilà le résultat d’un quiproquo. Les Tunisiens parlent bien le français mais on n’est jamais

à l’abri d’une approximat­ion. La dense forêt de chênes-lièges que nous traversons laisse apparaître la Méditerran­ée et la station balnéaire de Tabarka au rythme des boucles qui mènent à la côte, d’où nous empruntons une piste jusqu’au cap Serrat et sa magnifique plage sauvage. Nous faisons bientôt notre entrée dans la banlieue de Tunis. C’est avec plaisir que nous nous mélangeons aux autres touristes venus explorer les charmes de Sidi Bou Saïd et les merveilles de la médina de Tunis. Comme si la (re)découverte du reste du pays, une Tunisie accueillan­te et authentiqu­e, qui se trouve juste là, de l’autre côté de la mer, était réservée aux plus intrépides. Une belle récompense attend ceux qui oseront s’y aventurer !

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4 5 Rien de tel qu’un petit jeu de dames « arabe » entre amis, bien calé à l’ombre sur la place du village. 6 Pas facile de faire paître son troupeau dans la région aride du Sud tunisien. 7 Vestige de la grande époque des rallyes africains.
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1 1 Les dunes de Ksar Ghilane : un univers dans lequel la Mash Adventure se révèle particuliè­rement à l’aise. 2 On trouve enfin un peu de fraîcheur dans les oasis de montagne de Chebika, Tamerza et Midès. 3 Une signalisat­ion couleur locale. Pas de...
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1 2 1 La Mash est une moto vraiment agile, malgré les sacoches dont elle est équipée, et c’est dans les routes de montagne sinueuses que je prends le plus mon pied. 2 Un aller-retour de 70 km – à l’est de Tozeur – nous permet de découvrir la corbeille...
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1 1 L’arrivée à la Marsa, banlieue chic de Tunis, marque la fin de notre aventure dans une Tunisie vierge aujourd’hui de tout tourisme. Une expérience unique de nos jours ! 2 Il est courant de croiser des véhicules dont les chargement­s défient les lois...
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