Moto Revue

Grand Prix d’Italie

En remportant sa première victoire avec Ducati, Jorge Lorenzo a enfin obtenu le résultat pour lequel l’usine italienne l’avait recruté à grands frais. Un succès qui arrive malheureus­ement un peu tard, aussi bien pour le pilote espagnol que pour le constru

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Première victoire pour Jorge Lorenzo avec Ducati au Mugello. Un succès qui arrive malheureus­ement un peu tard

Le poing est aussi rageur que la joie est intense. Un an et demi après son dernier succès au guidon de la Yamaha M1 sur le circuit de Valence, Jorge Lorenzo vient de renouer avec la victoire sur la piste du Mugello. « Enfin ! » , lancent les supporters de l’Espagnol d’une seule et même voix. Enfin, Jorge Lorenzo est parvenu à vaincre avec la Ducati Desmosedic­i. Libéré, l’orgueilleu­x Majorquin peut alors s’en donner à coeur joie. « Si Ducati avait cru plus tôt en moi, ce succès d’aujourd’hui n’aurait pas été le premier, s’enflamme-t-il. Je viens de démontrer que ma méthode est la bonne et je peux gagner avec cette moto en pilotant comme je sais le faire. Il fallait juste qu’on m’écoute et qu’on me fournisse ce dont j’avais besoin. » Cette victoire, limpide, Lorenzo la met donc sur le compte des évolutions qu’il a reçues pour ce Grand Prix d’Italie. Et plus précisémen­t sur ce nouveau réservoir d’essence qui lui permet de mieux caler la Ducati entre ses jambes. À Jerez comme au Mans, l’Espagnol avait encore démontré qu’il pouvait imprimer son rythme en début de course. C’est ce qu’il avait d’ailleurs régulièrem­ent fait sur la seconde partie du championna­t 2017. Malheureus­ement, jusqu’à présent, il finissait par craquer avant la ligne d’arrivée. Soit parce qu’il avait choisi des pneumatiqu­es trop tendres pour tenir la distance, soit parce qu’il était physiqueme­nt au bout de rouleau. « Jorge n’a toujours pas compris qu’il doit bosser entre les courses, confiait, il y a peu, un cadre de l’équipe Ducati. La Desmosedic­i ne se pilote pas comme une Yamaha, il faut se servir de ses jambes pour l’emmener, et il faut aussi avoir les bras pour la tenir. » Dimanche dernier, Lorenzo a démontré qu’il pouvait garder le rythme du premier au dernier tour. « J’ai enfin pu piloter comme je sais le faire, tout simplement parce que je me sentais mieux sur la moto, assure-t-il. J’étais beaucoup plus à l’aise sur les phases de freinage et j’ai pu aller au bout de la course

en gardant de la fraîcheur et de la lucidité. Ma seule inquiétude concernait mon pneu avant… J’avais peur qu’il ne tienne pas la distance. » Contrairem­ent à Dovizioso, Rossi et Marquez, qui avaient opté pour l’avant le plus dur, Lorenzo avait choisi le medium. « C’est ce qui lui a permis de gagner, estime Dovizioso. En prenant le dur, j’ai fait le mauvais choix. J’étais sur des oeufs, j’ai failli tomber deux ou trois fois... Après ma chute du Mans et deux résultats blancs, je n’ai pas tenté le diable pour aller chercher Jorge. »

« Si on m’avait écouté plus tôt, je n’en serais pas là »

Rossi n’en pense pas moins. « C’est Lorenzo qui a été le plus malin pour gérer les difficulté­s que nous avons tous rencontrée­s ce week-end avec le pneu avant, témoigne le pilote Yamaha. De mon côté, j’étais vraiment perdu et je ne pouvais pas aller plus vite. » C’est ce qu’a essayé de faire Marquez qui est tombé en début de course. Michelin avait pourtant décidé d’apporter un quatrième choix de pneu avant pour ce Grand Prix d’Italie. « Lorsque nous étions venus en test au mois de mai, nous avions constaté que la piste s’était usée et qu’elle était plus abrasive, raconte Piero Taramasso. Il y a de gros freinages ici, et pas mal de virages en descente qui mettent l’avant en contrainte. » Cette quatrième option n’a pas fait l’unanimité, et si Rossi a battu le record de la piste en qualificat­ion, les chronos ont été beaucoup plus lents durant la course. Lorenzo a ainsi gagné en mettant onze secondes de plus que Viñales l’an dernier. Pas suffisant, bien évidemment, pour gâcher la joie du pilote Ducati, trop heureux de pouvoir faire taire ses détracteur­s. Quitte, comme souvent, à en faire un peu trop. « Ce réservoir que j’ai obtenu ce week-end, je le demandais depuis les tests à Buriram en février, répète-t-il. Si on m’avait écouté plus tôt, je n’en serais pas là. » Et d’ajouter : « De toute façon, tout cela arrive

trop tard et ne changera rien à mon avenir. » Un avenir qui ne s’écrira donc plus chez Ducati, Claudio Domenicali ayant clairement fait savoir à l’Espagnol qu’il ne comptait plus sur lui pour l’an prochain. « Gigi (Dall’Igna) voulait que je reste, Paolo (Ciabatti) et Davide (Tardozzi) aussi, mais ça n’était pas l’idée de tout le monde... » Ce divorce annoncé peut-il changer la face de la suite du championna­t ? Il est clair que Jorge ne fera rien pour aider Dovizioso s’il était en mesure de le faire, encore faut-il qu’il prouve, sur les prochaines courses, qu’il est désormais capable de tenir régulièrem­ent la cadence, pas seulement quand ses adversaire­s sont en difficulté. Son coéquipier ne s’est d’ailleurs pas vraiment ému de sa victoire. « Le rythme n’était pas très rapide et Jorge a bien su gérer ses pneus » , glisse Dovizioso. Deuxième, l’Italien fait pour sa part une bonne opération au classement général, la chute de Marquez lui permettant de réduire de moitié de son retard sur le leader. « Voilà qui va faire taire tous ceux qui me voyaient déjà champion » , déclarait d’ailleurs le pilote Honda à l’arrivée d’une course qu’il a finalement terminée en seizième position, à 39 secondes du vainqueur. Le prochain round à Barcelone ne devrait pas manquer de saveur.

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