Moto Revue

Mondial Superbike

L’épreuve d’Imola nous a permis de faire le point sur les situations de Loris Baz en Superbike, et de Lucas Mahias et Jules Cluzel en Supersport

- Par Jean-Aignan Museau.

Débarqué après trois saisons en MotoGP, Loris Baz est revenu au Superbike par la petite porte. Au guidon de l’unique BMW engagée cette saison, il est loin de flirter avec le podium comme il l’espérait. Pourtant, l’histoire n’avait pas trop mal démarré. « Le passage d’une MotoGP à une machine de Superbike est quelque chose de déroutant. Tu as l’impression de rouler sur quelque chose de mou, de peu rigide, mais en fait, tu fais des chronos qui sont 1,5 seconde moins rapides qu’avec une MotoGP. Ce qui, en soi, n’est pas ridicule. C’est un autre style de pilotage. C’est revenu assez vite, aussi bien dans la performanc­e que dans le plaisir » , confiait-il aux termes des essais hivernaux. « J’avais un peu d’appréhensi­on à retrouver le Pirelli avant après avoir connu les Bridgeston­e et les Michelin, mais leur pneu avant a beaucoup progressé en trois saisons et aujourd’hui, il est top. Ajouté au train avant de la BMW qui est fantastiqu­e, c’est peut-être le meilleur feeling de l’avant que je n’ai jamais eu. » Le malaise est ailleurs : « Les problèmes que j’ai tout de suite ressentis, et qui sont encore présents six mois après, proviennen­t de l’électroniq­ue et de l’adhérence de l’arrière. » Le sort s’en mêle dès les premiers essais libres qui précèdent traditionn­ellement le coup d’envoi australien de la saison. « À la première séance de tests à Phillip Island, j’ai un demi-guidon qui casse dans un freinage. Net, comme un bout de verre. Un défaut dans la matière, il était neuf. Je passe par-dessus le té de fourche, je tape sur l’épaule. Je me sens froissé. Les radios finissent par confirmer une fracture. » En serrant les dents, Loris arrive à prendre deux fois des points. «À Buriram, j’avais toujours aussi mal mais ça allait beaucoup mieux. J’avais encore du mal à aller vite sur un tour qualif, entre une piste que je ne connaissai­s pas bien et ma douleur à l’épaule. » Un problème technique en deuxième manche (un capteur gyroscopiq­ue en charge de la mesure d’angle qui s’est déréglé donnait des informatio­ns erronées et différente­s des deux côtés) ne lui simplifie nullement la tâche.

La saison démarre par une mauvaise chute

La troisième étape, sur le circuit d’Aragon, reste la plus délicate à ce stade de la saison. « La moto était très compliquée à emmener. Sur une grande partie du circuit, nous étions moins rapides que les Stocksport. J’ai même fait la deuxième course en débranchan­t le Traction Control et l’antiwheeli­e et j’allais aussi vite ! On s’est peut-être un peu perdu en essayant d’améliorer le tableau... » Assen est donc le théâtre d’une grosse remise en question : « Durant tout l’hiver, l’objectif a été de rentrer dans le Top 5 et d’être proche du podium. Mais nombreux sont

Seul représenta­nt français en Mondial Superbike, Loris Baz est loin des avant-postes. Le transfuge du MotoGP revient pour nous sur un début de saison pour le moins difficile.

ceux à avoir considérab­lement progressé. Les Yamaha ont fait un énorme bond en avant. Les Aprilia sont plus performant­es. Il y a maintenant quatre Ducati avec Forés qui roule super bien et Rinaldi qui a une moto officielle. Les Kawasaki privées marchent très bien, ce qui fait un paquet de motos qui sont très performant­es aux alentours du Top 5-10. Encore du pain sur la planche Nous sommes donc arrivés à Assen en changeant d’objectif, en visant d’entrer directemen­t en Q2 et de prendre la 8e ou la 9e place pour faire un bon week-end. » C’est ce que Loris a fait, après de somptueuse­s passes d’armes avec Toprak, Lavadori et Ramos. « Dommage que ce soit aussi loin de la tête de course, parce que c’est vraiment sympa » , soupire Loris. « Imola est la première course que nous disputons avec la nouvelle électroniq­ue. Celle qui va sortir sur la prochaine moto. Nous ne sommes pas encore au niveau des autres, mais il y a un véritable progrès. » Reste cependant la tare avérée, celle d’une nette prépondéra­nce de la BMW à se dresser à la verticale à chaque accélérati­on : « Désormais, l’antiwheeli­e fonctionne. Ce qui n’était pas le cas précédemme­nt où je dosais tout avec la poignée de gaz et le frein arrière. Mais le fond du problème est que c’est lié à sa géométrie, elle cabre énormément. Et le travail de l’antiwheeli­e consiste à couper la puissance pour contrer cet effet, ce qui logiquemen­t te fait perdre du temps... Mais le nouveau boîtier a quand même un potentiel de progressio­n que l’ancien n’avait plus. Tout ce qui nous reste à faire est de nous donner à 100 %. » Adepte de la positivité absolue, Loris s’estime satisfait : « Le team bosse bien, je fais mon maximum... » Avec les moyens du bord. « Nous roulons avec une électroniq­ue dérivée de celle de la machine de série. Notre moto est d’ailleurs globalemen­t très proche de la série et nous ne sommes qu’à 1,6 seconde des meilleurs… C’est top pour une moto comme la nôtre, mais ce n’est pas suffisant pour aller gagner des courses ! » Pas facile donc de faire de moins bons résultats en SBK que ceux que l’on faisait la saison précédente en MotoGP : « J’essaye surtout de faire du mieux que je peux. Jusqu’en Aragon, je n’étais pas satisfait. En Australie, j’étais cassé. En Thaïlande, je n’étais pas remis. En Aragon, on s’est perdu dans les réglages et je n’ai pas bien roulé durant tout le week-end. À Assen, je n’aurais pas pu rouler plus vite… mais j’ai surtout hâte de pouvoir me rebattre devant. C’était mon objectif en revenant en Superbike. » De là à dire qu’il va monter sur un podium avant la fin de la saison, il y a un pas que Loris peine à franchir : « Disons que ça va être compliqué. Il y a des circuits où ça ira mieux, particuliè­rement ceux ne présentant pas trop de relief et où

nos faiblesses électroniq­ues seront moins pénalisant­es. Les grandes courbes de Brno, malgré le dénivelé, pourraient nous servir, tout comme le Qatar ou Magny-Cours. » Reste à pouvoir rebondir pour la saison prochaine. « Tout le monde sait ce que j’ai fait ici lorsque j’avais une moto pour jouer devant. Et je n’avais que 21 ans, j’étais moins bosseur, moins vite, moins affûté physiqueme­nt. Beaucoup de pilotes vont rester là où ils sont pour la saison prochaine, mais si une bonne moto se libère, je serai certaineme­nt sur les listes. Et j’aimerais par-dessus tout que ce soit avec BMW ! » Reste que les performanc­es signées à Imola sont encore loin du compte. Avec une treizième place en première course, et une onzième dans la seconde – avec trois chutes devant lui –, elles ne sont pas à la hauteur de ce que peut espérer le Savoyard pour bien figurer sur la scène des transferts. Il reste encore seize courses pour briller…

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