Moto Revue

Monté par une dizaine de copains en 1996, le fanclub de Rossi compte aujourd’hui 15 000 membres

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En ce jour de Grand Prix de SaintMarin, le soleil n’est pas sorti depuis bien longtemps des flots de l’Adriatique que des files de pèlerins se déplacent déjà vers la Mecque du circuit de Misano. En silence, tout de jaune vêtus, les tifosi de Valentino Rossi marchent religieuse­ment vers les tribunes qu’ils ont réservées depuis de longues semaines. Plusieurs d’entre eux, casquette 46 vissée sur le crâne, trimballen­t avec précaution d’immenses tifos confection­nés à la gloire de leur idole. « Dès que les billets ont été mis en vente, nous avons été pris d’assaut, confie Flavio Fratesi, chef d’orchestre du fan-club de la légende de Tavullia. Les 18 000 places que nous avions réservées sont parties en quelques jours. » Et le fait que Valentino Rossi n’ait plus gagné depuis 441 jours ne change rien à l’affaire. « La passion est toujours plus forte, assure Fratesi. Et pas seulement en Italie. » Au Japon, les 2 500 places allouées au fan-club sont parties dès le mois de mars en l’espace de quarante minutes. Pour le Grand Prix de Malaisie, qui clôturera la tournée outre-mer du mois d’octobre, ce sont 11 500 places qui ont été préemptées par le fan-club. Il y a deux ans, on n’en comptait que 2 500. « Depuis que nous avons commencé à organiser nos propres tribunes, nous avons toujours plus de demandes, souligne Fratesi. En Argentine, nous avons même récupéré une tribune au départ réservée aux supporters de Marquez. Étant vide, les organisate­urs nous l’ont confiée et nous avons pu ainsi passer de six à sept mille places. » Cette folle passion pour Valentino Rossi envahit chaque année Tavullia à l’approche du Grand Prix de Saint-Marin. Dans la petite ruelle qui mène vers le siège du fan-club, on fait la queue pour rejoindre les 15 000 personnes aujourd’hui encartées. On patiente aussi devant la pizzeria du nonuple champion du monde pour déjeuner entre passionnés, avant de s’offrir quelques souvenirs à la boutique officielle. Comme ce couple d’Allemands qui repart des paquets plein les bras. À 73 ans, Marcus ne rate aucun Grand Prix. « Cela fait plus de vingt ans que je suis supporter de Vale, lâchet-il crânement. Aujourd’hui, dans la famille, il y a trois génération­s qui s’habillent en jaune ! »

« Valentino est notre Messie »

« Cette période est toujours un peu dingue » souffle Fratesi en jonglant d’un rendez-vous à l’autre. On est bien loin des débuts de ce fan-club fondé en 1996 par une dizaine

de copains du village dont Flavio et Rino Salucci, le père d’Uccio. « Tavullia a quand même toujours été un lieu de passion pour la moto et pour la course, reprend Fratesi. Mon père Francesco a été l’un des premiers pilotes après la guerre et dans les années 70, la fédération italienne avait remis au maire de Tavullia une médaille d’or car nous étions le village qui comptait le plus de licenciés par rapport au nombre d’habitants. Quand j’étais gamin, nous rêvions d’avoir enfin un champion et pour cela, nous allions régulièrem­ent prier à l’église. Valentino a été notre Messie. » Messie d’une tribu, idole de tout un peuple, Rossi a pu communier avec les siens cette année dans son jardin de Misano. L’an dernier, une fracture à la jambe l’avait contraint à renoncer à son Grand Prix. Un souvenir douloureux pour l’Italien. « Cela avait été dur de ne pas pouvoir courir chez moi, dit-il. Même si c’est un week-end toujours un peu compliqué du fait des nombreuses sollicitat­ions auxquelles je dois répondre, l’ambiance y est unique. » Et puis la piste, Valentino la connaît comme sa poche. C’est en fait à Misano qu’il a roulé pour la première fois au guidon d’une vraie moto, en l’occurrence une 125 Cagiva Mito. « J’avais douze ans, se souvient-il. À l’époque, le tracé tournait encore dans l’autre sens. J’avais enfilé un vieux cuir de mon père. J’étais tout petit et j’avais du mal à poser mes pieds par terre. Le souvenir que je garde de ce jour-là, c’est d’avoir su ce que j’allais faire du reste de ma vie. » Avec six podiums – dont trois victoires – en onze apparition­s sur la piste italienne depuis ses débuts en MotoGP, Valentino rêvait cette année secrètemen­t d’un exploit. Une victoire, ou tout au moins un podium. Il était malheureus­ement loin du compte. Jamais dans le coup, le pilote Yamaha est passé sous le drapeau à damier en septième position, à près de vingt secondes du vainqueur. À l’arrivée, il semblait partagé entre frustratio­n et résignatio­n : « Chez moi, devant mon public, j’espérais un tout autre résultat. Surtout après les bons chronos réalisés en FP4, je pensais pouvoir accrocher le podium. Ce matin aussi, au warm up, nous étions pas mal. Malheureus­ement, la températur­e de la piste a grimpé et nous avons retrouvé nos problèmes de grip à l’accélérati­on. Toutes les Yamaha ont souffert, Viñales, Zarco, moi... J’étais une seconde plus lent que la veille alors que les conditions étaient semblables. Ce n’est pas non plus une histoire de pneus car nous avions à peu près tous choisi les medium. J’avoue que j’ai du mal à comprendre pourquoi nous en sommes là. » Malheureus­ement pour Valentino, il ne semble pas le seul dans ce cas chez Yamaha. n

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 ??  ?? 1 Si Rossi n’a pas réussi à approcher le podium à Misano, sa popularité est toujours stratosphé­rique. 2 Tavullia, sa ville natale à six kilomètres du circuit, attire les foules du monde entier. 3 Cette année, des dessins réalisés à la gloire du 46 par des enfants du monde entier égayaient la montée vers l’église. Alicia était toute fière d’y retrouver son oeuvre. 4 Tout comme Günter, Suisse allemand, arborant son tatouage dédié à l’enfant du village.
1 Si Rossi n’a pas réussi à approcher le podium à Misano, sa popularité est toujours stratosphé­rique. 2 Tavullia, sa ville natale à six kilomètres du circuit, attire les foules du monde entier. 3 Cette année, des dessins réalisés à la gloire du 46 par des enfants du monde entier égayaient la montée vers l’église. Alicia était toute fière d’y retrouver son oeuvre. 4 Tout comme Günter, Suisse allemand, arborant son tatouage dédié à l’enfant du village.
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