Moto Revue

Lulu la chronométr­euse

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La trentaine magnifique­ment portée, Ludivine a toujours fréquenté les paddocks. «Au moins à partir de mes deux ans. J’accompagna­is papa sur la Coupe Kawa » , se souvient la petite blonde. Ses premiers émois en endurance, elle les doit également à son père, Bruno. Bonhuil (puisque c’est lui dont il s’agit) est, au milieu des années 90, un pilier du SERT, avec qui il gagnera le Bol d’Or 1993. « À l’époque,je m’occupais de son confort,du casque,des vêtements,de prévenir le cuistot ou le kiné.» Puis Bruno intègre le team Zongshen. Dans la petite structure chinoise, Lulu fait ses débuts comme chronométr­euse. Poste qu’elle occupera ensuite pendant plusieurs années chez National Motos avant de rejoindre le team Moto Ain de Pierre Chapuis. Son espace pendant le Bol d’Or se limite aux deux mètres carrés de l’abri installé sur le muret des stands, face au garage de la Yamaha n° 96, qu’elle partage avec Romie Marmont. Les deux jeunes filles occupent le poste pendant les deux tours de cadran : « Nous avons toutes deux un chronomètr­e en main en plus du chronométr­age officiel diffusé sur l’écran de notre ordinateur, explique Ludivine. Ensuite l’une s’occupe de la liaison, via une radio,avec le stand,tandis que l’autre prépare le panneau sur lequel seront passées les informatio­ns au pilote.» Des informatio­ns (chrono, place, écart ou décompte du nombre de tours avant l’arrêt au stand) que les filles adaptent en fonction des circonstan­ces de course et des informatio­ns émanant de l’équipe technique. « Nous suivons également chaque passage visuelleme­nt. Avec le pilote,nous avons une série de codes.Si par exemple,il veut rentrer au tour suivant, il nous prévient en tendant la jambe.» L’attention doit être soutenue, et la concentrat­ion maxi. « Ce n’est pas toujours facile de repérer la moto.On s’aide du chrono,et on évite de se faire aveugler par les phares en regardant passer les motos de face » , continue Lulu, qui avoue céder à de longs grignotage­s plutôt que de vrais repas : « Romie tourne au café,moi au Coca.Et pour les pauses pipi,on se relaie.» Des moments décisifs pour la course, il y en a, lorsqu’un pilote fait signe qu’il veut anticiper son entrée dans les stands par exemple... Mais en endurance, il y a aussi des moments émouvants : « C’était aux 24 Heures de Spa.Il y avait eu une très longue sortie du safety car.Mon père était sur la moto.J’avais quatre lettres à ma dispositio­n. J’ai commencé par lui écrire“Papa”,puis ça s’est terminé par“Love”» , se souvient Lulu.

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