Industrie Ça débraye en Inde
Eldorado low cost pour de nombreux constructeurs moto, l’Inde voit les mouvements de grève se multiplier sur les chaînes d’assemblage. Yamaha et Royal Enfield sont notamment concernés.
C’est le plus gros producteur de deux-roues motorisés du monde. Le pays où, depuis une dizaine d’années, les grands constructeurs occidentaux (KTM, BMW, Harley-Davidson, Triumph…) implantent des sites de production, soit pour pénétrer à moindres taxes l’immense marché local, soit tout simplement pour profiter d’une main-d’oeuvre qualifiée à faibles coûts. À beaucoup d’égards, pour le business moto, l’Inde est aujourd’hui une sorte d’Eldorado. Mais un Eldorado qui connaît désormais des nets soubresauts sociaux. Depuis cet été, plusieurs mouvements de grève ont été lancés, notamment sur des sites de production de Royal Enfield et Yamaha. Les revendications qui les sous-tendent : l’augmentation des salaires (le salaire moyen en Inde est de l’ordre de 40 euros par mois, l’équivalent de 220 euros mensuels, en parité de pouvoir d’achat avec la France) mais aussi le droit effectif à la syndicalisation, certains sites de production ayant l’habitude de licencier les employés qui prennent l’initiative de monter un syndicat. Lancé mi-août chez Royal Enfield pour obtenir la réintégration des syndicalistes virés, le mouvement s’est accentué fin septembre, pour parvenir au blocage total des chaînes d’assemblage sur le site d’Oragadam. Même topo chez Yamaha, où à la même période, 700 employés se sont mis en grève, entraînant une baisse de la production journalière de quelque 60 %. Du côté des directions indiennes des marques, les réactions officielles semblent osciller entre l’indifférence feinte (aucun communiqué de la part de Yamaha India) et la condescendance, Royal Enfield déclarant « travailler pour comprendre le problème qui a contraint quelques ouvriers à ne pas se présenter au travail » . Un travail de compréhension manifestement ardu malgré la simplicité des revendications, puisqu’à l’heure où nous écrivons, les négociations sont au point mort...