Moto Revue

135 54 départs victoires

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champion malgré tout, j’aurais probableme­nt arrêté la compétitio­n. À l’automne 1992, ma jambe n’était pas guérie. Des morceaux d’os se baladaient dedans et en attrapant la cheville et le genou, on pouvait la tordre à la main (sic)... » En 1993, c’est donc une saison de reconstruc­tion. « Ce travail pour revenir au sommet a été une lutte de chaque instant. Je compensais la force perdue de ma jambe avec le haut du corps, ce qui m’a valu quelques chutes, parce que j’avais des difficulté­s à contrôler la moto aux changement­s de direction. J’ai vécu des moments compliqués, mais je savais que si je voulais continuer à courir, et qu’un autre ne vienne pas me piquer ma place, je n’avais pas d’autre choix que de ne rien lâcher. » Ce combat est finalement récompensé en 1994, une saison que Mick Doohan domine assez nettement, en remportant neuf des quatorze épreuves du championna­t. Les quatre années suivantes, jusqu’en 1998, il est quasiment imbattable. Les adversaire­s qu’il avait dû affronter à ses débuts ne sont plus là, une génération entière s’est éclipsée. Eddie Lawson, Wayne Rainey, Kevin Schwantz et même son rival national Wayne Gardner ont déserté le paddock. Doohan a affaire à ses coéquipier­s Alex Crivillé ou Tadayuki Okada, à Luca Cadalora, Norifumi Abe, Alex Barros et pour finir Max Biaggi, qui le titille sérieuseme­nt en 1998. Il dit, à leur propos, que « même s’ils étaient rapides et méritaient qu’on les respecte, ils n’avaient cependant pas la même envergure que ceux que j’avais affrontés en arrivant en Grands Prix. Il n’empêche que je devais me battre avec la même intensité, parce que si j’avais baissé la garde, il y en aurait eu un ou deux pour s’engouffrer dans la brèche et me contester ma domination » . Le 8 mai 1999, c’est donc sans préavis que la carrière de l’Australien trouvait une conclusion radicale. En dépit d’une rééducatio­n intensive, trop sans doute comme il l’a dit, il devait savoir au fond de lui que c’en était fini. À la fin de cette année 1999, il annonçait sa retraite sportive. Dix-neuf ans plus tard, c’est un homme heureux qui nous déclare non sans humour : « Le miroir commence à vieillir, je dois donc me concentrer sur ce que je vais faire durant les dix prochaines années !

Une propositio­n pour un come-back

Dans l’immédiat, je m’occupe de mon fils, qui n’a que 15 ans. Il sera peut-être pilote, ou il fera complèteme­nt autre chose… Ensuite, je vais continuer à gérer mes différents business, dont la compagnie d’aviation d’affaires Jetcraft à laquelle je suis intégré. Je m’occupe de l’Australie et de la NouvelleZé­lande, en gros de la zone océanique. La maison mère se trouve à Raleigh, en Caroline du Nord, aux USA, et il y a une vingtaine de bureaux à travers le monde. Je gère également divers autres investisse­ments personnels… » Et sinon, 19 ans plus tard, regrette-t-il cette fin de carrière précipitée ? La réponse du quintuple champion du monde 500 est franche : « Est-ce que j’avais envie d’arrêter la course au moment où je suis tombé lors de ces essais à Jerez ? Non, pas vraiment. Mais avec le recul, ce n’était probableme­nt pas une mauvaise manière d’arrêter parce que si physiqueme­nt, je ne pouvais pas piloter en 2000, au moment où j’aurais été à nouveau capable de le faire, j’avais déjà basculé vers autre chose… Un an ou deux après, j’ai aussi eu une propositio­n de Sito Pons et de Camel pour effectuer un come-back. Je m’en sentais à nouveau capable. En fait, je leur ai même dit de me donner quelques semaines pour y réfléchir. Heureuseme­nt, ce délai passé, ils avaient signé avec un autre pilote… Ce qui était une bonne chose, parce qu’autrement, merde, je serais peut-être toujours là, sur les grilles de départ ! » n

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