Moto Revue

Ça sent le Rossi

- TRAC

En se fracturant l’ensemble tibia-péroné de la jambe droite, Valentino Rossi, nonuple champion du monde de vitesse, a tiré un trait (sauf retourneme­nt de situation invraisemb­lable) sur ses espoirs de décrocher cette année une dixième couronne mondiale. Et quelques oiseaux de mauvaise augure de prendre leur envol en piaffant, arguant que ce n’est pas seulement « cette année » que l’affaire est cuite, mais qu’avec une jambe dans le sac et un âge avancé qui lui ronge chaque jour passant un peu plus les articulati­ons, l’Italien ne sera plus jamais capable d’allonger la foulée pour l’attraper cette 10e étoile après laquelle il court depuis 8 saisons, et que lui dérobe, sans scrupule, une génération de pilotes effrontés. Des arguments qui pourraient s’entendre, même se tenir, si l’on ne parlait de Valentino Rossi, de 110 mètres haies, et non de moto... D’un point de vue objectif, bien que le champion flirte avec les 39 ans (il les aura en février prochain), les blessures l’ont plutôt épargné tout au long de sa carrière. C’est la deuxième fois seulement (après 2010) que l’Italien regardera des courses depuis son canapé. On parle aujourd’hui de deux absences, avec un retour espéré au GP du Japon à la mi-octobre, pour le début de la tournée outre-mer. On parle surtout d’un champion qui consacre toute sa vie – et son énergie – à son sport, travaillan­t au quotidien pour évoluer – et pas seulement se maintenir – dans les meilleures dispositio­ns mentales et physiques, en tout cas les plus adaptées à son sport. À la jeunesse, à l’insoucianc­e et au talent du début, du tout début, Rossi a rapidement su mesurer l’importance du travail dans la quête d’un résultat, et plus encore dans celle « des » résultats. Car pour durer, cette vertu travail est essentiell­e, et la longévité au plus haut niveau du pilote italien tient largement de cela. Mais ce qui guide tout ça, ce qui pousse à tout ça, c’est d’abord l’envie. Une envie qui doit être sincère, pas un simple mot, ni une déclaratio­n, mais quelque chose de viscéralem­ent ancré au plus profond de soi. Et à 38 ans passés, Rossi a toujours témoigné de cette envie. Quand il reviendra de sa blessure, s’il reste animé par les mêmes sentiments, alors il n’y a pas de raison pour qu’il ne recouvre très vite son rang, celui d’un prétendant au titre. Et tout le monde devrait s’en réjouir, même les oiseaux tout pourris du dessus, car qu’on l’aime ou pas, Valentino Rossi reste aujourd’hui l’ambassadeu­r numéro 1 du sport moto, celui qui le transporte au-delà de sa seule condition. Déjà pour ça, il mérite de faire consensus, et d’espérer tous ensemble que ça dure quelques années encore... et peut-être même un peu plus.

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