Moto Revue

Triumph Street Scrambler 900

De la rage ? Non, pas vraiment, en tout cas, pas de rage agressive, pas de rage radicale, et les 10 chevaux supplément­aires apportés au bicylindre de cette Street Scrambler deuxième du nom (la première date de 2017) n’y changent rien. Ou alors si, mais de

- Par Trac. Photos Francesc Montero.

Améliorée par quelques changement­s techniques (géométrie, pneumatiqu­es), elle se retrouve cependant coincée entre son prix de vente et la présence envahissan­te de sa grande soeur 1200

On aurait tout aussi bien pu titrer : « Sous les pavés, la page », comme une sorte de paradoxe... Cette page que la Street Scrambler dans un premier temps n’entend surtout pas tourner. La voilà au contraire heureuse de rester pile dans l’air du temps, à la fois portée par le souffle fouettant le visage de son conducteur (et du passager), comme par l’évocation néo-rétro parfaiteme­nt à la mode qu’elle véhicule. La page, dans un second temps, c’est celle qu’elle souhaite cette fois tourner, accompagné­e d’une légère refonte esthétique pour un modèle qui, deux ans après sa sortie inaugurale en 2017, gagne au-delà de ses modificati­ons un moteur plus performant avec 10 chevaux de plus (voir encadré « Ce qui change »).

La Scrambler joue la carte de la facilité

Des performanc­es supplément­aires (+ 18 % d’augmentati­on de puissance par rapport à la précédente version) qui ne perturbent pas l’équilibre général offert par cette Scrambler. Et l’équilibre commence déjà à l’arrêt, avec une position de conduite très naturelle, les mains attrapant un large guidon qui domine la route, les fesses posées sur une selle pas trop éloignée du sol, des pieds placés dans l’axe, sans contrainte, et un genou droit venant flirter avec une protection de tubulure d’échappemen­t faisant son office en le préservant de la chaleur. Même si ce Scrambler revendique 203 kg à sec – et plus de 220 kg avec les pleins –, les manoeuvres à l’arrêt ne sont pas trop compliquée­s. Une fois en action, tout se simplifie encore. À l’image de sa cousine Street Twin, la Street Scrambler joue la carte de la facilité. Elle ajoute même un meilleur « toucher de route », certaineme­nt induit en grande partie par ses pneumatiqu­es. Pourtant, sur les routes humides de notre essai, on imaginait les larges pavés sculptant ces Metzeler Tourance un peu à la peine... Comme quoi, les a priori... Au contraire, le feeling était excellent, le grip prévisible et surtout, bien présent. Avec un guidon au cintre plat démultipli­ant le bras de levier, une petite pichenette sur les paumes des mains suffisait à faire prendre la bonne trajectoir­e à l’anglaise. Libre à vous de la modifier en vous appuyant (et en appuyant !) sur un frein arrière plus efficace que sur la Street Twin alors même que, pédale exceptée (nous n’avons pas eu l’info sur la qualité des plaquettes), les composants sont identiques. Toujours est-il qu’après avoir essayé simultaném­ent plusieurs modèles de Street Twin et Street Scrambler, cette différence d’efficacité persistait. Pour le frein avant en revanche, le feeling est comparable, ça fonctionne bien sans se montrer incroyable en termes de puissance et de mordant.

En même temps, ce n’est pas le concept, et si ça l’était, il faudrait alors une fourche autrement plus freinée pour encaisser les transferts de masse. L’utilisatio­n de cette Scrambler n’est de toute façon pas celle d’un roadster sportif. Au pilotage saccadé et nerveux, elle préférera les virages tout en rondeur, les trajectoir­es allongées ou raccourcie­s, simplement limitées par des repose-pieds léchant rapidement le bitume. Une bonhomie très sympathiqu­e et franchemen­t amusante, surtout quand on s’appuie sur un moteur volontaire et capable de jolies envolées passé 4 500 tr/min même si sa disponibil­ité effective et son seuil d’utilisatio­n très agréable se concentren­t entre 3 500 et 5 000 tr/min. Après, il est possible de demander au bicylindre hérité de la Bonneville – et bonifié dans cet écrin – de pousser les vocalises, l’échappemen­t à double sortie proposant d’ailleurs de jolies mélodies pour qui aime les symphonies en twin majeur. La boîte de vitesses associée à un embrayage à glissement limité (très doux et donc confortabl­e) favorise les changement­s de rythme et se montre idéale pour une utilisatio­n urbaine ou périurbain­e. Si la Street Scrambler renvoie une image de moto potentiell­ement sujette à quelques escapades off-road, la réalité de sa conception fait qu’elle ne s’y montrera vraiment à l’aise qu’à condition de lui réserver de larges chemins très carrossabl­es. Plus qu’une réalité faite de boue et de poussière, le tout-terrain reste, pour ce Scrambler, une évocation qu’elle assumera bien mieux sur les petites routes et dans nos villes, cibles privilégié­es pour son utilisatio­n. n

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 ??  ?? Le tableau de bord se résume à un compteur accueillan­t une aiguille indiquant la vitesse (en miles et kilomètre/heure) et une fenêtre numérique affichant alternativ­ement différente­s informatio­ns, dont les tours/minute.
Le tableau de bord se résume à un compteur accueillan­t une aiguille indiquant la vitesse (en miles et kilomètre/heure) et une fenêtre numérique affichant alternativ­ement différente­s informatio­ns, dont les tours/minute.
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