LE GMT SUR LA LANCÉE
Le GMT 94 a fait honneur à son titre de champion du monde en remportant la première course de la saison sur le circuit PaulRicard. Les hommes de Christophe Guyot seront bel et bien l’équipe à battre cette saison.
Des cinq épreuves du championnat du monde d’endurance organisées en 2017, le team GMT 94 en aura donc remporté quatre. Seules les 8 Heures de Suzuka ont échappé au trio composé de David Checa, Niccolò Canepa et Mike Di Meglio. Et encore, le voyage au Japon n’a pas été totalement infructueux pour les pilotes de Christophe Guyot, puisqu’ils sont revenus du pays du Soleil Levant avec le titre de champion du monde sous la ceinture. Le Bol d’Or, cela faisait dix ans que Christophe Guyot ne l’avait pas remporté. Dix années de disette qui ont fait ce qu’est aujourd’hui devenu le GMT 94 : une référence pour les uns, un modèle pour les autres. « On a essuyé de nombreux échecs, rappelle le Francilien. On a appris à les surmonter.
« Entre nous, c’est fusionnel »
L’an dernier, sur ce même circuit, nous nous étions battus comme des chiens pour finir neuvièmes. Ce n’est pas dans la facilité qu’on progresse et qu’on grandit, c’est dans la difficulté. » Les galères, les pépins et les désillusions ont aussi soudé ce groupe qui gravite depuis une vingtaine d’années autour
de quelques piliers. « Des gars passionnés qui n’ont jamais compté leurs heures,
souligne Guyot. Certains sont là depuis toujours, d’autres sont arrivés plus récemment. Il y a des vieux et des plus jeunes mais entre nous, c’est fusionnel, il y a une vraie symbiose. » Et puis il y a les pilotes, ceux sans qui le succès serait impossible. « Ils sont
la base, le moteur de l’équipe, précise le patron du GMT 94. On a envie de les voir gagner, alors on donne tout pour eux. Et ils en font de même. Avec Davide, Niccolò et Mike, on a vraiment un trio homogène et performant. » L’Espagnol, l’Italien et le Français en ont encore fait la démonstration sur le circuit Paul-Ricard. Pas d’erreurs, des relais propres et efficaces. Et un rythme impressionnant qui leur a permis de rafler le bonus de points attribué après les 8e et 16e heures de course, avant de s’imposer avec près de dix tours d’avance sur la BMW n° 13. Pas plus les safety cars, qui ont joué contre eux, que la panne d’essence, qui a contraint Canepa à pousser sa moto dans la voie des stands, n’ont altéré l’enthousiasme et la soif de victoire des pilotes de la Yamaha n° 94.
« Nous étions tous au bord de la rupture »
« On n’a jamais rien lâché, note Di Meglio. On s’est donné à fond à chaque minute pour prendre le maximum de points sur cette course. Notre objectif, c’est le titre ! » Aux essais, le GMT 94 avait pourtant dû se contenter de la sixième place, loin derrière
la Kawasaki n° 11, la Honda n° 5 et la Suzuki n° 2. « Nous avons reçu au tout dernier moment la fourche que nous avions en commande chez Öhlins, raconte Guyot. Ils avaient, semble-t-il, oublié d’envoyer notre colis et nous n’avons donc pas pu travailler correctement pour préparer la course. Nous n’étions pas bien calés au niveau des réglages de suspensions et du choix des pneus, il y avait beaucoup de stress… Mais une fois encore, nos pilotes ont été exceptionnels. Ils ont fait un début de course prudent pour monter petit à petit en puissance. Et ils ont d’ailleurs fini par rouler plus vite en course qu’aux essais. Le rythme était incroyable, nous étions tous au bord de la rupture. Mais ce sont les autres qui ont craqué. »
« On a une machine pour gagner »
Longtemps au coude-à-coude avec la Honda du team FCC TSR – désormais soutenue par Honda France – et la Suzuki du SERT, les pilotes de la Yamaha du GMT 94 ont fini par faire la différence dans les dernières heures de course. « On les a poussés à la faute, affirme Checa. On savait que la Suzuki n’était pas éprouvée sur vingt-quatre heures et que les Bridgestone du YART et du team FCC sont longs à se mettre en température. » C’est comme ça que Kohta Nozane et Alan Techer se sont mis sur le toit en ressortant des stands, le premier samedi après-midi, le second dimanche matin. La Yamaha n° 7
a abandonné peu après la mésaventure de son pilote japonais à cause de problèmes d’électronique, alors que la Honda n° 5 a sauvé les meubles en passant sous le drapeau à damier en sixième position, juste devant la Suzuki n° 2. Les pilotes du SERT n’ont pour leur part commis aucune erreur, mais en utilisant pour la première fois de l’année la GSX-R 2017, baptisée à Suzuka par l’équipe Yoshimura, ils se savaient à la merci de ces petits problèmes qui font le sel de l’endurance. Un système de frein à remplacer de façon imprévue, un silencieux d’échappement capricieux, une chaîne éprise de liberté... Autant de minutes perdues à cause d’un manque de connaissance d’une moto nettement plus performante mais qui reste encore à apprivoiser pour boucler deux tours d’horloge sans encombre. « On a une machine pour gagner, mais elle est assez pointue à piloter et à faire fonctionner, résumait Vincent Philippe à l’arrivée. On a maintenant six mois devant nous pour se préparer avant la prochaine course. »
« La réussite n’a pas été au rendez-vous »
Pour d’autres, le 81e Bol d’Or s’est montré bien plus cruel. Ainsi, le team Kawasaki SRC a dû baisser le rideau après guère plus d’une demi-heure de course. Parti en tête de la pole position après avoir littéralement surclassé la concurrence aux essais, Randy de Puniet avait pris six secondes d’avance sur ses adversaires en moins de dix tours quand la mécanique a décidé de lui jouer un mauvais
tour : « Le moteur a commencé à perdre de l’accélération à bas régime. Et puis la Honda et la Suzuki m’ont déboîté dans la ligne droite du Mistral. » Parvenant tant bien que mal à rejoindre son garage, le pilote Kawasaki n’a pas eu le loisir d’en ressortir. « C’est un guide de soupape qui a cassé, explique Gilles Stafler. Le moteur était à peine rodé, tout se passait bien... La déception est énorme car toute l’équipe avait fait un super travail pour préparer cette course. Les pilotes avaient réalisé de très bons chronos aux essais, nous n’avions eu à déplorer aucune chute, Pirelli nous avait apporté des pneus très performants... Malheureusement, cette fois, c’est la réussite qui n’a pas été au rendez-vous. » Comme quoi, une course d’endurance n’est jamais jouée d’avance.