Moto Revue

L’avis de Egbert van Popta, multiple champion

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Egbert van Popta a remporté à quatre reprises l’épreuve et fut le premier pilote, en 2016, à franchir la barre des 200 mph (321 km/h) en wheeling. Bien qu’ayant raccroché son cuir, pour préparer un tour du monde à la voile, ce sympathiqu­e Néerlandai­s était venu retrouver ses amis du WWC. Il nous livre sa vision de l’épreuve et ses secrets pour réussir des wheelings rapides.

« Le wheeling, c’est une seconde nature pour moi. Je l’ai fait toute ma vie, enfant à vélo, adolescent en cyclos, puis avec des motos d’origine jusqu’à des motos extrêmemen­t puissantes... Pour un wheeling rapide, tout est dans l’équilibre bien sûr, mais ce n’est pas le même que celui que l’on gère avec le corps ou le frein arrière lorsqu’on évolue à faible allure avec des motos peu puissantes. Ici, tout se joue à la poignée de gaz, afin de maîtriser une moto de plus de 400 ch... Les difficulté­s spécifique­s à Elvington sont avant tout cet espace immense et écrasant, comparé à la route, qui donne la sensation que tu vas beaucoup plus lentement que dans la réalité. Et puis, il y a la pression liée à l’événement : tout se joue ici et maintenant ! À force d’enchaîner les runs, tu dois trouver une façon de faire que tu peux reproduire à chaque fois. De plus, la piste n’est pas parfaiteme­nt horizontal­e, mais légèrement incurvée. Lorsque tu es au départ, tu ne vois pas l’arrivée. À environ 200 mètres avant la fin du kilomètre, il y a une légère bosse, qui lorsqu’elle se combine à un vent capricieux, devient un passage vraiment délicat. Il faut aussi avoir un peu de chance avec la météo, l’idéal étant d’avoir un vent arrière pile dans l’axe de la piste. Mais pour être rapide à Elvington, il faut avant tout s’assurer que la moto fonctionne parfaiteme­nt et rester extrêmemen­t concentré. Quand je fais un wheeling très rapide, tout devient noir autour de moi. Je ne perçois qu’un point lumineux en face de moi, au loin. Un point qui désigne la fin de la piste et que je veux atteindre le plus vite possible, mais avec la roue avant au-dessus du tarmac. Quand on va très vite, il faut que la roue avant soit aussi basse que possible afin d’obtenir la meilleure accélérati­on. Mais c’est aussi la partie la plus difficile à gérer, car à la moindre erreur, la roue avant touche le sol. Chose amusante, en augmentant la vitesse de la moto, je me suis senti mieux : tu as tellement de puissance que tu peux soulever la roue avant en tournant la poignée à n’importe quelle vitesse. D’autre part, ce qui est étonnant, c’est qu’à très haute vitesse, en wheeling, la moto devient plus stable que sur deux roues. De plus, l’avantage de cette puissance, c’est que tu peux parfaiteme­nt accompagne­r l’atterrissa­ge de la roue avant. C’est d’ailleurs à ce moment-là, lors de l’atterrissa­ge, que se situe la partie la plus dangereuse des wheelings rapides. Pour gagner en sécurité, j’écarte systématiq­uement les plaquettes de frein avant, juste avant le départ, afin que la roue ne ralentisse pas. En revanche, il faut pomper au levier pour freiner ensuite. Mais la piste est tellement longue que ça ne pose pas de problème ! »

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