Essai longue durée
C’est avec la Honda Africa Twin en version DCT que nous avons abattu 3 000 kilomètres, une distance susceptible de révéler bien des choses
Il existe tout un tas de raisons qui peuvent pousser à opter pour une boîte DCT : curiosité, conviction, addiction technologique, paresse du pied gauche, handicap, etc. Mais un gros trail à gâchettes, d’un point de vue pragmatique, est-ce bien cohérent ?
Neuf ans déjà que la technologie DCT actionne les mécanismes internes des boîtes de vitesses Honda éponymes. Globalement, on retient de nos divers essais que la DCT s’accorde mieux à une transmission secondaire par chaîne plutôt que par arbre et cardan. En effet, là où VFR 1200 et Crosstourer nous servaient des à-coups et bruits mécaniques venant de ce côté-ci, les machines ayant recours à une chaîne offrent quant à elles une bien meilleure discrétion de fonctionnement. Partir en essai longue durée avec une Africa Twin à commande manuelle n’aurait sans doute pas apporté un grand intérêt rédactionnel, cette moto étant largement répandue autant que réputée pour sa facilité, son efficacité et plus que tout, sa délicieuse simplicité. Le tout pour un tarif des plus corrects, ceci quand le segment des gros trails tend à viser la surabondance d’équipement et la surenchère cubique. Le tout en cherchant à justifier des tarifs himalayens au moyen d’une présentation... premium. Genre de baroudeuses montées sur talons aiguilles 24 carats avec lesquelles on se garde bien d’aller vraiment barouder tellement ça fait mal de leur causer quelques éraflures !
Un temps d’adaptation s’impose
L’Africa Twin brille justement par son aisance en toutes circonstances, sur route comme dans les chemins. Elle excelle également par son humilité et sa sincérité. En proposant la boîte DCT, l’Africa Twin va encore un peu plus loin en proposant une technologie inédite dans ce segment, tout en relativisant la course à la puissance et en ignorant les suspensions électroniques, pour au final s’interdire de franchir la barre fatidique des 15 000 €. Chez Honda, l’option DCT dope tout de même de 1 000 € le prix de vente de l’Africa Twin (14 899 € contre 13 899 € en commande manuelle) et alourdit la masse totale de 10 kilos supplémentaires (246 kg contre 233 kg tous pleins faits). Mais évidemment, imposer à son cerveau l’absence de levier d’embrayage et le sélecteur nécessite un temps d’adaptation. Cela dit, on s’y fait vite... et puis paniquer maintenant ne résoudrait rien. Il y a donc le mode tout automatique qu’il est possible d’enclencher sur son mode normal (D comme Drive) ou sportif (S pour Sport). Il existe également le mode A/T qui permet de profiter d’un fonctionnement dit manuel. Dans ce dernier, on sélectionne le passage des rapports depuis le pouce (–) et l’index gauche (+). Pour les modes automatiques (soit D et S), les touches + (montée des rapports) et – (descente des rapports) permettent de « forcer » à n’importe quel instant la logique engagée par le système. L’automatisme reprend ensuite son rôle à partir du rapport sur lequel on vient de « forcer » le passage. Mode automatique Drive/ Sport ou mode manuel, pas de panique, l’Africa Twin DCT a la gâchette facile mais surtout, elle préserve toujours sa mécanique, empêchant tout sur-régime. Elle préserve également le dessus de votre chaussure et accessoirement, vos métatarses. Reste à voir l’intérêt de tout ceci dans le quotidien d’un motard.