Moto Revue

Danilo Petrucci « JE SUIS UN PILOTE DUR À LA BAGARRE »

Critiqué par Aleix Espargaro pour son comporteme­nt en piste, Danilo Petrucci répond au pilote Aprilia. L’Italien nous parle aussi de son début de saison ainsi que de son avenir, qui reste flou.

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Danilo, on sent tout le monde très nerveux en ce début de saison. À ce titre, le Grand Prix d’Argentine a ressemblé à une véritable foire d’empoigne. Quel est ton avis sur ce sujet ?

Tu as raison, mais il y a une explicatio­n à tout ça. Si c’est chaud entre nous, c’est parce que nous sommes nombreux à ne pas avoir de contrat pour la saison prochaine. Les places sont chères... Le contexte de l’Argentine était aussi un peu particulie­r. Il y a eu beaucoup de contacts, mais les conditions de piste étaient très délicates. Il n’y avait qu’une trajectoir­e à peu près sèche et c’était difficile de doubler proprement. C’est comme ça que j’ai touché Espargaro et puis aussi Syahrin. C’est aussi pour ça que Marquez a fait tomber Rossi et Zarco Pedrosa. Après, je trouve qu’on en a beaucoup fait autour de ces histoires. Des bagarres de ce type, il y en a eu plein dans le passé. On en parle plus aujourd’hui.

Et puis les embrouille­s se poursuiven­t sur les réseaux sociaux... Comme ça a été le cas entre Aleix et toi avant la course à Austin.

Espargaro a raconté un peu n’importe quoi. C’est vrai que je suis un pilote dur à la bagarre, mais c’est aussi parce que je viens du motocross et que je suis physiqueme­nt plus costaud que la plupart des autres pilotes. Maintenant, si la direction de course ne m’a pas pénalisé c’est parce qu’elle a jugé que mes dépassemen­ts n’avaient rien de répréhensi­ble. Quand j’ai touché Aleix, il a perdu trois positions et moi quatre. Et nous sommes restés sur la piste. Idem avec Syahrin dans le dernier tour. J’ai perdu trois positions. Si Aleix n’est pas content, qu’il aille se plaindre à la direction de course.

Qu’est-ce que tu penses alors des propos de Rossi sur Marquez ?

Ce genre de dépassemen­ts, Valentino en a fait plein par le passé et personne alors n’a osé se plaindre. Même Gibernau... Sinon il n’y a qu’à pénaliser le moindre contact. En F1, il n’y a pas si longtemps, le pilote qui approchait à moins d’un mètre une autre voiture était pénalisé. On ne peut quand même pas ajouter des restrictio­ns au règlement en permanence. Franchemen­t, c’est difficile d’évaluer toutes les actions qui peuvent se produire en course.

Que penses-tu de ton début de saison ?

C’était pas mal au Qatar, même si j’ai perdu le contact du groupe de tête à sept tours de l’arrivée. Je termine dans le Top 5. L’Argentine n’a pas été un week-end positif et j’attendais beaucoup mieux de la course au Texas. J’espère que le retour en Europe va nous permettre de nous remettre dans la bonne direction.

Finalement, cette Ducati 2018 ne semble pas vraiment plus performant­e que la version 2017...

Dès le début, j’ai dit qu’il n’y avait pas de grosses différence­s entre les deux modèles. On a même vu en Argentine que la 2017 fonctionna­it mieux.

Durant les tests hivernaux, Dovi, Lorenzo et toi étiez pourtant positifs dans vos commentair­es...

Oui, mais les circuits que nous venons d’emprunter ont permis de relativise­r tout ça.

Quand on se retrouve sur des pistes qui manquent de grip – comme ce fut le cas en Argentine –, il semble que la 2018 fonctionne moins bien que la 2017. Sur ce circuit, la différence avec Marquez et la Honda était énorme, ce qui pour moi est bien plus inquiétant que la manière dont il a doublé Rossi.

Ne penses-tu pas que Ducati aligne trop de motos ?

Non, je ne pense pas que ce soit quelque chose de négatif pour Ducati. Nous travaillon­s pour un constructe­ur qui n’a pas les mêmes moyens que ses adversaire­s, et cette politique permet aussi de faire rentrer de l’argent. Tous les pilotes ne disposent pas de la dernière version de la Desmosedic­i, et ceux qui roulent avec les modèles des saisons précédente­s peuvent parfois nous aider. Ce fut le cas en Argentine avec la GP17 dont les réglages étaient plus performant­s que les nôtres.

Tu disais cet hiver travailler sur ton pilotage et ton poids pour améliorer tes fins de course. Tu en es où ?

J’ai fait des progrès, mais pas encore suffisamme­nt. Pour ce qui est du régime, j’ai perdu quelques kilos mais je ne crois pas que ça ait changé grand-chose. En revanche, j’ai un peu amélioré ma façon d’accélérer en sortie de virage. Je suis moins agressif et cela me permet de moins taper dans le pneu arrière. Les Michelin sont de vrais pneus de course, il faut savoir les utiliser... Faire durer la gomme pour être en mesure de bien finir le Grand Prix, c’est aujourd’hui la clef en MotoGP. Il faut vraiment faire attention tout en étant capable de conserver un rythme élevé. C’est quelque chose de très difficile que Dovi fait vraiment bien.

Où en es-tu dans ta quête de guidon pour 2019 ?

Pour l’instant, je n’ai rien, aucune offre. Mon objectif reste de pouvoir courir dans l’équipe officielle Ducati mais il n’y a aucune discussion en cours à ce sujet. Ils ont une option me concernant et tant qu’elle n’est ni levée, ni confirmée, je ne sais rien... J’en saurai plus début juin.

On imagine que ton avenir est lié au sort de Lorenzo, non ?

Oui, je pense. Mais là encore, je ne sais pas ce qu’ils veulent faire. J’ai posé la question chez Ducati et on m’a répondu qu’il était trop tôt pour qu’ils se positionne­nt.

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