Moto Revue

Supercross

- Par Olivier de Vaulx.

Petite explicatio­n de texte sur la discipline numéro 1 aux USA, où le Français Marvin Musquin, vicechampi­on 2018, espère enfin décrocher la timbale

Pendant que les stars du MotoGP sont encore en mode hivernage, les gladiateur­s du championna­t du monde Supercross ont démarré leur saison – longue de 17 courses – début janvier. De ce côté de l’Atlantique, quand on parle moto, le SX incarne le sport numéro 1. Un succès qui ne doit rien au hasard.

Lorsqu’en 1972, la première course de Supercross est organisée aux États-Unis au coeur du stade du Colisée de Los Angeles, le succès est immédiat. Et ininterrom­pu depuis ! Si le sport a évolué comme l’époque (progrès techniques sur les motos, arrivée de nouvelles méthodes d’entraîneme­nt, etc.), les règles et l’essentiel du spectacle font toujours appel aux mêmes ingrédient­s.

Une scène rodée

Une épreuve de Supercross se court sur un circuit en terre construit dans un stade de football américain (ce qui permet d’amener le sport motorisé en plein centre-ville), accueillan­t en moyenne cinquante mille spectateur­s. Un tour de force qui nécessite de gros moyens et des équipes spécialisé­es, capables en moins de 3 jours de protéger la pelouse du stade avec sept mille feuilles de plastique, de déplacer des milliers de tonnes de terre, sans oublier d’installer protection­s, podiums, systèmes de chronométr­age, feux d’artifice, banderoles publicitai­res... Les 20 personnes permanente­s constituan­t ce groupe de choc travaillen­t d’arrache-pied sur une saison longue de 17 épreuves, se déplaçant dans 13 États des USA. Les chauffeurs des 52 semi-remorques, incluant ceux des teams, parcourent plus d’un million cinq cent mille kilomètres chaque saison.

Stars affûtées

De leur côté, les pilotes voyagent en avion, mais ne chôment pas pour autant. Contrairem­ent à leurs homologues de vitesse (MotoGP ou Superbike), ces athlètes roulent à l’entraîneme­nt 4 jours par semaine, durant toute l’année, et enchaînent avec un second championna­t, cette fois en motocross (de 12 épreuves), qui débute une fois la saison SX terminée, à la fin du mois de mai. La plupart des pilotes deviennent profession­nels dès 16 ans en débutant par la catégorie 250. Afin d’offrir plus de guidons aux jeunes pilotes, cette catégorie est scindée en deux côtes : la plupart des teams alignent deux pilotes à l’Ouest et deux à l’Est. Les plus talentueux

passent ensuite en 450, espérant devenir les cadors de leur sport, les mieux payés aussi. Les places y sont logiquemen­t disputées : les teams officiels engagent 2 pilotes sous leur auvent – soit 12 pilotes usine auxquels s’ajoutent 6 à 8 autres bénéfician­t d’un support officiel. Plus qu’en Superbike Moto America (voir MR n° 4084), où les pilotes officiels ne sont que 4.

Un sport dangereux

Une courte ligne droite de départ qui se resserre au premier virage, passage obligé pour espérer remporter la victoire... À condition d’être capable de s’envoyer des sauts de 35 mètres de long, qui vous catapulten­t à 10 mètres au-dessus du sol,

d’enchaîner des sections rythmiques, de surfer des whoops (succession de bosses rapprochée­s), sans oublier de jouer des coudes pour affirmer sa place au milieu de la meute... Le tout sur des sprints qualificat­ifs de 6 tours et une finale de 20 minutes ! Si les risques de blessure sont très élevés, contrairem­ent à leurs homologues pistards, les pilotes de SX ne portent souvent que le strict minimum en termes de protection­s : pas d’airbag, et (pire) souvent rien sous le maillot ! Si les casques, bottes et genouillèr­es ont bien évolué, d’autres équipement­s comme les tours de cou ou les pare-pierres demeurent optionnels. Bien que rares, les blessures au cou et au dos restent une réalité, et nombre de pilotes talentueux vivent aujourd’hui avec de lourds handicaps. Cela n’a pas encore suffi à changer les comporteme­nts, et on souhaite une révolution sécuritair­e, à l’image de celle qui a eu lieu en MotoGP.

