Moto Revue

Grand Prix de Saint-Marin

Marquez sauvé des eaux revient sur Dovizioso

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Quoi de mieux qu’un sourire et du mépris pour répondre aux huées et à la grossièret­é ? Contrairem­ent aux ultras des environs de Tavullia et de plus loin, Marc Marquez ne manque ni de talent ni d’élégance. Conspué par les fans de Rossi massés au pied du podium de Misano, le triple champion du monde MotoGP n’a pas cillé en toisant ses détracteur­s. Quelques heures plus tôt, en se relevant au warm up d’une énième cabriole, le pilote Honda leur avait déjà envoyé quelques baisers de la main, répondant ainsi à la bronca tombée des tribunes. Plus tard, Marquez aura ces bons mots : « Je veux bien comprendre ceux qui me sifflent sur le podium parce que ma victoire les énerve, mais je n’admets pas, en revanche, que des imbéciles se réjouissen­t de la chute d’un pilote, quel qu’il soit. J’espère en tout cas que mes supporters n’adopteront jamais une telle attitude. Les gens ne devraient jamais oublier que sur un circuit, nous risquons tous notre vie. » Cette chute au warm up, sa vingtième de la saison – soit presque autant que Sam Lowes qui en compte vingt-trois –, pourrait bien au final avoir été la clef du succès du pilote Honda à l’arrivée de la treizième course de la saison. « Si je n’étais pas tombé ce matin, je serais certaineme­nt tombé en course, avance en tout cas Marquez. Sous la pluie, la piste était vraiment difficile à appréhende­r, et ma chute au warm up m’a aidé à cerner les limites de ma moto dans des conditions que nous n’avions pas rencontrée­s aux essais. » Le temps que Lorenzo boucle six tours en tête et se mette par terre en se déconcentr­ant avec ses commandes de cartograph­ie, Marquez s’est retrouvé en deuxième position, coincé entre la Ducati de Petrucci et celle de Dovizioso. Ce dernier a été le premier à lâcher prise. « J’ai compris dès les premiers tours que ça ne serait pas mon jour, confie Andrea. Je n’avais pas un super feeling avec la moto, et le fait d’avoir vu toutes ses chutes en Moto3 et en Moto2 m’avait un peu tendu. Ce championna­t est tellement serré qu’en se rapprochan­t de la fin, il faut désormais éviter

la moindre erreur. » Voilà pourquoi Dovi a vite décidé de ne pas s’accrocher coûte que coûte à Petrucci et Marquez. Le premier n’avait, il est vrai, rien à perdre, alors que le second se devait, lui, de réagir après son abandon à Silverston­e. C’est ce qu’il a fait. Collé dans la roue de Petrucci, Marquez a patiemment attendu l’entrée du dernier tour pour s’emparer de la première place et signer sous le drapeau à damier le meilleur temps de la course. « J’ai longtemps hésité sur ce que je devais faire, raconte l’Espagnol. Il y avait eu énormément de chutes lors des épreuves précédente­s, et j’étais vraiment tendu en début de course. Les conditions étaient très délicates, le niveau d’eau sur la piste évoluait au fil des tours... D’un côté, je me disais de ne pas prendre de risque et d’assurer la deuxième place, de l’autre, je pensais qu’il me fallait frapper un grand coup après mon abandon en Angleterre. Gagner à Misano en prenant des risques était

le meilleur moyen de marquer les esprits. Et puis ce championna­t est tellement serré que ces cinq points de plus pourraient s’avérer déterminan­ts en fin de saison. » Marquez a donc décidé de passer à l’attaquer à quatre kilomètres de l’arrivée. Et Petrucci n’a pu que constater les dégâts. « Je n’ai rien pu faire, admet le pilote Ducati, déçu d’avoir laissé échapper la victoire après avoir bouclé plus de vingt tours en tête. Marc a fait un dernier tour incroyable, il mérite sa victoire. » Nul ne pourra dire le contraire. Trahi par la mécanique à Silverston­e, le champion du monde en titre a remis les pendules à l’heure à Misano en reprenant les commandes du championna­t à égalité de points avec Dovizioso. Rossi blessé et Pedrosa à nouveau dans les choux, le titre se jouera cette année entre Marquez, Dovizioso et Viñales. Quatrième à l’arrivée de la treizième course de la saison, ce dernier compte désormais seize points de retard. Un écart qu’il imaginait tout autre au soir des essais, lui qui avait obtenu la pole position. Profitant de l’absence de Rossi pour disposer des deux cadres 2018 préalablem­ent testés à Misano, l’Espagnol avait très bien préparé sa course. Et d’aucuns le voyaient déjà renouer avec la victoire... Mais la pluie a complèteme­nt changé la donne. « On a eu des petits problèmes de grip comme toujours sous la pluie, mais quand même beaucoup moins qu’au Sachsenrin­g, raconte Viñales. Au final, on ne s’en sort pas trop mal et je suis convaincu que nous avons les moyens de refaire notre retard d’ici la fin de la saison. » Pour cela, le pilote Yamaha fera tout pour s’imposer la semaine prochaine en Aragon. Il ne sera cependant pas le seul.

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