Moto Revue

MARQUEZ L’ENRAGÉ

Victime de deux chutes aux essais et malmené par une Honda très capricieus­e, Marc Marquez s’est surpassé devant les siens pour conquérir sa cinquième victoire de la saison. Le leader du championna­t marque ainsi ses rivaux au fer rouge dans la course au ti

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Il s’était promis de frapper un grand coup avant la tournée outre-mer du mois d’octobre. Pour s’installer un peu plus confortabl­ement aux commandes du championna­t, mais aussi pour mettre la pression sur ses adversaire­s. Marc Marquez a tenu parole. Sur un circuit où il s’était imposé haut la main l’an dernier, le protégé d’Emilio Alzamora a cette fois dû puiser dans ses ressources pour se hisser sur la plus haute marche du podium. De quoi rendre son succès encore plus savoureux. Malgré deux chutes aux essais, le triple champion du monde MotoGP ne comptait d’ailleurs pas en baver autant. « Je n’ai pas retrouvé en course le feeling que j’avais avec la moto aux essais, glisse l’intéressé. Je ne sais pas trop pourquoi... Peut-être parce qu’il faisait plus chaud aujourd’hui, peut-être aussi parce qu’après la pluie tombée vendredi, l’état de la piste n’a fait qu’évoluer et que nous n’avons jamais vraiment été en mesure de valider nos réglages comme notre choix de pneus. Quoi qu’il en soit, la moto était très difficile à piloter. J’ai dû me battre avec elle du premier au dernier tour. » Alors que Lorenzo caracolait en tête devant Rossi, le pilote Honda aurait très bien pu assurer une place d’honneur, d’autant que Dovizioso et Viñales semblaient encore plus en difficulté que lui. Oui mais voilà, le garçon n’est pas fait de ce bois-là. Comme on le vit tenter sa chance dans le dernier virage du Grand Prix d’Autriche face à Dovizioso ou encore jouer le tout pour le tout face à Petrucci dans le dernier tour du Grand Prix de SaintMarin, Marquez s’est encore surpassé à Aragon. Quatrième durant cinq tours, il a fini par doubler Dovizioso avant de déposséder Rossi de la deuxième place pour partir à la chasse de Lorenzo, qu’il doublera à huit tours de l’arrivée. « Au début, je suis resté calme, explique-t-il. J’attendais de retrouver le feeling avec la moto. Mais celui-ci ne revenant pas, je me suis dit que je ne pouvais me contenter de subir pour terminer quatrième. Je me suis donc mis à attaquer. La moto était très nerveuse, j’ai fait pas mal d’erreurs et j’ai même failli me mettre par terre à plusieurs reprises. » Et de se frapper la poitrine en se marrant : « Ça bouillait là-dedans ! Les autres étaient derrière, mais je ne pouvais rien lâcher car j’aurais pris le

risque de me retrouver cinq ou sixième. Sur l’un de mes circuits préférés et devant mon public, je ne pouvais pas baisser les bras. Alors j’ai attaqué ; j’avais pris le départ pour gagner la course, pas pour terminer au pied du podium. J’en ai bavé mais ma victoire en est d’autant plus savoureuse. Je voulais vraiment prendre un peu d’avance au championna­t avant la tournée outre-mer, je suis content d’y être parvenu. » Car derrière, Viñales comme Dovizioso ont marqué le pas. Le premier, quatrième à l’arrivée, s’est plaint du manque de grip en début de course du pneu dur qu’il avait choisi : « J’étais mieux sur la fin mais j’étais à l’arrêt en début de course. Le peu de tours que nous avons pu boucler aux essais sur le sec ne nous a malheureus­ement pas aidés ce week-end. » Le second, qui avait opté pour la gomme tendre à l’arrière, a pour sa part été à la peine dans les derniers kilomètres. Perdant des places au fil des tours, il est passé sous le drapeau à damier

en septième position. « Ce circuit a toujours été compliqué pour nous et nous n’avons pas trop eu de temps pour résoudre nos problèmes. Mon choix de pneus n’a rien à voir là-dedans. » La preuve, Lorenzo est monté sur le podium avec la même monte et la même moto. Quoi qu’il en soit, Marquez compte désormais seize points d’avance sur Dovizioso et vingt-huit sur Viñales. « Rien n’est joué pour autant, tempère Livio Suppo. Marc a fait une belle opération, mais il reste encore quatre courses et cent points à prendre. Ce championna­t est très équilibré et il y a plus d’un Grand Prix où ont brillé des pilotes qu’on n’attendait pas. Les trois prochaines courses peuvent nous réserver bien des surprises. » En attendant, le leader du championna­t a remporté quatre des six derniers Grands Prix, et s’il n’avait pas cassé son moteur en Angleterre il posséderai­t une avance bien plus conséquent­e sur ses rivaux. « À partir de maintenant, ça sera difficile pour les adversaire­s de Marquez » , estimait d’ailleurs Valentino Rossi au soir de la quatorzièm­e épreuve de la saison.

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