Un promoteur ambitieux qui rénove

Feld, le promoteur depuis 2008, sait qu’un sport qui n’évolue pas est condamné à moyen terme. Habituée aux grands spectacles avec Disney, Holiday on Ice et les Monster Trucks, la société basée en Floride travaille à élargir l’audience. Avec près d’un million de spectateur­s payants dans les stades en 2018, plus de 100 heures de direct sur la chaîne TV NBC, le SX commence à capter l’attention en dehors des fans historique­s. Le partenaria­t avec la FIM, donnant le label championna­t du monde à cette série exclusivem­ent courue sur le territoire nordaméric­ain, a permis de profession­naliser le sport. L’an passé, de subtils changement­s de règles ont été introduits, pour évaluer la possibilit­é d’intensifie­r encore le show. En introduisa­nt quelques courses mixant les côtes Ouest et Est en 250 ou encore des épreuves à trois finales, le promoteur innove par petites touches sans tout chambouler. De leur côté, les constructe­urs ont bien compris que le futur passait par le Supercross. Contrairem­ent au SBK US où seuls Yamaha et Suzuki s’impliquent, toutes les marques japonaises sont présentes en SX, ainsi que KTM et Husqvarna. Les primes sont conséquent­es, et les douze mille dollars alloués par l’organisate­ur pour une victoire en SX s’ajoutent aux bonus alloués par les équipement­iers, les boissons énergisant­es

et les usines. En moyenne, chaque marque alloue un budget d’environ un million quatre cent mille dollars en prime à ses pilotes, sans parler des salaires... La Monster Cup, épreuve hors championna­t qui permet au vainqueur des trois manches d’empocher une prime d’un million de dollars en l’espace d’une seule soirée, montre combien l’argent afflue dans le sport, faisant des meilleurs pilotes des multimilli­onnaires. Loin encore d’un Valentino Rossi ou d’un Marc Marquez, mais à hauteur, ou souvent même largement au-dessus, du reste du pack MotoGP.

Une saison 2019 ouverte

En 2018, Husqvarna avait remporté le premier titre 450 SX de son histoire. Jason Anderson roulera donc avec la HVA numéro 1, mais sans être le véritable favori. Face à lui, l’Américain Eli Tomac, recordman de victoires l’an passé sur sa Kawasaki, veut « son » titre. C’est aussi le cas du pilote français Marvin Musquin, second l’an passé avec KTM. À moins que le danger ne vienne de l’Allemand Ken Roczen, chouchou du public ayant surmonté de graves blessures aux bras. Star incontesté­e des réseaux sociaux, le pilote Honda est sûrement le mieux payé des pilotes de SX, et il n’est pas même pas Américain ! Bien entendu, ces 4 garçons ne sont pas seuls en lice pour le titre, et des pilotes comme Justin Barcia ou Blake Baggett (vainqueurs de la 1re et 2e épreuves) ne laisseront passer aucune occasion de monter sur le podium. n

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 ??  ?? 1 2 3 1 Eli Tomac, recordman de victoires en 2017 et en 2018 mais battu pour le titre, devra être plus régulier cette année. 2 Jeremy McGrath, ex-roi du SX (7 titres pour 72 victoires), aux couleurs de Monster comme les girls 3 du championna­t. 4 Justin Barcia s’est imposé à l’ouverture d’Anaheim sous une pluie battante. 5 Justin Brayton, pilier du SX US, aux essais à Anaheim.
1 2 3 1 Eli Tomac, recordman de victoires en 2017 et en 2018 mais battu pour le titre, devra être plus régulier cette année. 2 Jeremy McGrath, ex-roi du SX (7 titres pour 72 victoires), aux couleurs de Monster comme les girls 3 du championna­t. 4 Justin Barcia s’est imposé à l’ouverture d’Anaheim sous une pluie battante. 5 Justin Brayton, pilier du SX US, aux essais à Anaheim.
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