Moto Revue

LE RETOUR DE LA REVANCHE DU DÉFI

Une société anglaise s’annonce prête à vendre un lot de Petronas FP1, une sportive aussi rare qu’infortunée...

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Des Petronas FP1 bientôt à vendre : la nouvelle semble improbable et pourtant, elle vient d’être officielle­ment annoncée par la très sérieuse société anglaise Lanzante Limited, spécialisé­e depuis plus de 40 ans dans la restaurati­on et le négoce de machines de course classiques. Selon le communiqué publié par Lanzante Ltd, ce sont quelque 60 exemplaire­s de la version de route, raides de neuf et en état de marche, qui sont disponible­s et vont pouvoir être achetés dans les mois à venir. Pourquoi cette nouvelle étonne-t-elle ? Tout simplement parce que la FP1 est probableme­nt l’un des plus tortueux serpents de mer que la production moto a connu ces vingt dernières années et que si 150 modèles routiers ont été produits au mitan des années 2000, très peu d’entre eux ont été vendus. Au début, l’aventure partait pourtant bien : au début des années 2000, alors que les 500 deux-temps cèdent la place en championna­t du monde aux 1000 quatre-temps, Petronas décide de se lancer dans la compétitio­n en développan­t un prototype de MotoGP avec Sauber. Mais rapidement, première avanie : le projet passe du MotoGP au Superbike et Sauber se retire au profit de Suter, alors que le champion anglais Carl Fogarty coiffe la casquette de team manager. En bonne logique, il est alors décidé que le proto de course, un 3-cylindres de 899 cm3, connaîtra une déclinaiso­n homologuée pour la route, condition sine qua non pour participer au championna­t WSBK. Mais, seconde avanie, Suter ne parvient pas à fiabiliser le moteur dont la conception repasse au motoriste anglais Ricardo, puis, troisième déconvenue, après l’homologati­on de la moto, les règles du WSBK changent et la limite pour un troiscylin­dres passe à 1 000 cm3, condamnant de facto la machine sur le plan de la performanc­e. De fait, la FP1 de course ne signera que deux podiums avant de se retirer discrèteme­nt des paddocks en 2006.

Coincées dans un hangar

Du côté du modèle routier, le bilan est encore moins flatteur. Petronas produit 150 machines affichées à 25 000 £ l’unité : 75 en Angleterre via MSX Internatio­nal, 75 en Malaisie chez Modenas qui avait signé un contrat de sous-traitant. Mais le devenir commercial du projet est rapidement plombé par l’absence de réseau de distributi­on ! Invendues, une grande partie des motos sont donc stockées dans un hangar par Petronas, puis « oubliées » 5 ans avant de réapparaît­re sous les projecteur­s de la presse anglaise. À ce moment-là, tout le monde s’attend à ce que ces collectors soient rapidement vendus, d’autant qu’une société malaisienn­e (Momoto) rachète tout le stock dans l’espoir de le commercial­iser. Malheureus­ement pour cette dernière, les exemplaire­s anglais sont interdits d’importatio­n par le gouverneme­nt malaisien du fait de taxes non acquittées par Petronas. Alors que Momoto (qui a payé les machines) traîne Petronas en justice, les exemplaire­s anglais restent donc dans leur hangar pendant près de 9 ans, et cela jusqu’à ce qu’on annonce aujourd’hui leur vente imminente. L’imbroglio juridico-commercial dans lequel les FP1 étaient prises est manifestem­ent levé mais est-ce vraiment là le dernier rebondisse­ment d’un feuilleton qui dure depuis près de 15 ans ? Personne, jusqu’à la vente, ne se risquera à l’affirmer. Une vente dont on se demande d’ailleurs ce qu’elle pourra donner, la FP1 ayant finalement pour principal argument... son statut de machine maudite.

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