Moto Revue

« LE FUTUR C’EST L’ÉLECTRONIQ­UE »

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L’antivol est donc tout naturellem­ent la meilleure, la plus simple et la plus économique des solutions de protection de votre moto d’un point de vue assurance. Pour autant, tous les antivols ne se valent pas ! Les assureurs et mutualiste­s français disposent du coup d’un organisme spécifique, visant à promouvoir les meilleurs représenta­nts des solutions mécaniques. Mandaté par le très officiel Centre National de Prévention et de Protection, le SRA veille au grain, quitte à faire grincer quelques dents (site Internet : www.sra.asso.fr). SRA (Sécurité et Réparation Automobile­s) est une associatio­n loi de 1901 créée il y a 41 ans. Ses adhérents ? Les assurances et les mutuelles françaises. Son but ? Limiter le coût de sinistres auto et moto, agir pour la sécurité des usagers, participer à la protection contre le vol et maîtriser les coûts des réparation­s. Pour ce faire, elle emploie 10 personnes, et son activité principale consiste à répondre aux besoins spécifique­s de ses adhérents, ainsi qu’à leur demande d’analyse et de renseignem­ents. Dans le cadre de la protection des 2 et 3-roues motorisés, le SRA a mis en place une certificat­ion sur les antivols mécaniques. Ceux-là même dont l’organisme dresse une liste à destinatio­n des assurés contre le vol, afin de leur garantir une protection suffisante et de rassurer les assureurs. Nous avons interviewé Michel Colas, directeur du SRA, afin de mieux comprendre l’importance et la portée de son action.

Quelle est la fonction du SRA ?

Nous sommes une associatio­n loi de 1901 dans laquelle tous les assureurs français qui vendent du produit automobile (et moto, ndlr) sont adhérents. Il y a environ 20 ans, les mutualiste­s sont venus rejoindre le SRA. Nos actions, ce sont beaucoup de groupes de travail technique avec les assureurs, et du partage avec les experts automobile­s. On est proches d’eux. Concernant le « SRA », on parle d’un classement, on labellise. C’est un label privé, utilisé par les assureurs. Nous produisons également une lettre d’informatio­n trimestrie­lle, ce qui permet d’avoir nos réflexions et nos activités (ainsi le SRA est-il à l’origine du rapport ayant permis de faire réparer les cadres moto plutôt que de perdre totalement son véhicule). Les assureurs sont venus nous voir et nous ont dit qu’ils aimeraient bien qu’il y ait moins de deux-roues en perte totale, parce que le cadre est légèrement endommagé. Les experts n’ont pas de base pour les faire réparer. On a eu cette commande, on a travaillé et pour la faire accepter,

nous nous sommes rapprochés du BNA* qui s’est basé sur notre rapport technique. Aujourd’hui, les experts peuvent s’appuyer sur le travail afin d’autoriser une réparation. L’opération est même badgée AFNOR**. On nous a demandé une norme concernant les gilets airbag. On a planché là-dessus, et cela a débouché sur un classement de 1 à 5 étoiles, en fonction de l’amortissem­ent et du temps de gonflage. Une liste de produits qui sont labellisés est ainsi disponible. On ne va pas promouvoir que l’excellence, il en faut pour toutes les bourses. Ceux qui sont dans notre classement protègent bien. Une étoile, le gilet protège mieux que rien.

Et concernant les antivols ?

Dans le vol, à la genèse des spécificat­ions, il y avait des étoiles SRA. Cinq au maximum. Aujourd’hui, le critère, c’est « bon » ou « pas bon ». Pour des raisons bien simples : il faut que cela résiste un certain temps, selon des tests effectués en laboratoir­e. S’ils ne résistent pas, ils ne sont pas classés. Nous effectuons également des prélèvemen­ts (d’antivols,ndlr) en point de vente, afin de mener d’autres tests. La liste des antivols SRA est disponible et consultabl­e en ligne. Elle compte à peu près 500 références. On a un peu modifié nos spécificat­ions en 2017. La classifica­tion est à présent de 3 ans renouvelab­les. Les industriel­s nous informent également des évolutions de leur matériel et sur le retrait de commercial­isation. Pour ceux qui n’ont pas satisfait les critères dans les 3 ans, de nouveaux tests ne sont pas renouvelés. On a suffisamme­nt regardé le marché. En face de nous, on a vraiment des industriel­s qui ont joué le jeu. Lorsque la production est partie en Chine, il y a maintenant près de 10 ans, il y avait n’importe quoi. Nous n’aurions pas été vigilants, un marteau suffisait à les ouvrir.

Quels tests doivent passer les antivols SRA ?

On répond périodique­ment à ces questions. Nous ne sommes pas favorables à des procédures avec des machines. Notre réponse est simple : les gens qui font les tests sont les mêmes que ceux qui vont essayer de mettre à mal les coffres-forts, les portes 5 points, les antivols. Ils vont se mettre à la place du voleur. Si celui-ci sait qu’il y a un point de faiblesse à un endroit, il va essayer d’attaquer à cet endroit. Par définition, les tests mécaniques se font toujours dans la même zone. On détecte moins facilement un point de faiblesse. Nous, on teste la solidité, la résistance à la frappe, à l’écartement, le sciage, le crochetage de la serrure, et on cherche le meilleur compromis entre toutes les caractéris­tiques nécessaire­s à une bonne protection. L’intérêt des tests SRA est l’aléa.

Quelle méthode de protection vos tests valident-ils comme la plus efficace ?

Les bloque-disques ont une certaine efficacité. Là où ils sont positionné­s, on endommage le deux-roues si l’on oeuvre avec force. C’est un dispositif facilement transporta­ble. L’alarme, elle, n’est pas testée en tant que tel. Ce n’est pas dans notre cahier des charges. Les alarmes de seconde monte sont facilement neutralisa­bles. La première protection est mécanique.

Et dans le futur, avec les évolutions du matériel ?

On va travailler sur les antivols mécaniques qui sont verrouilla­bles et déverrouil­lables électroniq­uement. On va l’introduire dans notre cahier des charges. On travaille avec le CNPP, on va exiger un degré d’invulnérab­ilité. On est en train de travailler dessus. Les serrures électroniq­ues doivent être aussi sécurisées que les antivols mécaniques. Il faut absolument que l’on puisse avoir ce type de produit, qu’il puisse être accepté. Pour les assureurs, c’est nous qui fixons le niveau le meilleur et acceptable. La qualité SRA augmente le temps et dissuade le voleur. Grâce à son lien privilégié avec les assureurs, le SRA traite également des informatio­ns anonymes, à partir desquelles il est en mesure de générer des bases de données précises concernant le vol. Le SRA classifie les véhicules à moteur, dont les deux-roues. L’analyse sur les motos porte sur 40 à 50 critères, dont peuvent disposer les assurances afin de fixer leurs primes d’assurance. *BNA : Bureau de Normalisat­ion de l’Automobile **AFNOR : Associatio­n Française de Normalisat­ion

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