Moto Revue

Grand Prix de France

Zarco a tout donné... jusqu’à sa chute au 8e tour

- Par Michel Turco et Alexis Delisse. Photos Jean-Aignan Museau.

Nous y avons cru pendant un peu plus de sept tours. Collé au cul de la Ducati de Lorenzo, Zarco a malheureus­ement fini par s’agacer. « Tous ces tours au début de la course à essayer de le doubler ont été trop difficiles, raconte le pilote Yamaha. J’ai essayé, mais je perdais beaucoup trop à l’accélérati­on. Avec le plein d’essence, j’avais un déficit de puissance. Et quand on doit revenir et ensuite penser à comment passer... Cela a bouffé toute mon énergie. » Un peu trop vite en arrivant au freinage du Garage Vert, Johann s’est écarté vers l’extérieur. Piste sale, plus d’angle et plus de frein... L’affaire s’est terminée dans le bac à gravier. « J’étais à plus de cent pour cent et c’est ce qui m’a poussé à faire cette erreur. Je ne m’attendais pas à chuter et j’aurais dû attendre d’avoir moins d’essence et de me sentir plus à l’aise. Mais à ce moment-là, je n’avais pas cette option. Il aurait fallu que je redresse la moto et que

je sorte du virage. J’aurais perdu trois ou quatre places. C’est une erreur qui est due au fait que j’étais en surrégime. » Pour Guy Coulon, son chef mécanicien, Johann n’aurait effectivem­ent pas dû s’énerver derrière Lorenzo. « Il aurait fallu attendre un peu plus,

estime le technicien de l’équipe Tech3. Avec la Yamaha, on manque de moteur à l’accélérati­on et il faut donc pouvoir profiter d’une bonne vitesse de passage en virage. Or, Lorenzo bouchonnai­t et sa moto faisait à chaque fois la différence en sortie de virage. Johann était beaucoup plus rapide quand il avait du champ, mais il sentait que les autres derrière revenaient... » Et Zarco de préciser : « Si j’avais patienté derrière Lorenzo ou Marquez quand il m’a passé, j’aurais encore perdu des places. Je le sais grâce à mon expérience, avec cette moto et ma conduite, si je patiente, je perds des places. Donc je n’ai pas envie de prendre cette option. » Peut-on évoquer la pression ? « Il y en avait forcément, assure

Hervé Poncharal. Il y avait un tel engouement ce week-end autour de Johann... Il s’est vraiment régalé de tout ce support, mais en annonçant qu’il était là pour gagner, il y avait forcément de la pression. Sa chute au warm up avec son accrochage avec Lüthi

n’a pas été anodine. On l’a vu aussi au départ. Sa sortie de grille n’a pas été bonne et il a fallu qu’il soit très agressif pour se rattraper dans la première chicane. On sentait qu’il était à la limite. Il manquait de moteur pour gagner cette course. On savait que Marquez était favori. Mais Johann n’était pas parti pour faire cinquième... On l’a bien vu quand il est tombé. Il n’a pas couru pour relever sa moto. Il n’avait qu’un truc en tête, c’était la victoire. Ce qui est dommage, c’est que le podium était dans ses cordes. Mais bon, on ne va pas l’empêcher de rêver grand et d’essayer grand. » D’autant que depuis sa chute au Qatar lors de son premier Grand Prix en MotoGP en 2017, le pilote Tech3 avait toujours terminé dans les points. Vingt-et-un Grands Prix sans un faux pas, ça cause. « Bien sûr, après réflexion, on se dit qu’une cinquième place c’est toujours plus de points que zéro, analyse le double champion du monde Moto2. Mais il faut savoir prendre la responsabi­lité de pousser à la limite. Quand on part en pole, on a envie de penser à la victoire. Quand on est en mesure d’être devant, c’est la stratégie à adopter. Cela reste, dans tous les cas, un week-end fantastiqu­e. » Effectivem­ent, jusqu’à cette chute, Johann n’a pas eu grand-chose à se reprocher. Dès vendredi, il pointait aux avant-postes. « Je profite de ce bon moment,

expliquait-il alors aux nombreux journalist­es présents sur le circuit du Mans. Sur ce circuit, plus tu roules, plus tu te sens bien. On sait que cette piste convient à la Yamaha, je dois en profiter. Il n’y a pas de longues lignes droites, on ne pousse pas le moteur au maximum et il faut savoir être bien fluide pour aller vite. Si on trouve le petit truc qui nous manque encore au niveau de la motricité, on sera là demain. » Bingo. Samedi après-midi, le Français s’offre sa quatrième pole position en MotoGP, la deuxième de la saison. Johann a gagné plus d’une seconde sur son chrono de 2017 quand Rossi et Marquez n’ont amélioré que de deux dixièmes. « Les conditions sont bonnes, on a pu travailler efficaceme­nt sur les quatre séances d’essais, se réjouit-il. Marquez est fort, Dovizioso aussi, mais je sens que je peux jouer la victoire. En tout cas, ce sera mon objectif. » On connaît la suite. « Chuter en deuxième position, ça n’est quand même pas honteux, conclut Guy Coulon. Même si on aurait pu profiter de ce week-end pour creuser l’écart sur le troisième au championna­t, je considère que Johann a effectué un week-end brillant. » Guy n’est pas le seul.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France