Ducati Monster 796 / Aprilia Shiver 900
Techniquement, on envisagerait plutôt la Monster 821 pour affronter le twin multisoupapes 896 cm3 de la Shiver 900, sauf si l’on tient compte de leur prix de vente. Et dans ce cas-là, c’est la 797 qui s’y colle.
Àse demander s’il n’est pas gravé quelque part qu’une Shiver n’arrive jamais à l’heure… C’était il y a déjà 10 ans : en 2007, l’Aprilia Shiver, alors conçue autour d’un V-twin de 750 cm3, se dévoilait au monde – non sans louper quelque peu son entrée sur scène d’ailleurs… En effet, alors que l’accueil depuis les podiums des salons en faisait une vedette, les premières prises de contact venaient ternir ce bel engouement. Belle, annoncée pour 95 chevaux et revendiquant fièrement le recours à un accélérateur électronique type Ride by Wire (à cette époque seules les Yamaha R1 et R6 l’utilisaient), celle qui pensait reléguer les roadsters concurrents au rang de vieux clous obsolètes ne transformait finalement pas l’essai. La faute d’abord à ce fameux Ride by Wire quelque peu « rock’n’roll » et à la puissance annoncée jamais confirmée. Sans compter qu’à cette époque, l’engin réclamait déjà plus de 8 000 € (sans ABS), tandis que la meilleure vente du moment, la Kawasaki Z 750, en valait 1 000 de moins. Le look et la finition de la Shiver 750 y étaient mais il lui manquait en réalité 10 chevaux (85 chevaux vérifiés), ainsi qu’une vraie rigueur dynamique. Dans cet intervalle-temps, la Ducati d’opposition se nommait « Monster », prénom « 696 ». Pesant presque 30 kilos de moins pour quasi 80 ch vérifiés, le tout pour quelques centaines d’euros de moins : c’en était cuit de la Shiver 750. Et puis, par épisodes consécutifs, Aprilia s’est attaché à maintenir sa Shiver 750 à flot.
La Shiver 900 n’arrivet-elle pas trop tard ?
Après un restylage en 2010, puis un prix revu à la baisse courant 2011 (6 500 € pour un modèle non-ABS), c’est finalement cette version 900 qui redonne de vrais espoirs à la Shiver. En effet, pour ses dix ans d’âge, la belle de Noale a bien progressé question agrément.
Les 11 mm supplémentaires consentis à la course du vilebrequin (92 x 67,4 mm contre 92 x 56,4 pour la version 750 cm3) y vont de leur petit effet. Et si la valeur de puissance maxi annoncée n’évolue pas, le couple passe de 8,25 mkg à 9 500 tr/min plus bas (6 500 contre 7 000 tr/min pour le 750 cm3). De quoi renforcer pour de bon le tonus moteur dès les plus bas régimes. Dans cet élan de générosité, la Shiver 900 embarque un afficheur couleur et un contrôle de motricité. Pour le reste, il s’agit de détails esthétiques qui finalement, reposent toujours sur le design initial datant de 2007. Côté partie-cycle, on apprécie l’utilisation d’un bras de fourche réglable en précharge et détente ; toutefois, nous aurions particulièrement apprécié l’abandon de la large jante arrière 6,00 pouces de large au profit d’une 5,5’’. Franchement, c’eût été mieux adapté à la monte pneumatique choisie (180/55 x 17) et ça, nous le rabâchons depuis 10 ans ! La Ducati Monster que nous lui opposons ici a quant à elle connu une gestation plus logique et mieux étalée dans le temps. En effet, de la Monster 696 de 2008 à la Monster 797 de 2017, la famille a su évoluer crescendo, chaque nouveau modèle profitant à l’évolution du genre. Ainsi, cette Monster 797 reprend la mécanique 803 cm3 de la Scrambler Icon, elle-même issue de la Monster 796 datant de 2010. Toutefois, la 797 ne reprend ni le monobras de cette dernière, ni la rampe à double volet d’admission, alors qu’elle reste fidèle au moteur Desmodue à air et au treillis tubulaire intégral depuis la colonne de direction jusqu’à l’extrémité arrière. Il est ici question d’une puissance de 73 chevaux pour 7 mkg de couple mais surtout, d’un poids total mesuré à 197 kg tous pleins faits contre 226 pour l’Aprilia. La 797 ne part donc pas perdante. Reste que pour 600 € de plus, elle n’a ni afficheur couleur, ni gestion électronique sophistiquée. N’empêche, la Shiver 900 n’arrive-t-elle pas trop tard ?