POUR ZARCO, CE SERA KTM
La nouvelle est désormais officielle : Johann Zarco pilotera en 2019 et en 2020 la KTM RC16 engagée depuis l’an dernier par le constructeur autrichien en MotoGP. Un choix qui n’a pas fini de faire parler.
Un pilote européen avec un constructeur européen, c’est un beau challenge. » Quelques heures après qu’est tombé le communiqué de presse de KTM, annonçant sa signature dans la foulée de celle de Pol Espargaro, Johann Zarco est invité à prendre le micro pour expliquer son choix. « Laurent (Fellon) y croit, il est persuadé qu’on peut faire de belles choses, poursuit le double champion du monde Moto2. Je lui fais confiance. Il est sûr que la moto est bonne et que je peux m’y adapter. Il me connaît, et l’expérience de mes deux saisons en MotoGP va m’aider. Je lui ai toujours fait confiance, je ne m’inquiète pas. On a toujours fonctionné ainsi. Et puis chez KTM, il y a de gros moyens et cette marque a réussi dans tout ce qu’elle a entrepris. » À l’écouter, on aura compris que le choix de KTM est avant tout celui du coach. Et Johann d’ajouter : « KTM me voulait vraiment, cela a aussi fait la différence. » À tel point que Pit Beirer s’est débrouillé pour engager le Français avant même que la saison 2018 ne débute.
« Zarco d’un côté, Tech3 de l’autre »
Contrairement à ce qui a pu être dit, si Johann Zarco a refusé l’offre du HRC, c’est avant tout parce qu’il ne pouvait de toute façon pas y répondre. Pourquoi alors ne pas avoir prévenu plus tôt Alberto Puig ? « On s’est moqué de moi » , peste le patron de l’équipe Honda Repsol. Penaud sur cette affaire, Laurent Fellon explique qu’il voulait attendre le Grand Prix de France pour annoncer la signature de Johann. « Par respect pour nos partenaires » , précise le coach du Pontet, un peu naïf d’avoir cru que rien ne fuiterait plus tôt. Mais les réseaux sociaux l’ont rattrapé. Si le choix de KTM se respecte, la décision de signer dès le début de l’année, voire de s’engager en décembre avec le constructeur autrichien interpelle. En effet, rien ne pressait. Et avec son début de saison sur les chapeaux de roues, Johann avait de quoi faire tourner les têtes et monter les enchères. « Mieux vaut une place de numéro un chez KTM que de numéro deux chez Honda » , martèle le duo de ZF Grand Prix. Certes, mais peut-être que le guidon d’une Suzuki n’aurait pas été mal non plus. Voire celui d’une Ducati, Lorenzo étant proche de la sortie.
« Mieux vaut une place de numéro un chez KTM que de numéro deux chez Honda »
Et si le dicton dit qu’il vaut mieux tenir que courir, on peut quand même penser que Laurent Fellon a manqué de confiance en son poulain. Nul doute aussi qu’encouragé par Pit Beirer, Hervé Poncharal a oeuvré avec brio pour convaincre le coach de Johann que le challenge KTM était le meilleur choix pour eux. Quoi qu’il en soit, les dés sont désormais jetés, pour le plus grand plaisir de patron du service course autrichien, qui a réussi le tour de force de recruter le pilote en vue du moment après s’être assuré les services de l’une des deux meilleures équipes indépendantes du plateau MotoGP. « Zarco d’un côté, Tech3 de l’autre, c’est un bon package pour notre avenir » , se félicite Beirer. L’ancien pilote allemand n’a en tout cas pas manqué de saluer l’arrivée du Français dans la famille KTM. « C’est très excitant d’avoir un pilote du calibre de Johann qui nous fait confiance. Cela veut dire qu’il croit en notre projet, comme dans les moyens que nous y consacrons. C’est quelque chose de très important pour nous car les pilotes doivent se sentir bien dans la famille KTM. Johann a compris notre démarche. En supercross, nous sommes partis d’une page blanche. Quand tu as un pilote de ce calibre, il t’aide à progresser. La moto devient meilleure et lui, encore plus fort. C’est un processus qui se met en place pas à pas. » Et si Zarco ne s’adaptait pas à la RC16 ? « Le risque le plus grand, on l’a pris en s’engageant en MotoGP, estime Beirer. Ce sera à nous de faire la moto que veut Johann. » Pour cela, KTM compte aussi s’appuyer sur les connaissances et l’expérience du team Tech3 qui sera associé au travail de développement. « Tech3 doit être content d’être chez nous et nous devons être contents de pouvoir profiter de Tech3, poursuit le patron de la division Motorsport KTM. Ils ont une grande expérience et ont obtenu de super résultats avec de jeunes pilotes. Le plus frustrant, c’est que nous avons déjà commencé à travailler pour eux alors qu’eux ne pourront le faire pour nous qu’à partir du surlendemain du Grand Prix de Valence. » D’ici là, Johann Zarco compte bien décrocher sa première victoire en MotoGP.