Moto Revue

Hafizh Syahrin « IL FAUT QUE JE SOIS À LA HAUTEUR »

Appelé en février pour remplacer Jonas Folger, Hafizh Syahrin a plutôt bien négocié ses premiers pas en MotoGP. Le pilote malaisien, qui a pris le train en marche, espère désormais faire sa place dans la classe reine et conserver son guidon chez Tech3.

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Syahrin, quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que tu allais rouler sur la Yamaha M1 du team Tech3 ? Ça a été une énorme surprise pour moi ! Je me souviens très bien du coup de fil de mon boss (son manager,Razlan Razali, le patron du circuit de Sepang). J’étais dans la jungle en train de faire du VTT. Il m’a dit : « Calme-toi et reprends ton souffle,j’ai une bonne et une mauvaise nouvelles : par laquelle je commence ? » Je lui ai répondu de commencer par la mauvaise et il m’a alors annoncé que je ne roulerai pas cette année en Moto2. La bonne, c’était que je devais prendre l’avion le lendemain pour aller essayer la M1 du team en Tech3 à Buriram. Je n’y croyais pas ! Et pendant trois jours, j’ai vécu un rêve. J’ai tout de suite trouvé mes marques dans l’équipe, et aussi sur la moto, puisque j’ai réussi à progresser régulièrem­ent entre le premier et le dernier jour. À ce moment-là, tu n’étais même pas encore assuré de faire la saison, non ? C’est vrai, on ne me l’a confirmé qu’après les tests au Qatar, deux semaines avant le premier Grand Prix. J’étais vraiment nerveux durant cette période. Il fallait juste que je n’y pense pas trop et que je m’applique pour faire de bons tests. Je crois que j’ai montré que je pouvais tenir ma place puisque j’ai très vite roulé dans le rythme des autres rookies. Tu ne t’es pas dit que cela pouvait un être cadeau empoisonné et qu’il valait peut-être mieux faire une saison de plus en Moto2 pour aller gagner des courses et jouer un podium au championna­t ? Oui, bien sûr, j’y ai pensé. J’ai beaucoup discuté avec mon père et mes amis et nous sommes arrivés à la conclusion qu’une telle opportunit­é ne se présente qu’une seule fois dans une vie. Il fallait donc la saisir, surtout avec une équipe et une moto de ce niveau. Il fallait se lancer, faire ce pas en avant. Tu es fier d’être le premier pilote malaisien qui parvient en MotoGP ? Évidemment ! Cela fait longtemps que j’en ai fait mon objectif, mais je ne croyais pas y arriver aussi tôt. Il faut maintenant que je sois à la hauteur de la confiance qui m’est faite. Sepang, en octobre, ça va être de la folie. Il faudra arriver sur le circuit avant l’aube pour ne pas se retrouver coincé dans les bouchons ! Oui, j’espère. Je sais que je vais être très attendu. Bien sûr, le rêve serait de faire comme Johann (Zarco) et Jonas (Folger) qui, l’an dernier, pour leur première saison en MotoGP, sont montés sur le podium de leur Grand Prix national. Je sais que ça ne sera pas facile car j’ai encore beaucoup de choses à apprendre... J’espère en tout cas faire plaisir à mon public. Qu’est-ce qui est le plus difficile à apprendre quand on débarque en MotoGP ? Tout est plus difficile qu’en Moto2. La grosse différence, c’est l’électroniq­ue. Le travail de mise au point est très important.

Et les pneus, tu t’y es fait rapidement ?

La différence de grip est très importante. Et puis il y a un choix beaucoup plus important qu’en Moto2. Ça n’est pas évident d’évaluer tout ce qui est mis à notre dispositio­n en deux journées d’essais. Petit à petit, je comprends mieux les différents types de gommes, mais j’ai encore beaucoup à faire à ce niveau-là. Même si tu as découvert ta nouvelle moto en février, tu es parvenu à marquer tes premiers points dès la première course au Qatar. Cela a dû te mettre en confiance... Oui, c’était un peu mon objectif. Les deux premières courses se sont bien passées puisqu’en Argentine, je suis entré dans le Top 10. Et puis à Austin, il y a eu cette chute au warm up alors que j’essayais le pneu dur... Un gros high-side qui ne m’a toutefois pas empêché d’être dans le coup en course puisque j’étais à la lutte avec Lorenzo pour un nouveau Top 10... Mais j’ai un peu trop forcé et je suis à nouveau tombé. Le Grand Prix d’Espagne, en revanche, a été plus compliqué.

Je me suis blessé en m’entraînant quelques jours plus tôt et j’étais couvert d’écorchures. J’avais beaucoup de mal à bouger sur la moto et je n’ai jamais été dans le rythme.

En tout cas, tu es la preuve que la Yamaha est une bonne moto pour débuter en MotoGP…

Oui, je ne sais pas si la Yamaha est meilleure que la Honda, mais elle me plaît bien. Après, Nakagami est un pilote d’expérience, Morbidelli est très fort... Finir meilleur Rookie (débutant) ne sera pas si facile que ça. Quoi qu’il en soit, je vais faire le maximum pour prouver que je mérite ma place en MotoGP. Je veux que l’équipe puisse être fière de moi.

Le fait de n’avoir pu faire tes premiers tests qu’à Buriram ne semble finalement pas t’avoir trop handicapé...

Ça ne m’a pas facilité le travail. Je l’ai dit, il y a beaucoup de choses à apprendre quand tu débutes en MotoGP, et le moindre tour de circuit est utile. Avoir raté les tests de novembre et la séance de Sepang a fait que j’ai débuté en retard sur les autres rookies. À Buriram, j’étais à plus de deux secondes des meilleurs chronos, au Qatar, à une seconde et demie... Je réduis l’écart petit à petit. J’essaie de profiter de chaque situation pour gagner de l’expérience en restant bien concentré.

Et avec l’équipe, ça se passe comment ?

Au début, j’avais un peu peur qu’on ait du mal à se comprendre. Mais en fait, dès les tests de Buriram, le courant est passé. On a bien travaillé et on a aussi bien rigolé. J’adore mon équipe ! Tout le monde est très pro et en même temps, très sympa. C’est comme une famille pour moi. Et puis il y a Johann qui est aussi très cool avec moi. Il n’y a pas de superstar chez Tech3, j’aime vraiment cette ambiance.

L’an dernier, Zarco et Folger ont fait des étincelles chez Tech3 pour leurs débuts en MotoGP. Ça te met la pression ?

La pression, je la gère avec mon boss et le team. Tout le monde m’aide à rester relax et bien concentré sur mon travail. On me rappelle en permanence que c’est ma première année et que je ne dois pas être agressif sur la moto pour aller vite.

Tu espères rester chez Tech3 la saison prochaine ?

Bien sûr que j’aimerais rester dans cette équipe. Je sais que pour cela je dois prouver que je suis capable de progresser en montrant mon potentiel. Je ne veux pas penser aux contrats mais me concentrer pour faire le meilleur boulot possible. Le reste, on verra.

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