Supercross
Petite explication de texte sur la discipline numéro 1 aux USA, où le Français Marvin Musquin, vicechampion 2018, espère enfin décrocher la timbale
Pendant que les stars du MotoGP sont encore en mode hivernage, les gladiateurs du championnat du monde Supercross ont démarré leur saison – longue de 17 courses – début janvier. De ce côté de l’Atlantique, quand on parle moto, le SX incarne le sport numéro 1. Un succès qui ne doit rien au hasard.
Lorsqu’en 1972, la première course de Supercross est organisée aux États-Unis au coeur du stade du Colisée de Los Angeles, le succès est immédiat. Et ininterrompu depuis ! Si le sport a évolué comme l’époque (progrès techniques sur les motos, arrivée de nouvelles méthodes d’entraînement, etc.), les règles et l’essentiel du spectacle font toujours appel aux mêmes ingrédients.
Une scène rodée
Une épreuve de Supercross se court sur un circuit en terre construit dans un stade de football américain (ce qui permet d’amener le sport motorisé en plein centre-ville), accueillant en moyenne cinquante mille spectateurs. Un tour de force qui nécessite de gros moyens et des équipes spécialisées, capables en moins de 3 jours de protéger la pelouse du stade avec sept mille feuilles de plastique, de déplacer des milliers de tonnes de terre, sans oublier d’installer protections, podiums, systèmes de chronométrage, feux d’artifice, banderoles publicitaires... Les 20 personnes permanentes constituant ce groupe de choc travaillent d’arrache-pied sur une saison longue de 17 épreuves, se déplaçant dans 13 États des USA. Les chauffeurs des 52 semi-remorques, incluant ceux des teams, parcourent plus d’un million cinq cent mille kilomètres chaque saison.
Stars affûtées
De leur côté, les pilotes voyagent en avion, mais ne chôment pas pour autant. Contrairement à leurs homologues de vitesse (MotoGP ou Superbike), ces athlètes roulent à l’entraînement 4 jours par semaine, durant toute l’année, et enchaînent avec un second championnat, cette fois en motocross (de 12 épreuves), qui débute une fois la saison SX terminée, à la fin du mois de mai. La plupart des pilotes deviennent professionnels dès 16 ans en débutant par la catégorie 250. Afin d’offrir plus de guidons aux jeunes pilotes, cette catégorie est scindée en deux côtes : la plupart des teams alignent deux pilotes à l’Ouest et deux à l’Est. Les plus talentueux
passent ensuite en 450, espérant devenir les cadors de leur sport, les mieux payés aussi. Les places y sont logiquement disputées : les teams officiels engagent 2 pilotes sous leur auvent – soit 12 pilotes usine auxquels s’ajoutent 6 à 8 autres bénéficiant d’un support officiel. Plus qu’en Superbike Moto America (voir MR n° 4084), où les pilotes officiels ne sont que 4.
Un sport dangereux
Une courte ligne droite de départ qui se resserre au premier virage, passage obligé pour espérer remporter la victoire... À condition d’être capable de s’envoyer des sauts de 35 mètres de long, qui vous catapultent à 10 mètres au-dessus du sol,
d’enchaîner des sections rythmiques, de surfer des whoops (succession de bosses rapprochées), sans oublier de jouer des coudes pour affirmer sa place au milieu de la meute... Le tout sur des sprints qualificatifs de 6 tours et une finale de 20 minutes ! Si les risques de blessure sont très élevés, contrairement à leurs homologues pistards, les pilotes de SX ne portent souvent que le strict minimum en termes de protections : pas d’airbag, et (pire) souvent rien sous le maillot ! Si les casques, bottes et genouillères ont bien évolué, d’autres équipements comme les tours de cou ou les pare-pierres demeurent optionnels. Bien que rares, les blessures au cou et au dos restent une réalité, et nombre de pilotes talentueux vivent aujourd’hui avec de lourds handicaps. Cela n’a pas encore suffi à changer les comportements, et on souhaite une révolution sécuritaire, à l’image de celle qui a eu lieu en MotoGP.
Un promoteur ambitieux qui rénove
Feld, le promoteur depuis 2008, sait qu’un sport qui n’évolue pas est condamné à moyen terme. Habituée aux grands spectacles avec Disney, Holiday on Ice et les Monster Trucks, la société basée en Floride travaille à élargir l’audience. Avec près d’un million de spectateurs payants dans les stades en 2018, plus de 100 heures de direct sur la chaîne TV NBC, le SX commence à capter l’attention en dehors des fans historiques. Le partenariat avec la FIM, donnant le label championnat du monde à cette série exclusivement courue sur le territoire nordaméricain, a permis de professionnaliser le sport. L’an passé, de subtils changements de règles ont été introduits, pour évaluer la possibilité d’intensifier encore le show. En introduisant quelques courses mixant les côtes Ouest et Est en 250 ou encore des épreuves à trois finales, le promoteur innove par petites touches sans tout chambouler. De leur côté, les constructeurs ont bien compris que le futur passait par le Supercross. Contrairement au SBK US où seuls Yamaha et Suzuki s’impliquent, toutes les marques japonaises sont présentes en SX, ainsi que KTM et Husqvarna. Les primes sont conséquentes, et les douze mille dollars alloués par l’organisateur pour une victoire en SX s’ajoutent aux bonus alloués par les équipementiers, les boissons énergisantes
et les usines. En moyenne, chaque marque alloue un budget d’environ un million quatre cent mille dollars en prime à ses pilotes, sans parler des salaires... La Monster Cup, épreuve hors championnat qui permet au vainqueur des trois manches d’empocher une prime d’un million de dollars en l’espace d’une seule soirée, montre combien l’argent afflue dans le sport, faisant des meilleurs pilotes des multimillionnaires. Loin encore d’un Valentino Rossi ou d’un Marc Marquez, mais à hauteur, ou souvent même largement au-dessus, du reste du pack MotoGP.
Une saison 2019 ouverte
En 2018, Husqvarna avait remporté le premier titre 450 SX de son histoire. Jason Anderson roulera donc avec la HVA numéro 1, mais sans être le véritable favori. Face à lui, l’Américain Eli Tomac, recordman de victoires l’an passé sur sa Kawasaki, veut « son » titre. C’est aussi le cas du pilote français Marvin Musquin, second l’an passé avec KTM. À moins que le danger ne vienne de l’Allemand Ken Roczen, chouchou du public ayant surmonté de graves blessures aux bras. Star incontestée des réseaux sociaux, le pilote Honda est sûrement le mieux payé des pilotes de SX, et il n’est pas même pas Américain ! Bien entendu, ces 4 garçons ne sont pas seuls en lice pour le titre, et des pilotes comme Justin Barcia ou Blake Baggett (vainqueurs de la 1re et 2e épreuves) ne laisseront passer aucune occasion de monter sur le podium. n