Moto Revue

Joyeux zonards

-

Rester dans sa zone, voilà un sentiment rassurant. Mais dézoner… Sortir de la zone – à ne pas confondre avec « sortir de l’endroit » –, comme lors du dernier Bol d’Argent (voir résumé de la course page 81), ou à un moment, emporté par mon élan – et sûrement ma maladresse –, je suis passé par-dessus un vibreur sans craindre toutefois d’autres conséquenc­es que de me faire brasser un peu par l’épaisseur de l’équipement. Une manoeuvre qui ne m’a coûté dans l’opération que quelques petits dixièmes et à peine deux ou trois gouttes de sueur. En temps normal, sur 99 % des autres circuits, cette incartade se serait terminée soit dans l’herbe, soit dans les graviers… et au final, certaineme­nt par terre. Là, j’aurais quitté à la fois la zone et ma zone. Si le confort ne naît pas de l’habitude, la zone de confort est l’une de ses résultante­s naturelles. Pour rester dans la sémantique du Bol, et pour en avoir discuté avec quelques-uns, les milliers de spectateur­s ont largement apprécié leur changement de zone, quittant le « camping » de la pinède pour regagner l’emplacemen­t historique, du temps d’avant 1999, le long de la ligne droite du Mistral, et surtout de nouvelles perspectiv­es (inatteigna­bles lors des éditions 2015 et 2016) pour suivre au plus près – et au plus vite avec des motos dépassant parfois les 330 km/h – la course depuis les gradins naturels qui longent cet interminab­le bout droit. Un changement de zone pour plus de confort en somme, et une habitude qui devrait rapidement se réinstalle­r pour des spectateur­s heureux de se réappropri­er cet espace. Quitter sa zone, de confort ou autre, c’est donc bien aussi changer d’endroit. Celui d’où j’écris ces lignes, à 8 500 kilomètres de la France, a le chic pour chambouler mes repères… Il faut dire que depuis le centre de la Chine, à Chongqing, la perspectiv­e entrouvert­e sur ce morceau de planète moto est, elle aussi, dans son genre, assez exceptionn­elle. Que la photograph­ie soit prise depuis l’entreprise Zongshen, petite ville forte de 8 000 employés produisant chaque année plus de 3,5 millions de moteurs, ou d’un salon de la moto joliment bigarré et atypique (pour un Européen habitué aux standards européens et japonais s’entend) organisé dans la même ville, mes abscisses et ordonnées perso ont été un peu décalées… J’espère bien parvenir à faire pareil des vôtres en vous racontant tout ça dans un prochain numéro, et dans le plus grand confort.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France