BMW 9Cento, genèse et aboutissement d’un concept
BMW vient de profiter du concours d’élégance de la Villa d’Este à Côme, en Italie, pour présenter un concept baptisé 9Cento (prononcez nove cento, soit neuf cents). Une certaine idée du tourisme sportif au style épuré, avec une adaptabilité nouvelle.
Après le concept 6 de 2009, qui mettait en exergue le 6 cylindres, ou le Concept C préfigurant la gamme scooter, sans oublier le NineT de Roland Sand, BMW nous livre une nouvelle idée de la moto de demain. Pour les marques, de manière générale, l’idée d’un concept peut être multiple. Sonder le public sur des lignes novatrices, lâcher la bride à des designers parfois frustrés et brimés par des législations ou des raisons budgétaires, ou encore imaginer les technologies de demain, sans oublier de faire parler de la marque quand elle a peu d’actualité, et pourquoi pas annoncer en filigrane l’arrivée imminente d’un prochain modèle… Parfois, il y a une seule et unique de ces raisons ou alors un puissant cocktail de toutes réunies ! Mais il peut exister un revers à la médaille. Présenter un concept peut créer une attente qui n’est pas toujours remplie ensuite : Suzuki en a fait la cruelle expérience avec une B-King bien loin du design originel. Le risque est également d’être novateur trop tôt, comme Aprilia avec sa Mana, quand maintenant la boîte DCT Honda (certes différente, mais au comportement dynamique proche) s’impose peu à peu jusque sur les Africa Twin. Il ne faut pas générer non plus une réelle frustration à l’image de Suzuki (encore) avec sa Crosscage, moto à hydrogène, annoncée roulante jusque dans nos pages, et que nous n’avons toujours pas vu phosphorer sur nos routes presque dix ans après ses premiers tours de roues. N’oublions pas ceux qui se loupent parfois, à l’image de l’ancienne équipe Husqvarna avec son concept Mille3, ou frisent le ridicule comme Caterham, qui a réutilisé un concept Aeon, déjà pas très heureux. Dans la mouvance néo-rétro actuelle, les marques redoublent d’efforts pour nous livrer moult réalisations des concours de concessionnaires aux départements spécifiques comme Yamaha qui a créé en 2014 une entité spécifique impulsée et structurée par le
Français Éric de Seynes. Il nous confiait l’an passé sur le sujet : « On a sollicité les dix premiers préparateurs en leur laissant carte blanche, tout en partant d’une base connue, afin de nourrir notre inspiration sur nos gammes accessoires, mais également pour nous donner des directions sur nos projets en cours ou à venir. » Triumph a lancé il y a quelques années un concours interne entre ses ingénieurs. Les grands événements sont ainsi une caisse de résonance pour de tels projets. De Tokyo à Milan, les salons sont des terrains d’exposition propices à la nouveauté et l’exceptionnel. Certaines marques sont passées maîtres dans l’art du prototype… de série. Honda, KTM et BMW excellent avec des machines qui dévoilent des lignes des nouveaux modèles qui débarquent bien souvent l’année d’après dans les concessions. La Villa d’Este est l’un des nouveaux rendez-vous qui comptent. BMW a ainsi préparé longuement ce nouveau projet en interne, en associant ses spécialistes du design, des matières et des couleurs. De prime abord, cette routière sportive typée trail rappelle forcément la S 1000 XR. Dérivé de la sportive de la marque, ce trail routier et sportif allie la force d’un quatre cylindres, dans une partie-cycle racée. Pour ce nouveau concept, l’équipe en charge du projet s’est appuyée sur le twin en ligne en place dans la 850 GS notamment (qui pourrait aussi arriver dans la remplaçante de la F 800 R). Côté périphérique, ils sont également connus comme la fourche inversée Öhlins ou le freinage Brembo. Comme le confie Edgard Heinrich, directeur du design pour la marque, « un concept ne doit pas forcément être le plus audacieux ou le plus clinquant. Il doit aussi rechercher un équilibre. C‘est pourquoi nous avons créé le 9Cento combinant une puissance contrôlable avec les propriétés d’une machine pour se balader, tout en gardant du plaisir. Le 9Cento rassemble des segments sportifs et de l’aventure avec de la capacité de stockage mais aussi de la protection. Nous démontrons ainsi que tous ces aspects rationnels peuvent être couplés avec un design dynamique pour créer quelque chose de vraiment excitant. »
Épuré et minimaliste
Après une phase de dessin traditionnelle, il était ensuite temps de passer à l’étape de mise en production. Sollicitant toutes les composantes des bureaux d’étude de la marque, la voie choisie a ainsi permis de donner une certaine idée d’un tourisme polyvalent. Si le travail sur les pièces d’aluminium des platines reposepieds ou de la partie centrale ajourée démontre un gros travail de réalisation, c’est principalement sur la partie arrière que le 9Cento innove. Épurée et minimaliste, la selle autoporteuse peut s’élargir et s’agrémenter de valises grâce à un électroaimant qui les fixe à l’ensemble. Une solution adaptative qui a été un des axes principaux du travail de l’équipe. Si les ingénieurs de la marque nous ont confié « avoir exploré cette piste à fond, sans écarter les différentes possibilités », ils ne dévoilent pas si cette solution est réalisable en grande série, arguant que, pour l’instant, « il n’y a que le concept qui soit d’actualité ». Ce principe aurait de multiples avantages avec un look racé en solo et de la polyvalence en duo. Quand cela pourrait-il arriver ? « Pour l’instant, nous présentons cette idée et notre vision d’un nouveau tourisme sportif et adaptif » avoue Edgard Heinrich… comme à chaque fois !