Yamaha YZF-R 125
La nouvelle sportive Yamaha de 125 cm3 représente la porte d’entrée dans la série R de la firme d’Itawa. Identité affirmée, caractéristiques affinées, technologies embarquées, la version 2019 affiche un vrai tempérament de sportive sur piste comme en vill
C’est une R1 en miniature, l’entrée de gamme des sportives de la marque aux diapasons, et elle est fabriquée en France
L’air de rien, une simple lettre veut dire beaucoup de choses. Prenons le R, par exemple. Dans la caste des sportives, il évoque évidemment le côté racing. Mais chez Yamaha, il s’agit tout bonnement d’une famille, une série, une icône. En effet, depuis 20 ans maintenant, les sportives du constructeur japonais sont marquées de la lettre R. De la R1 à la R6, en passant par la R3 et donc jusqu’à la 125, baptisée R... 125. Une lettre comme un grade, qu’il convient de respecter pour ne pas galvauder une réelle identité. Après 2008 – avec une version timide – et 2014 – avec un modèle plus racé –, Yamaha applique en 2019 le principe du ruissellement maximal en partant des codes de la M1, sommet d’une pyramide bleue avec la R1 – star de la marque. Grâce à la nouvelle technologie à Leds pour l’éclairage, la nouvelle R 125 bénéficie d’un regard acéré et d’un arrière minimaliste, le tout souligné d’écopes pour les entrées d’air, à l’instar du MotoGP. Les deux extrémités ayant été retouchées, le réservoir s’est offert lui aussi un nouveau dessin, avec au passage une contenance diminuée de 0,5 litre. Sous cette robe, la R 125 a vu son cadre Deltabox optimisé avec une nouvelle géométrie pour une meilleure agilité, sa fourche de 41 mm (oui, oui, 41 mm !) a été recalibrée pour plus de confort et de stabilité, et son bras oscillant est désormais en aluminium. Un grand nombre d’évolutions proviennent des précédentes sportives de la marque, suivant la tradition des TZR 125 de 1988 et de la YDS-1 de 1959. Et puis cette année, elle reçoit un bagage technique digne de ses grandes soeurs. Dans les entrailles du monocylindre à refroidissement liquide se cache un système de commande variable des soupapes (Variable Valve Actuation System), censé optimiser la position de la soupape en fonction du régime du moteur. Une technologie en place depuis 2016 dans la R 15, sportive de 150 cm3 dédiée au marché émergent (mais aussi dans les scooters Nmax et AeroX). La distribution variable n’est pas une première chez Yamaha, puisque les R1 et R6 de 2008 en étaient pourvues, mais avec un principe différent. Grâce à ce principe de commande des soupapes (que l’on retrouve sur les Ducati DVT, le nouveau flat BMW, les Suzuki GSX-R 1000), la nouvelle R 125 affiche un couple en hausse dès les bas régimes, et des performances accrues à haut régime.
La R 125, dans la droite lignée de ses aînées
Une nouvelle culasse, avec des soupapes d’admission et d’échappement plus courtes et d’un diamètre plus large, une nouvelle injection, avec un corps de papillon élargi et un système de refroidissement revu pour réduire le temps de chauffe du moteur et améliorer le refroidissement aux températures les plus élevées, avec en prime une réduction de sa taille et de son poids, font partie de la dotation 2019. Voilà la R 125 dans la droite lignée de ses aînées, avec une fiche technique armée pour faire face à une large concurrence. Car si le segment des 125 est principalement l’apanage des scooters, des néo-rétro, voire des roadsters, tous les grands constructeurs,
à l’exception de Ducati, BMW et Triumph (qui sont purement et simplement absents dans cette cylindrée), proposent une 125 sportive. Suzuki GSX-R, Aprilia RS4 (4 929 €) et KTM RC, sans oublier la nouvelle Kawasaki Ninja (4 899 €), en attendant la future Honda CBR, la bagarre est âpre, et tous les arguments sont bons pour séduire une majorité de jeunes pilotes. Car Yamaha annonce en effet que 60 % des nouveaux propriétaires de R 125 ont entre 16 et 19 ans. S’il n’y a pas de plateforme connectée et autres technologies parlant à la génération Alpha (ceux qui sont nés après 2000), question séduction, cette R 125 en impose et invite à prendre son guidon, à l’ouverture élargie par rapport à l’ancienne version. Dans un souci d’augmenter le confort, les mousses de selle sont plus épaisses. Yamaha aurait donc pensé à ceux qui roulent au quotidien. De quoi perdre sa sportivité ? Pensez donc, une R reste une R. Position ramassée, jambes repliées, poignets cassés, aucun doute : c’est bel est bien une sportive. C’est bel et bien une R. Tour de clé, le nouveau tableau de bord s’illumine avec un message personnalisé et personnalisable sur l’écran LCD. Un indicateur de rapport engagé fait son apparition et invite à enclencher la première une fois le monocylindre lancé, dans une nouvelle sonorité qui peut être exacerbée par un échappement Akrapovic. L’embrayage avec antidribble se lâche après une longue course et les soupapes du monocylindre peuvent commencer leur ballet grâce à cette nouvelle commande variable. Imperceptible à l’action, le monocylindre reste pointu et volontaire. Certainement l’un des plus sportifs de la catégorie. On le pousse allègrement à dépasser les 7 000 tr/min pour aller flirter avec la zone rouge vers les 11 000 tr/min, où le shiftlight s’affole. Avec ses 14,95 chevaux réglementaires, nous sommes bien loin des trentaines de chevaux des TZR à cylindre à trous, mais la R 125 fait le job en ville, sur petites routes, voire même sur autoroute avec presque 140 km/h affichés sur son nouveau compteur. Et sur circuit, il faut forcément cravacher sa boîte à six rapports assez bien étagée, mais la partie-cycle offre maniabilité et stabilité pour jeter d’un angle sur l’autre ses 142 kilos, qui se stoppent sans mal avec un freinage ABS digne d’une plus grosse cylindrée ! La R 125 ne manque donc pas d’air, et l’air de rien, elle mérite son R. n