Guerre de l’airbag : DAINESE 1 – ALPINESTARS 0
Les deux firmes transalpines, en procès pour plagiat depuis près de deux ans, viennent d’accueillir un premier verdict, en faveur de Dainese. Mais le bras de fer, lourd d’enjeux, est loin d’être terminé...
Interdiction de vendre ses produits Tech-Air (autrement dit ses airbags moto) en Allemagne. La décision du tribunal de Munich est tombée il y a quelques jours et même si Alpinestars s’est fait une spécialité d’encaisser les chocs, il y a fort à parier que l’équipementier italien accuse lourdement le coup, d’autant que ce dernier est indirectement asséné par son grand rival, Dainese, contre lequel il est en procès depuis le début de l’année 2016.
Algorithmes contre coussin gonflable
À l’origine de ce contentieux pour plagiat mutuel, c’est pourtant Alpinestars qui a attaqué le premier. Courant 2015, l’équipementier à l’étoile accuse Dainese de s’être un peu trop inspiré des algorithmes informatiques à l’oeuvre sur son système d’airbag. Dainese répond en reprochant à Alpinestars d’avoir copié la partie physique de l’airbag (notamment le coussin gonflable). Alpinestars rétorque que les technologies afférentes au coussin sont devenues tellement courantes que leur emprunt ne peut porter atteinte au droit sur la propriété intellectuelle. Et surtout, Alpinestars contreattaque en accusant Dainese de faire pression sur les détaillants allemands afin qu’ils cessent de vendre ses airbags. Sans trop de surprise et probablement pour légitimer sa démarche, Dainese attaque Alpinestars devant un tribunal allemand, pour violation de deux brevets. C’est cette plainte de Dainese qui a occupé le tribunal de Munich depuis près de deux ans et qui vient d’être jugée fondée. D’après la cour munichoise, Alpinestars a bien violé deux brevets et doit par conséquent retirer ses airbags du marché allemand mais aussi payer des dommages et intérêts à Dainese.
L’Allemagne, et après…
Au terme de ce jugement, l’affaire aurait pu être close. Elle ne l’est pourtant pas, et semble plutôt loin de son terme. En effet, Alpinestars a – assez logiquement – fait appel de la décision allemande mais surtout, a ouvert un autre front devant l’office européen des brevets, afin de rendre caduque le verdict du tribunal de Munich. Et de son côté, histoire de faire bonne mesure, Dainese a porté plainte pour viol de brevets devant un tribunal italien. Aucune des deux marques n’est donc visiblement prête à lâcher le morceau. Il faut dire que celui-ci est lourd d’enjeux. Ces airbags, qui ont demandé d’énormes investissements aux deux firmes, en ont fait les leaders technologiques de ce segment et leur permettent de nouer des partenariats fructueux : Dainese vend sa technologie airbag à Ducati (sur les Multistrada), à Peugeot ou encore à Furygan. Alpinestars, de son côté, équipe certaines vestes BMW (ce qui d’ailleurs laisse augurer d’un joli sac de noeuds si l’interdiction de vente en Allemagne est confirmée en appel). Autant dire que perdre définitivement devant les tribunaux reviendrait pour chacune d’entre elles à voir ses perspectives de croissance s’affaisser comme un vulgaire soufflé.